Les fabricants offrent depuis tout récemment une solution adaptée à toutes les saisons et pour tous les automobilistes nord-américains, sans exception… ou presque.

Vos clients les plus optimistes y verront la fin des changements bisannuels de pneus.

Or, bien qu’il puisse être utilisé au Québec toute l’année et en toute légalité, ce produit porte en lui d’importantes limites, et ne serait manifestement pas sur le point de remplacer les pneus d’hiver sur les routes de la province.

Un marché limité

Yves Giguère, représentant pour Goodyear Canada, l’affirme sans réserve : des pneus comme l’Assurance WeatherReady ne sont pas spécifiquement adaptés à nos conditions météorologiques. « Ce pneu n’a pas été conçu spécialement pour le Québec, mais pour toute l’Amérique du Nord. Les villes de Vancouver ou Toronto, par exemple, qui ont des hivers beaucoup plus cléments, contiennent un bien plus grand marché de consommateurs pour ce produit », explique-t-il. Ici, les fabricants s’adressent à un marché beaucoup plus restreint. « Il y a bel et bien un besoin pour ce type de pneus au Québec : on cible le conducteur qui sort très peu son véhicule en hiver, comme le citadin qui utilise les transports en commun et la personne retraitée qui part vers le Sud de décembre à avril, par exemple.

« Ce pneu n’a pas été conçu spécifiquement pour le Québec, mais pour toute l’Amérique du Nord. Les villes de Vancouver ou Toronto, par exemple, qui ont des hivers beaucoup plus cléments, contiennent un bien plus grand marché de consommateurs pour ce produit. » Yves Giguère, représentant, Goodyear Canada

« Ainsi, Goodyear est très clair auprès des détaillants québécois : un client qui utilise régulièrement sa voiture, et qui devra donc faire face à des tempêtes de neige et de verglas, dois opter pour des pneus d’hiver », affirme M. Giguère.

Peu d’impact en atelier

Avec l’arrivée de cette solution toutes-saisons, les ateliers de pneus et mécanique pourraient logiquement craindre une baisse d’achalandage. Selon Aline Albert, propriétaire de Pneus Albert, à Laval, ces préoccupations ne s’appliquent pas au Québec. « Contrairement aux autres provinces, les conditions météorologiques québécoises sont beaucoup trop rigoureuses pour que ces pneus s’imposent sur notre marché », affirme-t-elle. Pour avoir vu apparaître ces pneus dans son atelier il y a environ quatre ans, Mme Albert n’a effectivement constaté que très peu de changement dans les comportements d’achat de sa clientèle.

« Certains propriétaires de parcs de camionnettes sont tentés par cette solution pour éviter les changements saisonniers de pneus, observe-t-elle. Mais en fin de compte, le nombre de clients qui font poser leurs pneus d’hiver n’a pas changé significativement. »

De plus, le client constatera que les économies d’argent recherchées pourraient être surévaluées. « En plus d’être usés toute l’année, ces pneus toutes-saisons durent en moyenne moins longtemps que des pneus d’hiver ou d’été. L’automobiliste qui cherche à tout prix à épargner n’y verra pas nécessairement de gains substentiels. » Il importe aussi de sensibiliser l’acquéreur sur l’importance d’un entretien régulier du reste de son véhicule. « Les poses des pneus sont souvent l’occasion d’effectuer un entretien préventif essentiel, souligne Mme Albert. Si un client arrive ainsi à espacer ses changements de pneus, il ne doit pas pour autant négliger l’entretien de son véhicule. »

Somme toute, cette nouvelle technologie a son utilité. Comme toujours, il revient à l’expert en atelier de poser les bonnes questions au client, pour lui offrir un pneu sécuritaire et adapté à ses habitudes de conduite.