Depuis 15 ans, la métamorphose créée par l’évolution a changé le visage de la carrosserie aussi bien que le statut de ses professionnels.
Peu de secteurs de l’économie ont été aussi radicalement transformés en moins de deux décennies que celui d’une industrie dont les produits, les procédés et l’équipement en ont fait des micro-usines.
Ces moyens sont d’un tel niveau, qu’ils ont fait faire des bonds considérables, concrétisant le rêve le plus fou : l’atteinte par la haute technologie d’une perfection jadis inaccessible.
Un centre polycertifié
À Sherbrooke, le carrossier Jocelyn Dussault, copropriétaire depuis plus de 10 ans de l’atelier Avantage Carr-Estrie, est à ce titre au premier rang de l’avant-garde la plus active.
Débosseleur et redresseur de carrière, il a déjà les certifications Ford Chrysler Fiat Kia Honda et Nissan du programme Centre de Carrosserie Certifié, de même que celles de Volkswagen et Audi.
Formé par un père qui alliait le meilleur de la réparation artisanale de l’époque à ce que les fournisseurs d’équipement et de produits offraient de mieux, il a toujours tenu à demeurer également en position de tête.
Avant que ne fondent sur l’industrie les hautes exigences des constructeurs sous forme de certifications, il avait d’abord fait ni un ni deux pour convertir son atelier aux produits hydrodiluables.
Un gros chantier
Constatant avec enthousiasme que l’adoption de ce type de peinture depuis longtemps appliqué par les constructeurs était un pas de géant, il a clenché dès qu’il a pris connaissance de l’avènement de la certification.
« Par réflexe, je n’ai jamais pu faire autrement que de foncer au premier signe de la moindre nouveauté digne d’intérêt, mais à tête haute, dit-il, avec un vif sentiment de fierté.
« Comme on était en terrain inconnu et qu’on ne disposait à l’origine que de peu d’informations, sinon de renseignements imprécis, il m’a fallu 3 ans pour atteindre mon objectif premier : les certifications VW et AUDI.
« C’est tout un chantier que j’ai eu à gérer ; beaucoup plus gros qu’il me semblait, que ce soit en matière d’équipement, d’attestation de compétence, de formation de base ou de perfectionnement.
Un niveau quasi universitaire
« Le défi a été énorme. Par contre, la satisfaction de l’avoir atteint en y mettant tous ensemble, la persévérance, le temps et le prix — plus de 500 000 $ — est à sa hauteur, soutient le carrossier.
« On a donc largement la sensation d’être rendus plus loin que la limite normale, à l’exemple d’une ancienne publicité de Shell montrant que son essence amenait un véhicule plus loin que celle de ses concurrents.
« Chacun ayant obtenu ses galons I-CAR Platine, son DEP par la reconnaissance de ses acquis, ou encore des attestations propres à un constructeur, cette limite a largement été dépassée plus d’une fois.
« Le plus récent exemple est cette session de perfectionnement en aluminium que 2 de mes techniciens ont suivi durant 2 semaines au centre de formation d’Audi, à Washington, pour les A8 R8 et TT.
Des choix déterminants
« Je n’ai jamais lésiné sur les moyens nécessaires à réparer selon les plus hautes normes vu l’importance de remettre les véhicules véritablement à neuf mais, surtout, de les rendre aussi sécuritaires qu’à l’origine.
« Les véhicules sont d’ailleurs si rapides et puissants, qu’il serait criminel de les livrer sans se préoccuper de la qualité des soudures, de la rigueur du montage et de la fiabilité de leurs systèmes.
« Pour y arriver en toute quiétude, c’est une bénédiction de bénéficier des produits du génie européen, principalement allemand, dont la précision et la polyvalence en rendent l’usage universel.
« Encore a-t-il fallu que je me fie à ce connaisseur qu’est Marc Robert, d’Auto Traction, sans les conseils de qui il aurait été impossible de cibler exactement ce qu’il me fallait pour multiplier les certifications. »
Le maître du redressement
Il est très loin le jour où Jocelyn Dussault, aussi passionné et déterminé que son père, a pris sa relève. Une époque où, à la fin des années 90, le poids de la responsabilité était 5 fois moins grand que maintenant.
En contrepartie, les travaux se font maintenant avec une fluidité, une rigueur et une précision jadis impossibles à atteindre, puisqu’il y a 30 ans tout se faisait au moyen d’équipement élémentaire et de l’expérience.
À cette époque, son habileté était déjà si reconnue en matière de redressement, qu’elle l’avait amené à ouvrir à Saint-Élie-d’Orford son propre atelier spécialisé appelé Pro-Châssis Auto.
C’est par trois bancs non informatisés qu’il y redressait n’importe quel châssis avec son équipe de 3 à 4 techniciens ; quant aux commandes, elles provenaient aussi bien des carrossiers que des concessionnaires.
La fascinante technologie
Deux choses l’épatent particulièrement : souder de façon programmée des pièces structurelles sans que les éléments qui les encadrent soient installés… et le fait que les véhicules se passeront bientôt des humains.
Suivant la formule de CarrXpert, Avantage Carr-Estrie est la copropriété de Jocelyn Dussault et du concessionnaire de Volkswagen de l’Estrie, Janick Dallaire.