La recharge de la batterie du véhicule électrique n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire.
Nous faisons le plein d’un véhicule à moteur à combustion interne en remplissant le réservoir d’essence. Comme la batterie d’un VÉ remplace le réservoir d’essence, nous devrions considérer la recharge comme un « ravitaillement » de VÉ.
Vous pouvez faire le plein de votre véhicule électrique à la maison. Toutefois, l’installation d’un chargeur domestique peut s’avérer difficile dans les vieux quartiers où les maisons sont équipées de panneaux de 100 ampères et où la rue a été câblée à l’origine pour des maisons de 100 ampères. Un chargeur de niveau 2 qui permet de recharger correctement une batterie très faible pendant la nuit nécessite un disjoncteur d’au moins 30 ampères pour fournir un taux de charge viable.
Défis supplémentaires
L’ajout d’un chargeur à un panneau de 100 ampères pose des problèmes pour les autres appareils ou équipements utilisant un fort ampérage, comme les sécheuses, les climatiseurs, etc. Il peut aussi y avoir des problèmes avec le transformateur qui dessert votre rue. Quelques VÉ qui se rechargent en même temps peuvent faire sauter un transformateur qui n’a été dimensionné que pour des maisons de 100 ampères.
De nombreux foyers à Montréal et dans d’autres municipalités doivent se stationner dans la rue. Comment ferez-vous le plein de votre VÉ à la maison s’il est garé dans la rue ?
Vous pouvez faire le plein de votre VÉ à une station de recharge publique. Des défis ? Trouvez une borne de recharge qui soit pratique, espérez qu’un chargeur soit disponible et branchez-le pendant 10 minutes ou plus pour obtenir une augmentation significative de l’autonomie. Ce scénario suppose que le chargeur fonctionne. Une récente enquête de JD Power a montré que la principale raison pour laquelle les gens n’ont pas pu recharger leur VÉ à une station de recharge publique était un équipement défectueux (72 %).
Vous pouvez également faire le plein de votre VÉ au travail, si votre employeur a installé des chargeurs, mais vous pourriez aussi rencontrer certains des problèmes que posent les stations de recharge publiques. En outre, que ferez-vous si votre travail vous oblige à rester sur la route toute la journée ?
Moins de temps, plus de portée
Avec un véhicule à moteur à combustion interne, vous pouvez vous rendre dans une station-service et faire le plein rapidement. J’ai récemment fait le plein d’un VUS allemand de taille moyenne avec un peu moins d’un quart de réservoir. Du moment où j’ai éteint le moteur jusqu’à ce que je reparte de la station, avec un paiement par carte de crédit à la pompe, il n’a fallu que quatre minutes pour verser 55 litres d’essence dans le réservoir. Cela m’a permis d’augmenter l’autonomie de plus de 500 km, pour une autonomie totale de 660 km avec le plein. Comparez cela aux chargeurs rapides de niveau 3 qui donnent 100 km d’autonomie en 10 minutes.
Avez-vous déjà oublié de brancher votre téléphone portable pour le recharger pendant la nuit ? Oublierez-vous de brancher votre véhicule électrique un soir ?
Et si vous tombez en panne de carburant (ou plutôt, de courant) ? Ça ne devrait pas arriver, mais ça arrive. Vous ne pouvez pas appeler la CAA pour faire livrer de l’électricité d’urgence ou en obtenir de la patrouille routière ou de la dépanneuse. Vous devrez être remorqué jusqu’à une station de recharge.
De grands changements
Pensez aux changements que vous devrez apporter à votre routine quotidienne pour accueillir un VÉ, ainsi qu’aux risques. Ensuite, réfléchissez à la manière dont ces changements et ces risques affecteront votre vie quotidienne. Beaucoup y ont déjà pensé. Ainsi, malgré tous les discours en faveur des VÉ, beaucoup de Canadiens n’envisagent pas un VÉ comme prochain véhicule.
Même Elon Musk connaît les défis de la transition vers les VÉ pour nos besoins de mobilité. Lors d’une récente conférence en Norvège, il a déclaré : « Je pense que, de manière réaliste, nous devons utiliser le pétrole et le gaz à court terme, car sinon la civilisation s’effondrerait » et « L’un des plus grands défis auxquels le monde ait jamais été confronté est la transition vers une énergie durable et une économie durable… qui prendra quelques décennies à se réaliser. » Notez qu’il a dit « décennies », ce qui est une période qui va bien au-delà de 2035.
Si les VÉ ont leur place dans notre paysage automobile, ils ne doivent pas être le seul choix possible. Je crains que nous ne soyons précipités dans une transition pleine de risques qui ne sont pas suffisamment éclairés ou pris en compte.