Où est passée notre électricité ?
Comment expliquer que notre électricité verte, peu dispendieuse et abondante, à la base du virage électrique du Québec, nous ferait maintenant défaut et remettrait en cause toute la politique de verdissement de notre parc automobile ?
Il n’y a pas si longtemps dans mes souvenirs, la capacité de production d’Hydro-Québec surpassait tellement la demande locale que notre société d’État multipliait les efforts pour en exporter les surplus.
Que s’est-il passé depuis ? Au moment d’écrire ces lignes, on parle d’inciter les consommateurs à la sobriété énergétique, de remettre en opération la centrale nucléaire Gentilly-2 et de mettre en garde les promoteurs immobiliers dans leur conception de quartiers tout électriques, quand ce n’est pas d’évoquer la possibilité d’augmenter les tarifs au-delà des plafonds établis.
Douche froide pour l’automobile électrique ?
Quel signal cela envoie-t-il à l’industrie automobile ? Loin de moi la prétention d’être un spécialiste de l’énergie renouvelable. Mais comme la plupart de mes lecteurs, je suis un observateur intéressé et, je l’avoue, passablement perplexe en ce moment.
De ma position, je survole tout le secteur automobile. Nos gestionnaires de parcs investissent temps et ressources pour trouver des véhicules sans émissions. Nos concessionnaires travaillent à approvisionner un marché où la demande surpasse souvent les capacités de livrer. Les constructeurs automobiles de partout dans le monde rivalisent pour rendre disponibles les véhicules verts de tout acabit. Même les ateliers d’entretien et de réparation, dont les électromobilistes, comme on les appelle, auront besoin, se mettent allègrement à niveau pour avoir les outils et les compétences pour répondre à ce virage technologique.
Je ne vous apprends rien en constatant ici un cas de charrue avant les boeufs atteignant des proportions historiques. Les deux paliers de nos gouvernements annoncent le virage des transports électriques pour 2035. Fantastique ! Personne ne s’est posé la question à savoir si nous avions l’électricité pour recharger ces millions de véhicules sans faire exploser nos compteurs ?
Ceci étant dit, je ne doute pas que le virage électrique soit déjà une réalité, même si nous avons le droit de nous questionner sur le réalisme des objectifs gouvernementaux. Ce qui m’attriste, c’est cette douche froide alors que toute l’industrie automobile est gonflée à bloc.
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