L’année 2023 fut riche en rebondissements pour les emplois de l’automobile. L’année 2024 sera-t-elle tout autant mouvementée ?
L’instabilité économique observée en 2023 a forcé de nombreuses entreprises du milieu de l’automobile à repenser leurs procédés et à changer leur façon d’opérer. Dans son ensemble, on peut dire que ce n’était pas une année de tout repos !
Plus précisément, le marché du véhicule neuf a beaucoup évolué au cours des derniers mois. D’après les derniers rapports sur l’indice des prix publiés par AutoTrader, le prix moyen d’un véhicule neuf est passé de 59 000 $ lors du premier trimestre de 2023 à 66 000 $ lors du 3e trimestre. C’est une augmentation de 11 % en l’espace de 6 mois.
Ainsi, on remarque que l’inflation n’épargne malheureusement pas le milieu de l’automobile. Mais concrètement, comment l’augmentation du coût moyen des véhicules affecte-t-elle les activités des concessionnaires ?
Après avoir connu un creux en 2022, les inventaires de véhicules neufs dans les concessions se sont graduellement améliorés au cours de l’année. En effet, entre le 2e et 3e trimestre, les inventaires de VUS ont augmenté de 12,5 % et les voitures, de 8,4 %. Ce sont toutefois les stocks de camions légers qui ont grimpé le plus avec 19,3 %. Pour l’envers de la médaille, les inventaires de fourgonnettes neuves n’ont pas bougé depuis la fin de la COVID-19. Malgré le fait que la situation s’améliore, les stocks sont encore plus petits qu’ils l’étaient avant 2020.
En cette période d’incertitude économique, la demande pour les véhicules neufs reste encore et toujours très élevée. Cependant, le marché de l’automobile semble s’essouffler et les concessionnaires doivent maintenant adapter leur recrutement à la nouvelle réalité économique.
Les effets de l’inflation sur les emplois en vente automobile
L’année 2024 risque de ne pas être facile pour le milieu de la vente de véhicules. En effet, la hausse des taux d’intérêt et du coût des véhicules va décourager de nombreux acheteurs d’opter pour un véhicule neuf.
Ainsi, dans le contexte économique actuel, on peut penser que le marché de l’usagé attirerait davantage les consommateurs. Mais comme l’indique Aymeric Deguire, directeur financier chez Automobile En Direct, ce ne sera facile pour personne : « Depuis les problèmes avec les chaînes d’approvisionnement durant la Covid, le marché de l’usagé a explosé, raconte M. Deguire. Mais je pense que 2024 va être une année difficile pour vendre des voitures, dans le neuf comme dans le véhicule d’occasion. »
Comme de fait, les recettes réalisées en ce moment dans l’usagé sont réduites, car le coût d’achat des véhicules destinés à la revente est très élevé. Ainsi, il arrive plus régulièrement que les marges de profits réalisées dans l’occasion ne dépassent pas les quelques centaines de dollars, ce qui affecte la demande pour les vendeurs.
De plus, l’avancement de la technologie a lui aussi une influence directe sur le besoin en vendeurs de véhicules. En effet, le milieu de la vente de véhicules a beaucoup changé depuis l’arrivée d’internet d’après Emmanuelle Bourque, experte en recrutement chez Auto-Jobs.ca : « Les consommateurs n’ont plus besoin de se rendre sur place pour acheter un véhicule, explique Mme Bourque. Le magasinage se fait maintenant en ligne et on n’a plus besoin d’avoir autant de vendeurs sur place pour servir les clients. »
En somme, on peut s’attendre à ce que les entreprises du secteur automobile québécois réduisent leur recrutement en vente, sans pour autant procéder à des coupures.
Les métiers techniques de l’automobile, toujours en pénurie
Peu importe l’état de l’économie en 2024, la demande en techniciens automobiles devrait rester très forte. En effet, même si l’inflation continuait d’augmenter, les Québécois ne cesseraient pas pour autant d’utiliser leurs véhicules et de devoir les faire réparer en atelier.
Ainsi, la demande de main-d’œuvre technique dans l’automobile ne risque pas de s’estomper en 2024 et ce, même si l’économie se détériore davantage. D’après Mme Bourque, même si le taux de chômage augmentait, l’industrie de l’automobile en sortirait presque indemne : « Il manque tellement de main-d’œuvre technique qu’on n’a pas peur de la récession, explique-t-elle. On pense même que les techniciens risquent de venir dans l’automobile pour se reconvertir s’il y a des mises à pied dans les autres industries. »
Dans son ensemble, il reste encore beaucoup de postes techniques vacants dans l’automobile. Par exemple, il manque près de 2300 mécaniciens dans la province, ainsi que 600 carrossiers. Ainsi, pour pallier la pénurie, les concessionnaires hésitent moins à recruter des techniciens qui possèdent moins d’expérience, voire même aucune.
Finalement, il ne faut pas oublier qu’avec le vieillissement de la population, de nombreux postes seront libérés au cours de la prochaine année. Avec le nombre d’inscriptions qui réduit chaque année dans les programmes d’études reliés à l’automobile, on risque d’avoir de la difficulté à remplacer tous ces départs.
En somme, dans son ensemble, la demande pour les métiers techniques de l’automobile restera très forte en 2024 et si la tendance se maintient, elle risque même de s’accentuer.
Les perspectives d’emploi dans l’électrique en amélioration constante
L’offre en matière de véhicules électriques s’est beaucoup améliorée au cours des derniers mois. De nombreux nouveaux modèles de milieu de gamme tels la Kia EV6 et la Hyundai Ioniq 6 ont fait leur apparition sur les routes du Québec en 2023. Ainsi, on peut s’attendre à ce que l’arrivée de ces nouveaux modèles accentue la demande pour les techniciens détenant leur formation en entretien de VÉ.
Il faut aussi mentionner que de nombreux véhicules électriques sur nos routes arriveront à l’échéance de leur garantie en 2024. Une partie de la demande en réparation de VÉ sera donc acheminée des concessionnaires vers les ateliers indépendants. Cet effet ne fera que s’accentuer au fur et à mesure que les VÉ remplaceront les véhicules à essence, menant à l’ouverture de nombreux postes dans les ateliers indépendants.
De plus, le gouvernement du Québec appuie de manière très soutenue la transition vers l’électrique, visant à détenir 2 000 000 de VÉ sur les routes de la province d’ici 2030. Ainsi, on peut penser que dès l’année prochaine, de nombreux postes reliés aux véhicules électriques seront créés pour atteindre cet objectif.
Après tout, il ne reste plus que 6 ans au Québec pour passer de 200 000 VÉ à 2 000 000. Ainsi, on peut penser que l’industrie de l’automobile pèsera sur l’accélérateur de manière assez importante en matière de création d’emploi pour atteindre cet objectif audacieux.