Avec la multiplication des caractéristiques de performance offertes par les fabricants, les pneus seraient aujourd’hui de véritables numéros de pièces.
Un raffinement toujours plus pointu s’impose aujourd’hui jusqu’à la gestion des ateliers. Directeur des achats et de la mise en marché chez Desharnais Pneus et Mécanique, Frédéric Champagne est le témoin actif d’un secteur qui doit s’adapter au pas de course aux exigences des consommateurs, aux innovations des constructeurs et aux solutions toujours plus sophistiquées des fabricants.
Voici la revue par Frédéric Champagne des produits qui commencent – ou commenceront bientôt – à se retrouver en grand nombre dans les centres de pneus du Québec.
En vogue : l’efficacité
Règle générale, le marché se tourne vers l’efficacité énergétique : « C’est la course à qui offrira la consommation en carburant la plus basse », souligne M. Champagne. Conséquemment, les fabricants doivent réfléchir très fort pour s’adapter à ce nouvel impératif exigé par un grand bassin de plus jeunes consommateurs.
« Les pneus sont beaucoup plus riches en graphène, par exemple, pour en augmenter la souplesse, et en polymères synthétiques très actifs pour diminuer la résistance au roulement. On obtient un pneu qui consomme moins, mais la durabilité est compromise. »
Un casse-tête sur lequel s’acharnent les fabricants pour joindre des solutions abordables à un produit sophistiqué.
En éclosion : les sportifs de luxe
Avec la démocratisation des voitures sportives de luxe, les pneus haute performance sont en pleine floraison. Les fabricants de pneus doivent ainsi s’adapter à l’évolution de l’offre des constructeurs, mais aussi au nouveau profil des acquéreurs.
« Ces pneus plus larges sont plus coûteux, mais tout de même accessibles à un bassin de consommateur élargi, souligne-t-il. Contrairement à il y a 15 ans, plusieurs consommateurs ont aujourd’hui les moyens d’acquérir une Mercedes ou un BMW. Le pneu doit être performant mais aussi durable, et même adapté à la conduite de tous les jours.
« On conçoit donc des pneus qui ont des cotes de vitesse allant parfois jusqu’à V, soit environ 240 km d’homologation, mais qui offrent en plus le confort et bien sûr, la durabilité. Les propriétaires de sportives de luxe n’ont plus tous les moyens de se rechausser tous les deux ans ! »
L’avenir : les détails
Après les grands changements comme l’élargissement notoire des pneus des dernières années, on assiste aujourd’hui surtout à l’ajout d’améliorations subtiles qui viennent perfectionner le produit et lui ajouter de la plus-value, observe l’expert.
« Un fabricant a par exemple décidé de polir toutes les rainures longitudinales du pneu pour diminuer la résistance au roulement : la friction d’air est beaucoup moins importante, explique-t-il. On peut aussi penser aux pneus à autoréparation, une alternative au pneu à roulage à plat, qui font un travail semblable, mais à une fraction du prix.
« Pour le marché secondaire, cette évolution constante se traduit par une véritable professionnalisation du secteur, résume Frédéric Champagne. Les pneus sont plus larges, plus difficiles à traiter et plus dispendieux à remplacer s’il y a des déchirures. Ajoutez les capteurs TPMS, qui vieillissent et qui devront être remplacés en grand nombre : l’expertise nécessaire surpasse le modèle traditionnel. Ça prend maintenant plus que deux heures de formation pour affronter une saison des pneus ! »