Au moment où j’écris ces lignes, l’Automotive Recyclers of Canada (ARC) met la dernière main à une feuille de route qui examine l’électrification de l’automobile et ses implications pour le secteur du recyclage automobile et l’économie circulaire.
Lorsque nous examinons les annonces faites par le gouvernement du Canada concernant les objectifs de ventes de véhicules électriques neufs – 10 % d’ici 2025, 40 % d’ici 2030 et 100 % d’ici 2040 – il est compréhensible que l’on s’inquiète beaucoup de l’impact que cela aura sur les industries de la réparation et du recyclage. Il faut toutefois garder à l’esprit que, même si l’on adhère à ces objectifs et que l’on pense qu’ils sont réalisables, ces chiffres représentent 3, 11 et 60 % de l’ensemble du parc de véhicules routiers à ces échéances respectives. Ainsi, si l’on considère que 50 % du parc de véhicules routiers pourrait être électrifié d’ici 2038, cela représente encore une piste assez longue. Bien sûr, d’autres considérations entrent en ligne de compte, comme la capacité de développer des infrastructures de recharge et des réseaux électriques capables de prendre en charge tous ces véhicules électriques.
Être préparé
De plus, alors que l’Union européenne a actuellement une approche stricte de l’adoption des VÉ – à savoir que les équipementiers ne pourront plus vendre de véhicules à moteur à combustion interne après une certaine date – au Canada, il s’agit plutôt d’une orientation visant à encourager cette adoption, ce qui atténue quelque peu le choc lorsqu’il s’agit de déterminer si et quand l’économie circulaire sera prête à traiter ces véhicules à grande échelle. Dans le secteur de l’après-vente, cela revêt une importance particulière, car nous sommes souvent parmi les derniers secteurs de l’industrie automobile à qui l’on demande des avis sur les perturbations ou les changements majeurs qui devraient avoir lieu.
En tant que recycleurs d’automobiles, nous devons comprendre que, qu’on le veuille ou non, le rouleau compresseur des véhicules électriques est en marche. Cela va perturber notre activité et nous devons être capables de pivoter et de nous adapter. En tant qu’association, notre rôle est de conseiller tout le monde, de nos membres à d’autres parties prenantes clés et même au gouvernement, afin d’identifier où nous en sommes en tant qu’industrie, où nous devons arriver, et les lacunes qui doivent être comblées pour que nous puissions renforcer nos capacités. La vente de pièces est probablement l’une des plus grandes préoccupations des recycleurs concernant la croissance des VÉ. Pour de nombreux opérateurs, les moteurs et les transmissions sont les articles les plus vendus et les plus coûteux sur les véhicules traditionnels et représentent une bonne partie de leurs revenus.
Ventes de pièces et sécurité
Avec les VÉ, il existe une réelle inquiétude quant à la rentabilité des ventes de pièces détachées en raison de l’absence ou de la longévité de ces articles, ainsi que des risques de sécurité liés au démontage des véhicules électriques. Des questions se posent quant aux pratiques en matière de santé et de sécurité pour retirer correctement les piles, mais une question peut-être encore plus importante est de savoir comment ces piles seront réutilisées et recyclées. L’ensemble de la réutilisation et du stockage secondaire constitue un secteur d’activité entièrement nouveau, qui nécessitera de nouveaux processus et de nouvelles méthodes de collaboration pour obtenir des résultats efficaces. Si nous essayons de confier la responsabilité de l’élimination et du recyclage des batteries à un seul secteur, comme les équipementiers, il y a de fortes chances que les autres, y compris les réparateurs et les recycleurs, en pâtissent, car l’équipementier voudra, à juste titre, s’approprier non seulement la batterie, mais aussi le véhicule tout entier.
C’est pourquoi, dans le cadre de la feuille de route, nous nous concentrons sur la création d’une coalition pour les véhicules à émissions zéro, où les secteurs de l’industrie automobile auxquels nous sommes directement confrontés en tant que recycleurs, y compris les carrossiers et les réparateurs mécaniques, les fournisseurs de pièces, les assureurs et les salles de vente aux enchères, peuvent se réunir pour garantir une stratégie efficace, non seulement pour l’économie circulaire, mais aussi pour l’ensemble de l’industrie automobile.
Steve Fletcher est le directeur général de l’Automotive Recyclers of Canada et le directeur exécutif de l’Ontario Automotive Recyclers Association. Vous pouvez le joindre à l’adresse suivante : [email protected].