Pour le propriétaire Robin Morissette, l’avenir d’un atelier se trouve à l’école.

À sa première matinée de cours en mécanique automobile, Nicolas Jutzi a décidé qu’il serait le meilleur de sa cohorte. L’étudiant féru de nouvelles technologies devenait quelques mois plus tard le finissant « que tout le monde s’arrache », comme l’a rapidement compris son patron actuel.

L’apprenti devenait il y a un an et demi le nouveau spécialiste du diagnostic électronique dont avait besoin l’atelier Carrossier ProColor Saint-Hyacinthe Centre. Et ce, avec quelques jours d’expérience à peine, acquise en parallèle de ses cours.

Un nouveau poste

Il y avait un certain temps que M. Morissette flairait le besoin de se pourvoir de ce type d’experts nouveau genre. « Autour de 2016, j’ai compris ce qui s’en venait : des technologies qui évoluent sans cesse, des procédures de plus en plus complexes, les certifications, bref, la nécessité d’avoir toutes les ressources en atelier pour pouvoir faire le travail », résume-t-il.

« J’avais besoin d’un expert de nouvelle génération. Dans l’atelier, les bases d’un scanneur, tout le monde les connaissait. Mais pour faire les analyses poussées, régler tous les codes d’anomalies et remettre le véhicule dans son état d’origine, je devais envoyer plusieurs travaux en sous-traitance, poursuit-il. C’est pour cette raison que j’ai embauché Nicolas. »

M. Jutzi travaille actuellement à temps sur tout problème mécanique causé par les collisions ; 30 % de son temps est consacré à l’analyse des données des véhicules. « Les techniciens ici ont entre 10 et 20 ans d’expérience, mais personne n’avait vraiment de connaissances en analyse de données. On voit 7 ou 8 codes d’anomalie, on en règle un, tout s’efface et on pense que c’est réglé, souligne M. Morissette. Nicolas a les compétences nécessaires pour faire l’analyse en bonne et due forme et répondre aux exigences actuelles de l’industrie. »

Des résultats concrets

L’apprenti n’aura pas attendu longtemps pour faire ses preuves, comme l’illustre un cas survenu six mois seulement après son arrivée. « La sonde extérieure d’une Lincoln MKC affichait une température absurde, explique-t-il. J’ai alors trouvé la cause : il fallait remplacer l’ECM, mais cette pièce coûte très cher et si jamais je m’étais trompé, elle est non remboursable. Avant de payer, l’assureur tenait à avoir le deuxième avis d’un spécialiste chez le concessionnaire. J’étais très fier d’apprendre que nous sommes arrivés aux mêmes résultats ! »

Mais comme l’indiquent M. Jutzi et M. Morissette, la présence d’un spécialiste en analyse électronique n’élimine pas toujours le recours à la sous-traitance. « On peut difficilement être aussi connaissant qu’un expert habitué à travailler sur les mêmes modèles, et qui en connait donc tous les problèmes récurrents », indique M. Morissette.

La conscience des limites

M. Jutzi garde un cas précis en tête. « La procédure était très claire : je devais isoler chaque ordinateur affecté du véhicule pour déterminer où se trouvait le problème. L’opération aurait pris six heures, explique-t-il. Mon enseignant nous avait d’ailleurs prévenu : les problèmes reliés aux communication du véhicule sont longs à trouver, impliquent souvent une part d’improvisation, malgré les procédures établies. »

Contraintes de temps obligent, le propriétaire confie le véhicule à la concession de la région. « En atelier, on voit une grande variété de marques passer sous nos yeux. C’est tout à fait normal et prévu que nous ayons besoin à l’occasion des lumières de spécialistes. Dans ce cas-ci, l’expert en concession avait vu ce même problème plusieurs fois sur ce modèle précis. Il n’avait pas à en chercher la cause ; c’était réglé en moins de deux heures. »

De grandes responsabilités

À l’heure actuelle, quatre à cinq véhicules par jours sont confiés au technicien, et chacun passe en moyenne quatre fois au scanneur, soit à l’estimation, durant les travaux, avant le montage final et à la réinitialisation. « C’est tout un avantage de pouvoir faire toutes ces étapes systématiquement en atelier, se réjouit M. Morissette. Nicolas acquiert rapidement de l’expérience et fait une grande différence dans l’équipe. »

Bien conscient de son rôle, le jeune technicien en est actuellement à gérer à la fois ses tâches, son flux d’apprentissage — qu’il cultive en suivant le plus de formations possibles —, et le stress qui vient évidement avec les attentes de son employeur.

« Oui, je m’impose une certaine pression, admet-il. C’est moi le spécialiste, il n’y a pas de technicien expérimenté en analyse électronique avec moi pour me guider. C’est sûrement la meilleure manière d’acquérir de l’expérience. »

Un employeur compétitif

La grande confiance qu’on lui accorde n’est évidemment pas étrangère à l’intérêt que porte le jeune technicien à son employeur. « L’atelier est impeccable, toujours propre et rangé, et parfaitement équipé ; ce sont des conditions que l’on recherche en sortant de l’école, indique M. Jutzi. Mais surtout, on m’accorde une énorme confiance et l’occasion d’évoluer rapidement, dans mon champ d’expertise. »

Bien sûr, on ne demande pas à un finissant inexpérimenté d’être rentable dès le premier jour et aujourd’hui, Robin Morissette se réjouit de son investissement. « C’était le candidat idéal, insiste-t-il. Peu de techniciens d’expérience sont aussi à l’aise avec les nouvelles technologies et sont capables de lire un plan électrique comme les jeunes l’apprennent actuellement à l’école. »

« Nicolas a les connaissances et le talent nécessaires pour trouver des solutions aux nouveaux problèmes que nous ne serions pas en mesure de régler par nous même, résume-t-il. Les ateliers du marché secondaire ne pourront bientôt plus se passer de ce genre expertise. »