Trouver des moyens de remédier à la pénurie de techniciens de maintenance dans le secteur de l’entretien automobile.
Les chiffres sont sombres. Au Canada, le nombre de postes vacants de techniciens d’entretien automobile s’élève à environ 11 000. Un récent rapport publié en Ontario souligne que l’impact à court terme de chaque poste vacant de technicien représente environ 500 000 $ de perte de revenus sur une base annuelle. Si l’on multiplie ce chiffre par le nombre de postes vacants, on obtient des milliards de dollars de revenus imposables perdus pour notre économie.
Changement de perception
Alors, que peut-on faire pour résoudre ce problème très important ? Tout d’abord, la perception doit changer. Pendant des années, voire des décennies, la réparation automobile a été stigmatisée, si bien que de nombreux jeunes ne l’ont même pas envisagée comme option de carrière. Il a souvent été perçu comme un domaine mettant moins l’accent sur les compétences de haut niveau, ce qui est loin d’être le cas. Les véhicules d’aujourd’hui nécessitent des compétences très avancées pour être diagnostiqués et réparés correctement. En outre, la demande de techniciens signifie qu’il y a plus de possibilités que jamais d’établir et de développer une grande carrière dans le secteur.
Cette perception négative du secteur peut être corrigée par des campagnes d’éducation et de sensibilisation qui mettent en évidence les avantages d’un diplôme de technicien automobile. Aujourd’hui, les preuves de la réalité de ces avantages ne manquent pas. Nous devons simplement continuer à faire passer le message, à rehausser l’image et à sensibiliser la population, tant au niveau local que national.
Un deuxième problème est l’impression que le secteur de l’entretien automobile manque de gouvernance par rapport à d’autres métiers spécialisés. Par conséquent, parallèlement à la sensibilisation aux possibilités de carrière, l’établissement d’un plus grand nombre d’exigences réglementaires peut contribuer grandement à éliminer certains des préjugés qui pèsent depuis longtemps sur le secteur.
Financement de la formation
Les gouvernements peuvent également jouer un rôle clé en finançant des initiatives menées par l’industrie pour contribuer à briser ces stigmates. À l’AIA Canada, nous avons travaillé avec les collèges Conestoga, Fanshawe et St. Lawrence, ainsi qu’avec Plug ‘n Drive, afin de créer des des programmes de formation gratuits pour développer de nouvelles compétences et expertises dans l’industrie de l’entretien automobile (en anglais). Le gouvernement de l’Ontario a financé ces initiatives qui comprennent un programme de formation à l’exploration des carrières, qui offre une expérience exploratoire pratique aux demandeurs d’emploi, avec une éligibilité au soutien et à l’équipement tels que des chaussures de travail, des outils de base, des équipements de sécurité et des livres de référence, ainsi qu’une aide au transport.
Il y a également le programme de formation de perfectionnement pour les véhicules électriques qui permet aux techniciens automobiles agréés actuels et aux apprentis de niveau supérieur d’acquérir des compétences avancées en matière de diagnostic et de réparation qui sont spécifiquement liées aux VÉ. Les résultats obtenus jusqu’à présent sont très encourageants, et le gouvernement de l’Ontario a annoncé un nouveau et quatrième cycle de financement qui, nous l’espérons, permettra à ce programme de continuer à se développer et à s’étendre.
Nous disposons également d’une nouvelle étude sur le marché du travail qui devrait être publiée à l’automne et qui permettra de mieux comprendre ce qui se passe actuellement en ce qui concerne la pénurie de techniciens, y compris l’analyse des conditions du marché, les causes sous-jacentes qui contribuent au problème et, ce qui est peut-être le plus important, des recommandations clés sur la manière de résoudre le problème.
Stratégie à long terme
Cultiver la prochaine génération de techniciens locaux est une stratégie à long terme pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre actuelles. À court terme, nous constatons que l’accent est mis davantage sur l’immigration pour aider à combler ces postes vacants. Certains des plus grands obstacles auxquels nous sommes actuellement confrontés sont des problèmes administratifs et d’accessibilité liés au système d’immigration actuel du Canada. Il faut trouver des moyens plus efficaces pour faire venir des travailleurs qualifiés de l’étranger. Si certaines mesures sont prises, elles ne sont pas encore suffisantes.
C’est pourquoi nous continuons à recommander au gouvernement fédéral d’introduire des réformes, y compris des mesures telles qu’un programme d’employeur de confiance, afin de rationaliser le processus et de pourvoir les postes vacants.
Nous commençons à constater certains progrès – notamment un certain nombre de projets pilotes – mais en fin de compte, pour parvenir à une solution viable et à long terme à la pénurie de main-d’œuvre, il faudra que l’industrie joue un rôle plus actif, en collaboration avec le gouvernement, tant au niveau fédéral que provincial, pour promouvoir les métiers spécialisés. Les parents et les soignants peuvent également jouer un rôle important dans la résolution de ce problème. En éduquant nos enfants dès le plus jeune âge, nous pouvons promouvoir les compétences tout au long de la vie et la trajectoire gratifiante qui peut être construite, aboutissant à une carrière durable, prospère et épanouissante.