À mi-chemin entre Trois-Rivières et le lac Saint-Jean, les services ont une autre dimension que ceux des régions urbaines.
La Tuque : lieu mythique de la drave, entouré de noms évocateurs de grands espaces tels Wemotaci et Parent, aux distances calculées en centaines de kilomètres, ou encore Lac-Édouard.
C’est aussi le berceau de Félix Leclerc où l’aussi mythique Bostonnais, du nom d’un trappeur abénakis, rejoint le Saint-Maurice après avoir franchi les ZEC de Bessonne et de Borgia.
Un trafic particulier
Si la région de La Tuque est l’un des grands paradis des sports de plein air où pullulent les pourvoiries, c’est surtout l’une des grandes terres à bois de l’Amérique du Nord.
En belles saisons, ce sont des milliers de VUS, camionnettes, poids lourds et camions-remorques qui y circulent en flot ininterrompu, tandis que la forêt fourmille d’engins de chantier.
Il y a 18 ans, Daniel Boisvert prenait la juste mesure de tout ce trafic en acquérant le principal atelier de mécanique de cette capitale régionale de quelque 11 000 âmes.
De Weston aux pneus
Son nouveau défi avait de quoi étonner, puisqu’il n’avait techniquement rien à voir avec ses années chez Weston – où il était directeur régional des ventes –, sinon en matière d’administration. Il y avait géré en Mauricie et en Estrie une soixantaine d’employés et implanté chez les distributeurs de tout le Québec un système de gestion informatisé ; mais le pas à faire était gigantesque.
« La première année, je n’ai fait qu’observer, écouter et apprendre des experts, avoue M. Boisvert, puisque l’entretien mécanique m’était en somme aussi étranger que l’univers du pneu. »
Poids lourds et machinerie
« Aujourd’hui, je dois admettre qu’un fort pourcentage de parcs de camions, d’équipement industriel et de machinerie lourde de la Haute-Mauricie roule sur ce que nous installons.
« Ce qui ne nous empêche en rien, vu le calibre de nos équipes, de servir les automobilistes comme il se doit, quels que soient leurs besoins en pneus comme en entretien.
« Le fait que les trois concessionnaires de la ville s’en remettent à nous pour les services d’alignement le prouve, de même qu’en ce qui a trait à l’approvisionnement en pneus », précise-t-il.
En constante formation
« Et ce n’est pas un hasard, puisque je me fais une règle d’or d’inscrire chaque année mon personnel à plusieurs des formations offertes par TechPro de Uni-Sélect.
« En raison de l’évolution technologique, il est impossible de rester en affaires sans être à jour et sans tenir la formation continue pour indispensable, obligatoire même.
« Autant c’était vrai dans ma précédente carrière, autant ça l’est maintenant, sinon bien davantage puisqu’en saison de pointe, on ne livre plus quatre ou cinq véhicules à l’heure, mais plutôt un seul. »
Le plus grand des défis
Si le raffinement des véhicules et de leur entretien constitue un défi de plus en plus grand, celui de la relève l’est encore plus en raison des 300 kilomètres qui nous séparent des très grandes villes. Il est indéniable que le plus grand des défis est, pour trois raisons, celui de la main-d’oeuvre : la pénurie de gens expérimentés, le choc des générations et la rareté de la relève fraîchement diplômée.
« Entre ma génération et celle-ci, l’énorme fossé de la motivation est évidemment un obstacle majeur auquel s’ajoute, hélas, l’extrême rareté des candidats, déplore-t-il. Les écoles sont si loin – soit à Trois-Rivières et à Roberval – que les jeunes choisissent un métier autre que celui de la mécanique, trouvent un emploi dans ces régions ou s’orientent ailleurs. »
Un retour aux sources
Quoi qu’il en soit, l’âge n’ayant rien à voir avec la passion du métier et la fierté de le maîtriser, M. Boisvert croit que la solution réside dans l’entretien de cette passion et de bonnes conditions de travail.
M. Boisvert sait très bien de quoi il parle, puisque c’est en réalité celle-ci qui l’a imperceptiblement et sûrement conduit à devenir propriétaire de Service de Pneus La Tuque. Après tout, son frère Sylvain a un centre du pneu au Cap, son père a été camionneur et chauffeur d’autobus, et il a lui-même eu la chance d’être souvent au volant d’un bel autobus de Bell-Horizon !