Trois principes conduisent les activités de l’atelier Les Carrosseries Technipro : offrir un service local, maximiser la durée de vie des véhicules et sortir des sentiers battus…
Martin Saint-Arnaud pointe d’abord sa rue pour désigner la clientèle régulière de l’atelier. Après avoir longtemps fait évoluer son expertise au sein de grands réseaux, l’entrepreneur occupe aujourd’hui les aires de réparation du garage de LeMoyne en offrant une gamme complète de services, du redressement de châssis à l’application de peinture haut de gamme.
En toute indépendance, l’artisan, comme il se qualifie, travaille selon ses propres valeurs, standards et limites. Maîtrisant les procédés de réparation et de peinture les plus complexes, il s’est construit une solide réputation auprès des automobilistes de sa région. Mais au-delà de cette mission première, l’amour de son art l’a poussé à prendre les grands moyens pour étendre sa notoriété dans l’univers parallèle du tuning.
Sa place dans le voisinage
M. Saint-Arnaud se fait d’abord un devoir quotidien d’accompagner les accidentés de la route de son quartier à travers toutes les étapes de la réparation. « Il faut garder en tête que la tôle abîmée portait des occupants. Les clients m’appellent pour régler des situations qu’ils n’ont pas l’habitude de gérer et qui, bien souvent, les dépasse », résume-t-il pour définir son rôle.
« Le contexte actuel de l’industrie impose d’augmenter sans cesse la productivité et de faire entrer de plus en plus de véhicules en aire de réparation. Selon moi, le risque est de perdre certaines notions essentielles. Le client vit une situation chargée de confusion ; personnellement, je tiens à m’assurer qu’il sera bien orienté dans tout le processus et qu’il fera les bons choix ; par exemple en ce qui concerne la réclamation d’assurance. »
Jusqu’à présent, ce principe semble porter fruit : « Les gens viennent à l’atelier parce qu’il est à proximité, puis me recommandent à leur entourage pour la qualité des réparations et du service, affirme-t-il. J’aime accueillir et aider les gens, et tous mes travaux sont vendus avec des garanties à vie. S’il semble y avoir un problème avec un pare-choc que j’ai peint, viens me voir et on va regarder ça. »
À l’heure actuelle, l’entreprise suit une courbe d’expansion guidée par les aspirations de son propriétaire, qui tient à éviter que des exercices de gestion et d’expansion ne viennent miner l’aspect humain de ses activités. « J’investis tranquillement pour que les installations soient de plus en plus faciles à gérer, pour acquérir de nouveaux équipements et éventuellement pour embaucher un deuxième, puis un troisième employé. »
Un artiste de l’industrie
Cela dit, l’indépendance permet également à Martin Saint-Arnaud de s’offrir un vaste espace créatif, qui lui a permis de se composer un impressionnant portfolio, reconnu à l’échelle de la province. « Je reçois toutes sortes de demandes d’amateurs qui cherchent à transformer leurs véhicules en oeuvre unique », explique-t-il en parcourant sa page Facebook, remplie de réalisations dont certaines ont parcouru des expositions à travers l’Amérique du Nord.
« Je pars de l’idée que mon expertise est d’appliquer de la peinture industrielle. À partir de là, les limites, c’est moi qui me les impose », poursuit-il. Des limites qui l’ont amené, au-delà des voitures et des motos, à pulvériser des murs, un haut-parleur de haute performance et même un lot de machines à café commerciales, à la demande d’un grand distributeur. « Mon travail, c’est de faire la recherche nécessaire, avec les moyens dont je dispose, pour transformer ces idées en réalité avec les meilleurs matériaux, peintures et procédés. Je suis en constante innovation. »
Le rôle de la création
En réponse aux préoccupations ambiantes de l’industrie concernant la précarité, voire la disparition prochaine des ateliers indépendants, le propriétaire insiste sur le rôle fondamental de l’artiste comme précurseur des grands standards.
« Prenez les voitures exposées au salon SEMA : ces oeuvres uniques sont mises à l’avant-plan et rassemblent toute l’industrie. Tout ça n’a certainement pas été créé dans le cadre des activités normales des grandes bannières, mentionne-t-il. Ces oeuvres proviennent généralement d’experts indépendants, et elles sont commanditées par de grands fabricants. »
« Grâce aux innovations de créateurs qui sortent des sentiers battus et qui laissent libre cours à leur art, l’industrie parvient à développer de nouvelles techniques pour faire évoluer les procédés standards de réparation tels qu’appliqués en atelier, fait-il aussi valoir. L’industrie aura toujours besoin d’esprits créateurs et indépendants pour innover. »
Devant l’incontournable question de l’attraction de la relève dans l’industrie, l’expert souligne l’importance de la dimension créative dans l’esprit de bien des jeunes qui caressent l’idée de se lancer en carrosserie. « Bien que je pratique le tuning professionnellement, le travail que j’ai à exécuter n’est pas toujours extraordinaire. Mais il remplit une mission importante dans ma communauté : remettre les véhicules sur la route et leur permettre de rouler le plus longtemps possible en toute sécurité.
« À partir de là , conclut Martin Saint-Arnaud, lorsqu’on maîtrise la technique, qu’on est curieux, talentueux et passionné, il n’y a pas de limite à ce que l’on peut créer. »