La ville de Québec se démarque par une gestion avant-gardiste de son parc de véhicules et une constante évolution vers les meilleures pratiques : intégration de nouveaux indicateurs de performance, efforts de standardisation, réorganisation du service d’entretien pour pallier la pénurie de mécaniciens, offre de dizaines de milliers d’heures de formation et efforts d’électrification.
Raoul Pascal, directeur au Service de la gestion des équipements motorisé à la ville de Québec, gère un département « très versatile et très hétérogène » qui comprend 3254 équipements.
« On s’occupe également de l’équipement et des appareils qui peuvent être attachés aux véhicules tels que des remorques, des compresseurs et des génératrices mobiles. »
Indicateurs de performance
Un nouveau tableau de bord permet aux gestionnaires d’avoir une image complète de la façon dont les véhicules sont utilisés et les tendances qui en découlent. Les trois indicateurs clés sont :
- le nombre de véhicules en fonction ;
- le coût des travaux d’entretien réalisé à l’externe ;
- la consommation d’essence et de diesel.
« Grâce à ces indicateurs, on est capable de voir comment se comporte le parc au quotidien : les véhicules qui sont mis en service, la répartition des véhicules, le statut des équipements, le nombre de travaux externes réalisés au cours du dernier mois, ainsi qu’un comparatif mensuel des trois dernières années pour voir les tendances », explique M. Pascal.
Étant donné que l’entretien des véhicules se fait à l’interne, un autre indicateur sera ajouté au tableau de bord sous peu : le temps entre chaque réparation.
« On est en train de mettre en place des indicateurs pour connaître la durée moyenne entre les pannes. Cela nous permettra de mesurer le niveau de fiabilité des équipements et éventuellement de passer de l’entretien préventif à l’entretien prédictif. »
Efforts de standardisation
Pour M. Pascal, la standardisation des pratiques des différentes municipalités du Québec est un enjeu stratégique. À cet effet, il a pris l’initiative de partager ces pratiques avec quelques municipalités et l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
« Au niveau municipal, en matière de gestion de parc de véhicules, rien n’existe pour qu’on puisse standardiser nos façons de faire. Pourtant, que ce soit à Montréal ou à Gatineau, nos activités sont similaires. Notre vision et notre ambition c’est de standardiser les opérations des parcs de véhicules des municipalités nonobstant les particularités régionales. »
La standardisation c’est aussi une façon de gérer plus efficacement les deniers publics.
« La standardisation engendre nécessairement un gain de temps qui peut aller jusqu’à 15 % et plus, mensuellement. Si on optimise et on standardise nos opérations, on sera en mesure de faire plus ou mieux en moins de temps. »
L’effort de standardisation de Québec s’étend aussi aux pièces et aux inventaires.
« Des pièces standards entraînent moins de variétés et cela permet de faire des économies ; plus j’ai de variétés plus j’ai d’inventaire donc plus j’ai de l’argent qui dort. Aussi, plus nos opérations sont standardisées, plus on économise du temps sur les réparations. Il reste encore du travail à faire, mais c’est dans cette orientation là qu’on s’en va. »
Faire face à la pénurie de mécaniciens
La plupart des travaux d’entretien et de réparation des véhicules se font à l’interne grâce à quelque 80 mécaniciens dont le travail est essentiel à la réalisation de la mission d’un parc de véhicules.
Face à la pénurie de cette main-d’œuvre spécialisée, des décisions difficiles ont été prises en vue d’optimiser les opérations.
« L’année passée, j’ai dû fermer deux ateliers de réparation pour rapatrier des mécaniciens à d’autres endroits. La pénurie de main-d’œuvre nous force à fonctionner dans une logique d’optimisation de nos opérations ; ainsi nous sommes passé de 8 à 6 ateliers, revu notre mode de fonctionnement et ce n’est pas terminé. »
Des milliers d’heures de formation pour les utilisateurs
Fièrement, M. Pascal souligne que plus de 10 500 heures de formation ont été données aux utilisateurs des véhicules du parc de Québec. Ainsi, en 2023, un total de 1543 personnes se sont qualifiées grâce à une foule de formations sur différents véhicules et équipements.
« Pour nous, c’est un investissement important ; la formation a un impact positif sur la qualité des services rendus à la population et nous permet de bien répondre aux besoins de nos partenaires internes. »
Électrification : transition prudente
D’ici la fin de l’année, le parc de la ville de Québec devrait être électrifié à hauteur de 6,5 %. Devant la difficulté de se procurer des véhicules électriques, le directeur et son équipe se concentrent sur la sensibilisation des utilisateurs à ces nouveaux enjeux.
« Pour l’instant, nos efforts visent la sensibilisation des partenaires, car les opérateurs sur la route ont des craintes quant à l’utilisation des VÉ. Notre objectif est d’évoluer vers une intégration la plus harmonieuse possible, alors oui, c’est un défi ! »