Le programme de gestion des pneus hors d’usage, géré par Recyc-Québec, est un remarquable succès alors que 95 % des pneus récupérés obtiennent une seconde vie, sous des formes parfois surprenantes.

C’est ce que les participants au Rendez-vous de l’industrie du pneu hors d’usage, organisé par Recyc-Québec 5 mai à Drummondville, ont pu apprendre. Lancé en 1990 et financé à même les trois dollars chargés à l’achat de chaque pneu neuf vendu au Québec, ce programme a permis de récupérer 8.1 millions de pneus de voitures et de camions, pour 101 000 tonnes de matière en 2021, un record absolu. Dans cette récolte effectuée auprès des centres de pneus et ateliers de mécanique, 95 % des pneus sont traités et transformés. À peine 5 %, des pneus trop vieux ou endommagés pour être transformés, sont brûlés en cimenteries ou papetières pour en valoriser l’énergie.

Les résultats de ce programme de recyclage des pneus québécois sont d’autant plus impressionnants quand on constate que chez nos voisins américains moins de la moitié des pneus en fin de vie sont recyclés, la majorité étant simplement brûlée.

Face à ce nombre croissant de pneus mis hors service, tout un pan industriel a pris son essor pour valoriser les matières qui les composent. On parle ici de caoutchouc, de fibres et d’acier ainsi que de divers additifs.

Une seconde vie

Une entreprise comme Techno Pneu de Rimouski remet en marché des dizaines de milliers de pneus annuellement remoulés à partir de pneus hors d’usage. L’usine retire le caoutchouc des flancs et de la bande de roulement des pneus de grandes marques avant de mouler un nouvel enrobage. Avec une qualité contrôlée à chaque étape, ces pneus de marque Écolo sont se glissent entre les produits de tiers 2 et 3. Leur fabrication demande 60 % moins de produits pétroliers.

L’entreprise Animat de Sherbrooke, partenaire de ce programme de longue date, fabrique des tapis pour les élevages à partir des vieux pneus. Ces tapis qui contribuent au bien-être animal sont commercialisés partout en Amérique, ainsi qu’en Europe et en Asie. On trouve un autre succès de réutilisation de cette matière première chez Dynamat de Laval qui fabrique des tapis de dynamitage en tissant ensemble des bandes de pneus hors d’usage. L’entreprise, a expliqué son président Nicolas Pedneault lors du Rendez-vous, est en croissance et développe de nouveaux produits, notamment des parechocs pour les quais, et de nouveaux marchés.

Valoriser le caoutchouc

Le professeur Denis Rodrigue, du département de génie chimique de l’Université Laval, a présenté les résultats de deux projets de collaboration industrielle permettant la réutilisation de la poudrette de caoutchouc, ces particules récupérées lors du broyage des pneus. Comme il le mentionne, un pneu en fin de vie n’aura perdu que 4 % du volume du caoutchouc par usure. Considérant que cette matière représente environ 75 % de la composition du pneu, la partie de caoutchouc à valoriser reste significative.

En collaboration avec des partenaires privés, l’Université a conçu un mélange de plastique et de caoutchouc recyclés permettant la fabrication de bandes modulaires qu’on peut utiliser dans les parcs et terrains de jeux.

L’autre projet, développé en collaboration avec le fabricant de solutions d’emballage, notamment des bacs à déchets, IPL de Saint-Damien le centre de recherche a mis au point des roues composées de plastique recyclé et de caoutchouc de pneus qui sont mis à l’essai par le manufacturier en ce moment.

Il ne s’agit que d’une partie de nombreuses entreprises innovantes qui ont vu le jour au Québec ou qui ont introduit des composantes recyclées dans leurs processus de fabrication en lien avec les pneus hors d’usage.