À l’heure actuelle, ces technologies de l’avenir suscitent des attentes partagées sur le marché québécois du pneumatique. Mais tout est une question de temps.
La technologie existe bel et bien, mais elle s’adresse principalement aux parcs de véhicules lourds. Et si tout un chacun pouvait simplement consulter son téléphone intelligent pour connaître l’état de ses pneus et même en contrôler le gonflement à distance ? Même sous leurs formes les accessibles, ces concepts suscitent un enthousiasme encore tempéré chez les experts du Québec.
Des pneus connectés
Avec le système Connesso, Pirelli s’adresse aux automobilistes les plus férus de performance, et les plus fortunés. Intégré aux pneus haute performance P Zero et Winter Sottozero, un capteur connecté à une application mobile fournit des informations sur la pression, la température et l’usure du pneu.
On compte également y intégrer la distance estimée qui peut encore être parcourue par le pneu et une fonction de jauge de pression qui fournit les valeurs exactes et en temps réel, sans avoir à attendre que le pneu ait refroidi.
Continental propose pour sa part deux concepts aux propriétaires de véhicules de tourisme. Au système ContiSens, relativement semblable à son homologue de Pirelli, s’ajoute le futuriste ContiAdapt, qui comprend des jantes à diamètres variables et un microcompresseur intégré qui permet de contrôler la pression du pneu ainsi que sa surface de contact avec le sol. Des solutions prometteuses pour la mobilité du futur, selon la compagnie, puisque ces pneus sont adaptés pour répondre aux besoins de la conduite autonome et de l’électrification.
Vu d’ici
Comme le soulignent les experts consultés au Québec, s’ils sont très bien adaptés aux parcs de véhicules commerciaux, les pneus de tourisme intelligents n’en sont encore qu’au stade embryonnaire.
Ugo Desgreniers, directeur de l’approvisionnement chez Distribution Stox, y voit pour sa part une solution qui sera éventuellement indispensable aux yeux des constructeurs. « Les puces intelligentes sont beaucoup moins dispendieuses que les capteurs TPMS, souligne-t-il. L’industrie va les réclamer, ne serait-ce que pour cette raison. »
Selon lui, cette avancée devrait aussi emprunter un mode d’implantation classique, déjà entamé. « Ces puces devraient apparaître sous peu en monte d’origine de voitures exotiques. Je crois qu’on devrait les voir apparaître sur les voitures de masse d’ici 10 ou 15 ans », affirme-t-il.
Mais sous leur forme actuelle, ces pneus intelligents inspirent davantage de prudence que d’enthousiasme. « Les propriétaires de voitures de performance accordent déjà beaucoup d’importance à l’état général de leur véhicule, souligne Mélanie Desharnais, directrice des ventes et du marketing pour Desharnais Pneus & Mécanique. Ils font généralement plusieurs inspections visuelles et visitent régulièrement leur garagiste. Nul besoin d’une application mobile pour le leur rappeler. »
Michel Bédard, directeur général de Pneus National, favorise aussi l’intervention humaine. « On ne peut dépendre à 100 % des technologies. J’ai vu des cas où les données d’un capteur TPMS étaient moins bien transmises à cause d’une batterie déchargée », mentionne l’expert, qui recommande d’ailleurs de faire une inspection manuelle avec manomètre au moins une fois par mois.
« Or, les technologies évoluent extrêmement rapidement et on ne sait jamais à quoi s’attendre, souligne-t-il. L’industrie du pneu de tourisme ne semble pas être tout à fait rendue là, mais gardons les yeux bien ouverts. »