La perception de ma profession qu’ont encore les gens me renverse toujours : « Si tu n’aimes pas les études, tu peux toujours être mécanicien. »
Cette phrase, je l’ai entendue d’un orienteur lors de mes études, mais aussi au MEQ où je travaillais, dans l’industrie, et même au resto la semaine dernière lors d’une discussion entre père et fils.
On cultive la médiocrité par la perception populaire et on éloigne l’élite en reflétant une image stéréotypée et négative de la profession dont peu veulent être accablés.
Une image réductrice
C’est fou comme les gens s’accrochent à des images désuètes, alors que le commun des mortels est incapable d’accomplir avec brio nos tâches les plus simples ; voici un exemple de perceptions aberrantes.
• C’est un électricien qui remplace une prise, mais un mécanicien qui installe le câblage électrique d’une camionnette devant tirer une roulotte.
• C’est un plombier qui installe une douche, mais un mécanicien qui remplace les canalisations des systèmes ABS.
• C’est un informaticien qui diagnostique les ordinateurs, mais un mécanicien qui détecte un problème intermittent de démarrage.
• C’est un frigoriste qui remet en état la thermopompe, mais un mécanicien qui répare les climatiseurs multizones.
Quitter pour faire carrière
Si votre enfant a vraiment ce qu’il faut pour être un professionnel de l’auto, vous devriez vous en réjouir, mais s’il est dirigé vers ce métier « parce qu’il n’aime pas les études » il sera à plaindre, puisqu’il ne cessera d’étudier.
Ce qui doit faire carburer le sang nouveau est le défi de prévenir bris et pannes, et de trouver la solution aux problèmes de tous ordres liés ou non à un comportement ou à une situation particulière.
À l’origine du désir d’avoir soin des autres à travers leur moyen de locomotion, il y a surtout la passion pour une profession dans laquelle on ne se lasse de découvrir, et qui peut mener on ne sait où.
De Mécanique à Santé
Ce printemps, j’ai croisé Daniel, un de mes anciens étudiants. Décrocheur en 4e secondaire, sa passion pour la recherche de solutions l’avait d’abord mené en conciergerie, informatique et robotique.
Tôt dans la vingtaine, passionné pour la sécurité de ses clients, il se retrouve mécanicien puis gérant chez un garagiste de sa région, et ouvre son propre atelier avant de se retrouver chez des concessionnaires.
Toujours insatisfait, il devient infirmier, ce qui lui permet d’être soignant en médecine de même qu’en psychiatrie… une sorte de mécano du corps et de l’esprit, quoi !
Avez-vous un Daniel ?
Tout récemment, je recevais des photos de lui et de son équipe en train d’installer une gigantesque grue à Dubaï. J’en conclus qu’il n’était pas destiné à être mécanicien.
Il faut admettre que le métier, en raison des aptitudes qu’il nous force à développer, est devenu pour beaucoup un tremplin pouvant mener aux endroits les plus inimaginables.
Si vous connaissez un Daniel, j’apprécierais que vous me fassiez part de son histoire.