L’idée que les véhicules électriques ne nécessitent pour ainsi dire aucun entretien est un des plus récents mythes qui circulent dans l’industrie automobile.
« Évidemment il n’y a pas de freins, de suspension ou de pièces de direction ni même de pneus sur les véhicules électriques », lance en riant Wilson Almeida, directeur de la formation pour l’Académie Vast-Auto. « Les véhicules électriques ont prouvé leur fiabilité, mais ceci étant dit, ils comptent des pièces mécaniques, leur lot d’accessoires et des systèmes complexes qui demandent de l’amour. Par exemple, le système de climatisation qui sert au confort des passagers est aussi essentiel pour le maintien de la performance de la batterie, et il demande un suivi attentif et rigoureux. »
Comme le mentionne cet expert, il faut que le consommateur efface de son esprit l’idée qu’il n’aura pas d’entretien à faire sur son véhicule de nouvelle génération. Il ajoute que le guide d’entretien et les plateformes d’entretien et de réparation, que ce soit Mitchell ou encore ALLDATA indiqueront au conseiller technique les travaux préventifs à effectuer. « Il y a des entretiens à faire sur les VÉ, mais des entretiens différents de ce que le garagiste est habitué à rencontrer sur les véhicules à essence. J’insiste sur le fait que ça prend de la formation pour comprendre les besoins particuliers de VÉ, savoir les diagnostiquer et les combler. »
Des entretiens différents et complexes
L’expert ajoute que chaque famille de VÉ a ses particularités imposant des séquences d’entretien différentes. « Et une partie des entretiens préventifs repose sur les conditions de route ou les habitudes de conduite. Nos routes mettent à mal les pièces de suspensions et de direction de ces véhicules particulièrement lourds et les freins d’un conducteur qui utilise systématiquement le freinage par régénération électrique vont demander de l’entretien si on ne veut pas que la rouille les fige en place. »
Chez Bumper to Bumper, le spécialiste en formation Billy Thomas, indique pour sa part que les électro-mobilistes sont particulièrement sensibles aux questions d’autonomie. « Tout ce qui touche au freinage régénératif ou à la condition optimale de la batterie est de première importance pour eux, mentionne M. Thomas. On peut aussi parler de l’importance de la lubrification des pièces, car ça aussi, ça affecte l’autonomie. Dans un même ordre d’idée, la vérification de la pression des pneus est incontournable. Tout le système d’échange de chaleur est au cœur du fonctionnement des véhicules électriques et les techniciens doivent être formés pour le diagnostiquer et y travailler de façon efficace et sécuritaire. »
Savoir diagnostiquer et réparer
Il insiste aussi sur l’importance de la formation, surtout si l’atelier vise à travailler un jour sur les batteries à haute tension. « Sur ces voitures, il y a tellement de choses à diagnostiquer, de l’efficacité de la recharge jusqu’à des cellules défectueuses dans la batterie en plus de tout le reste ! »
Thomas rappelle lui aussi qu’elle soit électrique ou pas, la voiture a besoin de bons essuie-glaces et de phares opérationnels. Des éléments souvent négligés durant les inspections. « Sans parler des pneus, ajoute-t-il. Il faut des pneus spécifiques pour répondre à la charge supplémentaire et à la forte traction de ces voitures. Le guide d’entretien indique aussi les permutations recommandées pour s’assurer d’une usure égale. »
Souvent, précise le formateur, la voiture électrique demandera de l’entretien plus que le remplacement de pièces. Mais ces entretiens, ce sont autant d’heures à facturer, souvent à un taux horaire équivalent à celui demandé pour le diagnostic électronique.
« Le monde des transports électriques rend obligatoire la formation, insiste-t-il. Les ateliers du marché secondaire qui n’y investissent pas vont voir graduellement leur marché se réduire. »
Sur ces voitures plusieurs systèmes travaillent en collaboration. Yves Racette, directeur du développement pour le programme NexDrive de NAPA, l’illustre en mentionnant qu’une recharge incomplète ou lente peut être occasionnée par un liquide de refroidissement qui a perdu de son efficacité et qui n’arrive plus à protéger la batterie adéquatement.
Des pièces mises à mal
« Nous voyons arriver dans nos ateliers des véhicules dont plusieurs pièces ont été conçues pour être plus légères et, par le fait même, moins résistantes, reprend-il. Les cas fréquents sur les VÉ vieillissants, est l’usure des pièces de direction et de suspension exposées à nos conditions de route et de climat et confrontées à un poids considérable. Il ne faut surtout pas oublier les liquides de refroidissement qui sont un peu le sang des véhicules électriques. Leur remplacement dans les règles de l’art aux intervalles prescrits avec les produits spécifiques représente un montant important. »
Pour M. Racette et ses collègues, il ne fait aucun doute qu’il y aura accélération de la demande pour des services d’entretien auprès des ateliers indépendants de la part des électro-mobilistes et que ces services seront rentables pour les ateliers. « Évidemment qu’il y a du nouveau et il faut se former pour être en mesure de travailler sur ces véhicules, explique le directeur. Les ateliers doivent se mettre à jour comme ils l’ont fait historiquement dès que les constructeurs automobiles introduisent de nouvelles technologies, qu’il s’agisse d’injection électronique ou de freins ABS par exemple. Le marché s’en va vers ça et il aura un apprentissage graduel nécessaire. »