À 16 ans, il frappait à la porte du premier carrossier à lui avoir montré le métier. À 48 ans, il a deux ateliers, dont un de 25 000 pieds carrés.
Au moment où éclate de toutes parts la crise de la pénurie majeure de personnel qualifié, le carrossier Martin Royer n’hésite pas à faire part de ses appréhensions, de son point de vue et de ses solutions.
« On a beau raffiner nos pratiques et être à jour à tous égards, on s’approche dangereusement du point de rupture causé également par des exigences sans cesse croissantes », affirme-t-il.
L’affaire de tous
« Je suis sûr qu’une réflexion commune fondée sur les meilleures approches déboucherait sur les solutions nécessaires pour éviter l’effondrement d’un service essentiel à la société.
« À la fin de l’époque de la grande abondance, il était normal de gérer de façon rigoureuse. Dès que l’objectif a été atteint, il aurait fallu éviter d’en fairelargement trop.
« Lorsqu’à 16 ans je suis entré dans le métier, il suffisait de peu pour avoir un atelier de carrosserie : son talent, quelques outils, de l’équipement de base, du matériel d’atelier et de la peinture.
« Aujourd’hui, ce sont des pans entiers du budget qui ont trait à ce qui est connexe à la production, lesquels portent principalement sur le détail des travaux et la gestion de la relation avec la clientèle. »
Contraintes de taille
« À la prise de photos facilitant il y a 20 ans la validation des devis, on est passé aux dépenses et au temps consacrés à l’information écrite et visuelle destinée en direct aux clients 2.0 », poursuit Martin Royer.
« Derrière le décor, les départs à la retraite se multiplient, le personnel qualifié est impossible à remplacer et la relève extrêmement rare ne peut être suivie faute d’effectifs suffisants.
« À ces contraintes de taille s’ajoute le fait que les constructeurs exigent depuis peu qu’on soit certifiés à très fort coût pour faire partie de leur réseau de carrossiers de confiance.
« Quand je fais de plus le bilan de toutes les exigences auxquelles il faut se plier et des sommes colossales qu’elles engloutissent, je me dis qu’il nous sera bientôt impossible de répondre à la demande. »
Deux nouvelles recrues
« Cependant, comme j’ai dans le sang autant la passion du métier que celle des défis, j’investis régulièrement dans la formation du personnel, l’équipement, la bureautique et les certifications.
« Et même si les centres de formation professionnelle ne peuvent encore former que quelques diplômés valables par année, je suis toujours prêt à accueillir les stagiaires.
« Bien que ce qu’on trouve de ce côté demeure insuffisant, j’ai quand même la chance d’avoir embauché cette année une finissante de calibre, et de compter depuis un an sur un esthéticien hors normes. »
Des candidats à favoriser
« Diplômé en esthétique automobile, il s’est révélé particulièrement précieux par le souci qu’il a de la qualité totale. Je lui ai donc confié des tâches de responsabilité.
« En l’ayant affecté aux inspections avant réparation et livraison, il me permet de suggérer aux clients de procéder à des réparations mineures ou à des retouches.
« J’ai hâte que le centre de formation professionnelle Qualitech, de Trois-Rivières, adopte le même programme d’ATÉ que celui de Verdun, dont les heures de stage sont multipliées. »
Imiter l’Allemagne
« Il est évident que côtoyer les maîtres d’un métier demeure la meilleure façon de l’apprendre et de s’en faire volontiers une carrière de choix. « Si la formule à fort taux de formation dans l’industrie a rendu l’Allemagne si puissante, je présume qu’elle peut avoir ici le même effet… à condition qu’on agisse en ce sens », dit-il.
Propriétaire de Fix Auto Trois-Rivières Ouest, Martin Royer possède également Fix Auto Trois-Rivières et Fix Auto Nicolet-Bécancour.