Nous avons décidé de visiter deux ateliers de carrosserie d’avant-garde pour voir quelles solutions technologiques ils implantent et quels en sont les résultats.
Quand nous parlons technologies en carrosserie, une gamme d’équipements de pointe nous vient à l’esprit. Cette fois, nous avons opté pour une approche de proximité, allant à la rencontre de gestionnaires d’ateliers qui n’ont pas froid aux yeux quant à l’adoption de nouveaux systèmes et équipements.
Francesco Buscema, copropriétaire avec Jérémie Martel, fils du fondateur et Guillaume Joannette du CARSTAR Anjou, nous ouvre ses portes. Cet atelier, de troisième génération compte une vingtaine d’employés et gère ses opérations avec la plateforme Car Collision.
Relativement récente, cette plateforme est un outil numérique polyvalent qui permet, en un coup d’œil, de voir le déroulement de toutes les opérations de l’atelier.
« Avec cette plateforme interactive, nous pouvons tout voir, de la prise de rendez-vous jusqu’à la productivité des techniciens en passant par les ventes par catégories ou par réclamation », explique M. Buscema. Cela permet au gestionnaire de prendre des décisions basées sur des chiffres en temps réel. « Cet outil nous permet aussi de mesurer nos volumes par assureur », précise le copropriétaire.
Comprendre l’électronique et le numérique
Cet atelier efficace fait l’analyse des données numériques (scan) sur tous les véhicules dès leur entrée à l’atelier. Ainsi, lors de l’estimation, on aura un portrait clair des travaux à réaliser et des dommages antérieurs. Cette opération permet aussi de voir les équipements de sécurité qui demanderont une calibration et produit la documentation et les processus qui seront présentés à l’assureur pour les justifier. La même opération est réalisée à la fin des réparations, pour s’assurer que tous les codes d’anomalie liés à la collision ont été traités.
Depuis près de deux ans, CARSTAR Anjou s’est doté des équipements et accessoires pour réaliser toutes ces calibrations. « Nous donnons encore la vitre d’auto en sous-traitance, explique M. Buscema, mais pour les calibrations, nous sommes autonomes. À de rares occasions, si le processus de calibration demande plus d’espace que nous en avons, nous les confions aux concessionnaires, mais on parle de cas d’exception. Le grand avantage est que nous sauvons du temps et sommes en contrôle de tout le processus de réparation. »
Le copropriétaire considère que le processus de calibration est simple, les techniciens sont formés et le travail s’effectue étape par étape, tablette numérique à la main. Toutefois, il trouve que l’installation des accessoires prend du temps et garde un œil ouvert sur de possibles solutions plus rapides. Il veut aussi combiner cette solution avec les installations nécessaires pour l’alignement, opération qu’il confie à un atelier de mécanique voisin.
Réparer au lieu de remplacer
Cet atelier s’est aussi doté d’un poste de réparation des pièces de plastique. Un investissement raisonnable qui a un impact positif sur le nombre de pièces réparées et non remplacées, même si les contraintes de réparation de ces pièces par les constructeurs deviennent de plus en plus serrées.
Dans un même ordre d’idée, l’atelier possède les équipements pour réparer les pièces d’aluminium.
Guillaume Joannette nous accompagne dans la section peinture. Il nous explique que les peintres, hautement formés, emploient les techniques les plus avancées. Par exemple, le séchage par UV est utilisé là où le processus le permet pour accélérer les opérations.
Pour établir la couleur, le spectrophotomètre est aussi utilisé en support aux cartons de validation et à l’œil des peintres d’expérience. « Nous utilisons cette technologie pour nous donner une base que nous allons ensuite raffiner avec des échantillons fournis par la compagnie de peinture et nos propres essais, explique M. Joannette. Nous conservons d’ailleurs ces cartons en archives lorsque nous avons une correspondance parfaite. »
Vers l’électrique
Lors de notre passage à Anjou, l’atelier était à installer une table élévatrice dont les capacités répondent aux exigences du constructeur Tesla. « Cet investissement et notre certification Tesla permettent à notre équipe de se mettre à niveau pour réparer les véhicules électriques. Les équipements demandés par Tesla, pourront être rentabilisés par leur utilisation sur d’autres véhicules électriques, incluant les lourdes camionnettes », résume Francesco Buscema.
Karim Zaidane est propriétaire de deux ateliers à LaSalle sous les bannières Carrossier ProColor et Fix Auto. Depuis sa prise de possession, il y a trois ans, il a complètement transformé ces deux carrosseries pour les élever à un niveau technologique remarquable.
Il nous reçoit à son atelier ProColor pour une visite éclairante à ce sujet. Cet atelier à grand volume, on parle ici de 45 livraisons par semaine en moyenne, gère ses opérations à partir d’une plateforme partagée, à l’instar de ses collègues d’Anjou. « Tous nos techniciens travaillent avec une tablette numérique et toute l’équipe peut annoter les dossiers en cours. Ceci nous permet d’avoir les informations en temps réel, un grand avantage pour la gestion de nos opérations, mais aussi pour le partage de l’information avec les assureurs et les clients. Quand on a de forts volumes, il faut être en mesure de suivre l’avancement des travaux sur chaque véhicule », détaille M. Zaidane.
L’autonomie des opérations
Ici aussi, tous les véhicules subissent une analyse des données numériques à leur arrivée et les calibrations nécessaires sont réalisées sur place. « C’est un investissement justifié et son implantation a été simple. J’ai un mécanicien expérimenté sur le plancher qui était déjà familier avec le diagnostic électronique. »
Le fait d’avoir une équipe de mécaniciens simplifie aussi le processus de réparation. Les alignements se font sur place et l’atelier répare et remplace les vitres d’auto depuis toujours. Autant de capacités qui réduisent les temps d’attente.
L’atelier compte deux chambres à peinture en tandem. Avec la technologie DownDraft, deux voitures de couleurs différentes peuvent être peintes simultanément. La technologie UV s’avère aussi utile, surtout pour les petits travaux.
Développer le savoir
L’atelier compte plusieurs certifications de constructeurs, dont Tesla. Les équipements spécifiques servent aussi quotidiennement à la réparation d’autres véhicules. « Quand un nouvel équipement arrive, nos employés doivent être formés pour s’en servir et il doit être utilisé. »
D’ailleurs, M. Zaidane ne lésine pas sur la formation. « Cette combinaison d’équipements performants et d’expertise technique nous a permis de construire notre réputation et de conserver nos employés. La même approche prévaut pour les véhicules électriques. La sécurité est importante et repose sur la formation. »
Selon ce propriétaire d’ateliers, l’avenir est prometteur. Les consommateurs comprennent de plus en plus la complexité des réparations.