Au cœur de l’effervescente industrie de l’automobile, nombreux sont les véhicules préalablement loués par les consommateurs qui retournent chez le concessionnaire aux fins de revente.
Mettant à profit leur expertise dans le domaine, certains ateliers de carrosserie ouvrent leurs portes pour redonner fière allure à ces voitures revenues temporairement au bercail.
Échange de bons procédés
C’est pour reconduire un partenariat d’affaires que Julie Laurendeau, copropriétaire et présidente de l’atelier Carrosserie ProColor Laval-Est, offre à certains concessionnaires avoisinants des services de remise à neuf de leurs véhicules. Ayant repris les rênes de l’entreprise familiale, elle conserve les liens autrefois établis par son père. Ainsi, Subaru Laval et Honda Sainte-Rose font appel au savoir-faire de l’atelier de carrosserie lavallois qui emploie une vingtaine d’employés.
« Cette relation s’est développée il y a plus de quinze ans et se poursuit depuis que nous avons déménagé près de l’autoroute 440. En résumé, notre travail consiste à faire l’estimation des véhicules d’occasion et à réparer leurs dommages selon les attentes du demandeur qui souhaite les remettre sur le marché. »
Envoyées par courriels accompagnés de photos, les requêtes cernent et résument les tâches à effectuer. L’équipe de ProColor Laval-Est procède ensuite à une évaluation approximative et rapide afin de guider le client qui, au fil du temps, se familiarise avec les coûts reliés à ces interventions puisque l’atelier de carrosserie soumet une liste tarifaire pour l’ensemble de ses services. Une fois entériné, le contrat s’insère dans la grille horaire selon les délais requis. Par ailleurs, si la plupart des concessionnaires sont désormais outillés pour effectuer les réfections de base des véhicules d’occasion, ils s’en remettent aux services d’experts pour un autre volet.
« Le travail de remise à neuf du concessionnaire s’arrête là où commencent généralement les travaux de réparation impliquant la peinture, une étape plus technique, plus délicate qui nous distingue. Réparer un pare-chocs ou restaurer une portière abîmée pour recouvrir ensuite la pièce de peinture à l’eau ou cuite fait partie du quotidien d’un atelier de carrosserie », explique madame Laurendeau qui parle, au bout du compte, d’un échange de bons services.
« En somme, cette relation entre commerces, c’est du donnant-donnant. Nous nous procurons les pièces neuves au prix du concessionnaire qui, à son tour, consent à respecter nos tarifs en matière de main-d’œuvre. »
Décontaminer pour y voir plus clair
Oeuvrant dans le domaine de la carrosserie depuis trente-trois ans, Jocelyn Dussault, copropriétaire d’Avantage Carr-Estrie, un atelier CarrXpert à Sherbrooke, commente son expérience relativement à cette démarche. Certifiés par les constructeurs Audi et Volkswagen, lui et ses employés optimisent leurs connaissances au fil des ans afin de répondre à la demande des concessionnaires qui font rayonner ces bannières localement.
« Nous collaborons avec eux depuis environ neuf ans. Chaque voiture vendue ou louée par ces marchands comporte, dans la boîte à gants, une brochure confirmant notre accréditation et suggérant nos services de carrosserie. Les clients, que ce soit le concessionnaire ou le consommateur, font donc appel à nous en toute quiétude. »
En sachant qu’il peut compter sur un allié ferré en la matière et à la fine pointe de l’évolution de l’industrie, le concessionnaire attend, au retour de sa demande, le rapport d’évaluation émis par l’équipe d’Avantage Carr-Estrie. À la lumière de ce document, il évaluera si l’investissement relié à l’étape de restauration s’avère rentable. Le cas échéant, M. Dussault et ses employés mettront en branle un mode opératoire minutieux.
« Nous procédons au nettoyage complet du véhicule, qui comprend aussi un shampoing du moteur, puis enchaînons avec la décontamination de la peinture en utilisant de la pâte d’argile. Ce procédé vise à déceler les anomalies avant les réparations. Ce faisant, nous détectons davantage les égratignures, superficielles et profondes, de même que les divers points de débosselage à restaurer » mentionne l’entrepreneur.
Les tâches à effectuer apparaissent ensuite sur un tableau, à la lecture duquel chaque technicien connaît ses responsabilités et ses implications pour mener à bien le mandat. En outre, M. Dussault ajoute que ce service de remise en beauté est aussi offert aux clients qui souhaitent prolonger la vie de leur véhicule. À cet effet, l’atelier suggère différents forfaits s’ajustant à tous les portefeuilles.
Et la formation continue…
Même si les contrats le liant aux concessionnaires ne représentent pas plus de 50 % de la charge de mandats de l’atelier, M. Dussault ne lésine pas en matière de suivi des connaissances. Chaque année, les constructeurs automobiles proposent des formations améliorées en esthétique et en carrosserie. Il incite ses techniciens à y assister, ce qui les amènent à peaufiner leur travail, parce qu’au bout du compte, dit-il, c’est ce qui fait la différence.
« Ce que l’atelier de carrosserie offre en valeur ajoutée, en plus de la peinture haute performance et de la chambre pour l’appliquer, c’est le souci du détail, de la finition. Après avoir passé le véhicule au peigne fin, le polissage, effectué avec minutie, élimine chaque grain de poussière. Le produit fini répond à l’attente de plus en plus élevée des clients. »
Questionné à commenter la probable exploitation de ce filon croissant du marché, Jocelyn Dussault estime qu’un atelier qui possède la main-d’œuvre qualifiée et les outils adéquats peut en retirer d’intéressants bénéfices. Selon lui, une réputation se construit à partir d’un savoir-faire et d’un professionnalisme qui évoluent au même rythme que l’industrie; une vision d’entreprise qui risque d’amener beaucoup d’eau au moulin, à condition de disposer des infrastructures nécessaires.
« Dans le cas de notre atelier, une éventuelle hausse significative de ce genre de mandat impliquerait fort probablement un agrandissement des lieux » conclut-il.