Avec les voitures modernes, l’assemblage des pièces en carrosserie est poussé à des sommets de complexité.
Pour les ateliers de carrosserie, l’assemblage des pièces lors de la réparation des automobiles qui leur sont confiées demande une grande expertise et l’accès à des outils de haute technologie.
« Les temps ont changé, on ne peut plus se fier sur son expérience passée et effectuer des réparations ou le remplacement de pièces comme on l’a toujours fait ou comme bon nous semble », tranche Roger Charron, représentant des ventes pour l’équipement chez Les Entrepôts A.B.. « Aujourd’hui, chaque constructeur automobile a ses propres normes et méthodes de réparation ou de remplacement des différentes pièces qui compose un véhicule. Un carrossier ne peut pas plaider l’ignorance, toutes les procédures de remplacement sont disponibles et se doivent d’être respectées pour garantir l’intégrité et la sécurité de la structure du véhicule réparé. On doit suivre ces procédures à la lettre et avoir la formation et les équipements approuvés pour effectuer les divers travaux. »
Il mentionne que l’augmentation de l’utilisation des panneaux d’aluminium dans l’industrie fait en sorte que les techniciens doivent être formés adéquatement et qu’ils se doivent d’utiliser les équipements approuvés pour effectuer le travail. Ainsi, certains panneaux doivent être soudés avec une soudeuse MIG à pulsion, certains constructeurs exigeant la double-pulsion. Ces soudeuses doivent être approuvées par le constructeur d’origine, car elle doit respecter leurs normes très sévères, ce qui permet d’effectuer un travail à la hauteur de la qualité de l’assemblage d’origine.
Des techniques mixes
On assiste aussi à la combinaison de techniques, où le soudage est accompagné par un collage, comme l’explique M. Charron : « Certains de ces panneaux doivent être collés et soudés, ce qui implique une méthode de travail très précise, de là l’importance de la formation. Pour certains autres constructeurs, par exemple Ford et Tesla, les panneaux doivent être rivetés avec une riveteuse approuvée par eux. Certains de ces panneaux sont aussi collés rivetés, bien entendu on doit utiliser la colle à panneaux recommandée par les constructeurs. »
En ce qui concerne les soudures sur l’acier, autant pour les panneaux que les pièces de structures, on utilise maintenant une soudeuse par points de résistance, ou spot-welder en anglais. Encore une fois, ces soudeuses doivent fonctionner sur le courant 220Volts ou 550Volts, 3 phases et être approuvées par le constructeur.
Ce type de soudeuse permet d’effectuer une soudure similaire à celle effectuée en usine lors de l’assemblage du véhicule. Il y a plusieurs types d’acier utilisés par les constructeurs : acier standard, acier haute résistance HSS, UHSS, Boron, etc …
« La soudeuse par points de résistance permet d’effectuer une soudure de qualité et d’une solidité égale à celle effectuée en usine, poursuit M. Charron, le but est une soudure très solide, en un temps très court et en évitant de trop chauffer le métal. »
L’incontournable formation
François Pitre, formateur technique pour le Réseau Fix, constate aussi l’accélération des techniques d’assemblage. Comme on le devine par ses fonctions, il aborde la question sous la forme d’un défi technique auquel on se mesure par le niveau de qualification des techniciens.
« Dans le contexte actuel, la formation continue est le pivot des opérations des carrosseries. Car derrière chaque voiture il y a une armée d’ingénieurs qui passent des mois à la concevoir. La mission des carrossiers, c’est de livrer des voitures réparées qui seront au niveau précédant l’accident. Qui plus est, l’atelier doit atteindre ces résultats alors que son environnement et ses ressources ne sont pas celles de l’usine d’origine. »
Pitre mentionne aussi que le métier a migré au cours des années alors que l’électronique a pris une place prépondérante dans le processus de réparation. « La voiture est un écosystème. Il faut regarder la réparation d’une façon globale et considérer le comportement du véhicule advenant une seconde collision. »
En ce qui concerne les opérations sur les composantes de la carrosserie, il abonde dans le même sens que M. Charron, soulignant la multiplication des contraintes, des matériaux et des outils nécessaires pour leur assemblage.
De l’argent et du savoir
« Évidemment, pour l’atelier, cela représente un investissement important et nous sommes tous d’accord pour que les constructeurs s’entendent sur des équipements équivalents. Je comprends que la tendance est à la spécialisation et que les propriétaires d’ateliers multiples vont aller chercher des certifications de constructeurs spécifiques. À titre de réseau, nous allons continuer à appuyer nos ateliers pour qu’ils aillent chercher la formation dont ils ont besoin pour suivre les exigences du marché et développer leurs stratégies d’affaires. »
Rémi Michaud, directeur régional pour la zone du Québec chez CARSTAR, revient sur un élément essentiel, celui du respect de la procédure de réparation établie par le constructeur. « Avant d’entreprendre la réparation, il faut bien savoir sur quoi on travaille. Souvent peinte en usine, il est difficile de savoir sans faire de recherche de quoi elle est constituée et comment on doit la réparer. »
Qui plus est, cet expert mentionne que la façon dont la structure d’une voiture va réagir sous un impact a changé, et que les zones de déformation ne sont pas toujours apparentes.
« Il faut se débarrasser de la pensée IKEA, où l’on croit être en mesure de monter un meuble dans suivre les instructions. Un modèle 2023 peut être bien différent de son jumeau de 2024 et se réparer autrement, illustre-t-il. Nos carrossiers sont en mesure d’aller chercher toute l’information sur les processus de réparations selon les normes des constructeurs. Et la formation est toujours disponible pour les aider à le faire. Vous savez, remettre aux clients des voitures réparées dans les règles et dans le respect de leur sécurité est essentiel. »