Le pneu du futur de l’entreprise créé par impression 3D.
Si l’on se fie au nouveau pneu concept Vision de Michelin, l’industrie de la fabrication de pneus devra effectuer tout un virage.
La société a dévoilé le Vision en grande première mondiale lors du sommet Movin’On sur la mobilité durable, organisé par Michelin à Montréal en juin. Le pneu concept dépourvu d’air, fait à partir de matériaux biosourcés et recyclables, est conçu sur une imprimante 3D.
« C’est un exemple de la vision de l’entreprise, déclare Jean-Dominique Senard, président et chef de la direction de Michelin. Bien que l’esprit d’innovation soit notre raison d’être, nous voulons demeurer réalistes et nous l’exprimons clairement ici. L’impression 3D, les matériaux biocompatibles et recyclables s’inscrivent dans le concept d’économie circulaire. »
Inspiré du Tweel
La structure de base d’une seule pièce du Vision s’inspire de celle du Tweel, le pneu concept sans air lancé par Michelin en 2005 et maintenant offert sur le marché pour les tondeuses à gazon, les voiturettes de golf et les chargeuses à direction à glissement. Alors que le Tweel dispose de plusieurs paires de rayons intégrés pour supporter la bande de roulement, le Vision compte cinq rayons faits de motifs interconnectés et une bande de roulement imprimée en 3D à l’extérieur.
Quand elle est usée, la bande de roulement peut être rechargée selon la même technologie d’impression ou remplacée rapidement par l’impression d’une sculpture et d’un composé propres aux pneus d’hiver, même pour un voyage de dernière minute vers une destination enneigée.
Selon notre interlocuteur, le recours à l’impression 3D s’avère un choix logique puisque l’entreprise a déjà fait appel à cette technologie. Sa coentreprise effectue l’impression métallique en 3D, qu’elle utilise pour créer des moules pour les pneus haute performance.
« Notre entreprise est hautement spécialisée et compétente en ce qui a trait à la matière première et à sa transformation, déclare M. Senard. Nous connaissons la physique et les produits chimiques. » Puisque le pneu est imprimé et non moulé, il peut être fabriqué dans toutes les grandeurs et tous les motifs de sculpture sur la même machinerie.
Recyclé et recyclable
Le pneu Vision pourrait être fabriqué à partir d’une grande variété de matériaux comme le carton, le foin, le bambou, le zeste d’orange, la mélasse, les déchets plastiques et électroniques ainsi que le papier. Ce pneu serait donc à son tour recyclable en fin de vie.
La structure alvéolaire tissée est suffisamment robuste pour assurer la solidité du pneu, qui ne peut éclater. Michelin affirme que sa conception est le fruit d’une modélisation d’avant-garde, et qu’il est solide au centre mais flexible en périphérie.
Fixer ses propres rendez-vous
Le pneu est également « connecté » par le biais de capteurs internes. Il est en mesure d’évaluer son état en temps réel, et lorsque sa bande de roulement doit être rechargée, doit subir un autre entretien ou même être modifiée selon l’état de la chaussée, il peut transmettre l’information grâce à une application mobile et même envoyer une demande de rendez-vous au marchand.
Le projet Vision a été lancé en 2016 en concertation avec des panels de consommateurs. Michelin envisage d’en faire un produit de consommation destiné à un usage personnel et non commercial.
Jean-Dominique Senard explique qu’il a fallu plusieurs années avant que le Tweel arrive sur le marché, puisque l’entreprise voulait s’assurer qu’il soit abordable et réponde aux besoins du consommateur. Bien qu’aucune date n’ait encore été avancée, il laisse entendre que le Vision pourrait voir le jour plus rapidement que le Tweel. L’innovation nécessite moins de temps qu’à l’époque du Tweel, et « ce qui pouvait s’effectuer en 10 ans pourrait maintenant être réalisé en trois ou quatre ans », ajoute-t-il.