Pour les gestionnaires de parc, la consommation de carburant demeure un enjeu majeur.
Il existe une foule de solutions logicielles et matérielles pour réduire l’utilisation de carburant ainsi que plusieurs bonnes pratiques qui se traduisent par des économies réelles. Nous vous en présentons quelques-unes ici. Mais au-delà des pratiques exemplaires, certaines façons de faire sont à éliminer d’emblée, comme le ralenti moteur.
Le ralenti moteur – du gaspillage de carburant
Faire tourner le moteur à l’arrêt demeure la pire façon de consommer du carburant, estiment les experts ; une consommation couteuse qui n’ajoute aucune efficacité dans une journée de travail.
La marche au ralenti d’un véhicule consomme 0.6 litres d’essence par cylindré. Donc, en moyenne, un véhicule au ralenti va consommer environ 2,4 litres de carburant par heure
« La réalité c’est qu’il n’existe aucune raison valable de faire fonctionner un véhicule au ralenti, rappelle Guillaume Poudrier, président de Géothentic. Un véhicule en arrêt, que ce soit du gaz, de l’électricité, du gaz naturel, de l’essence ou du diesel, va consommer du carburant sans qu’aucune tâche particulière soit réalisée ; c’est vraiment du gaspillage. »
Cette mauvaise habitude est surtout liée au fait que l’utilisateur souhaite que l’habitacle demeure chaud en hiver, frais en été. Pourtant la recommandation de CAA à l’égard de ce comportement est claire.
« Pour réchauffer son moteur en douceur, il s’agit de démarrer le véhicule et, après une minute maximum, de commencer à rouler à basse vitesse. Le moteur et l’habitacle vont réchauffer plus vite de cette façon que si vous le laissiez tourner au ralenti, » confirme Denis Pageau.
Comment éliminer cette mauvaise pratique ? Sensibiliser les chauffeurs est essentiel ; des entreprises comme Géothentic proposent entre autres d’installer un système dans le véhicule qui coupera le moteur de façon automatique.
« En général, un véhicule dans sa vie utile va fonctionner de 30 à 60 % du temps total au ralenti. Un système installé dans la voiture va être en mesure de réduire ce chiffre de 10 à 20 % facilement. »
Un tel système permet aussi le redémarrage automatique du véhicule basé sur des températures et des voltages tout en tenant compte de la température de l’habitacle pour assurer le confort de l’employé.
Finalement, notons qu’à Montréal, en vertu de la réglementation municipale, il est interdit de laisser le moteur d’un véhicule fonctionner lorsque celui-ci est immobilisé.
La conduite agressive coute cher en carburant
« Ce qui fait la différence, c’est l’usager et la façon dont il utilise son véhicule, soutien Guillaume Poudrier. Conduire un véhicule de manière plus agressive augmente la consommation de carburant. »
La bonne pratique, selon CAA, c’est de convaincre les chauffeurs d’adopter une conduite écologique et de conduire avec souplesse : éviter les grandes accélérations et le freinage brusque, respecter les limites de vitesse, utiliser le régulateur de vitesse (cruise control) pour permettre au véhicule d’accélérer graduellement.
« La conduite écologique c’est aussi de planifier sa route et d’adapter son itinéraire pour qu’il soit la plus rentable possible sans avoir à revenir sur ses pas », précise Denis Pageau.
Rappelons qu’un chauffeur agressif ne sera jamais une bonne publicité pour une entreprise.
Chez Énergir, le comportement des chauffeurs est une préoccupation constante, quotidienne, explique Simon Roberge.
« Nous avons instauré un rapport mensuel des coûts relatifs à la conduite qui est distribué à tous les gestionnaires pour les informer des vitesses atteintes par les chauffeurs au cours du mois. On travaille pour optimiser ce rapport et l’envoyer directement à l’employé pour qu’il s’en inspire et modifie sa façon de conduire. »
Le gestionnaire qui souhaite décourager la conduite agressive peut aussi le faire grâce à un système de collecte de données.
« Chez Géothentic, c’est le type de données qu’on récolte pour ensuite fournir l’information aux entreprises et aux conducteurs ; ces données indiquent qui conduit le mieux et de quelle manière on peut en arriver à une conduite optimale. »
L’entretien : pratique essentielle
Chez Énergir, l’entretien des véhicules, c’est la base ! « Étant donné que pour un gestionnaire de parc, le carburant représente le principal poste de dépense, c’est sûr qu’on travaille constamment pour trouver des façons de réduire ces frais », souligne Simon Roberge.
Pour éviter la consommation d’essence non désirable, les entretiens doivent être faits à la bonne fréquence. Il n’est donc pas recommandé de laisser le conducteur décider quand il souhaite faire l’entretien du véhicule.
Dans certains parcs de véhicules, l’entretien est prévu à intervalle fixe — tous les trois mois, par exemple — peu importe l’usage réel du véhicule. Ce type de fonctionnement peut mener à de la sur-maintenance ou à de la sous-maintenance.
La meilleure pratique ? Avoir accès à des données neutres permettant de planifier l’entretien en fonction de l’usage réel des véhicules.
« Il n’est pas toujours facile dans un parc de véhicules de suivre la fréquence d’entretien des véhicules si on n’a pas de données pour nous indiquer le bon moment pour faire l’entretien en fonction de leur utilisation », explique Guillaume Poudrier.
Attention aux accessoires
Les véhicules outils dans un parc sont équipés d’accessoires particuliers — des flèches de signalisation, des échelles, etc.
Chez Énergir, on cherche à réduire les accessoires extérieurs dans le transport lourd pour améliorer l’aérodynamique et réduire la consommation de carburant.
« On avait, par exemple, des échelles à l’extérieur de nos véhicules qui prenaient dans le vent, explique Simon Roberge. Nous planifions d’enlever les supports à échelles et de trouver un endroit pour les mettre à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur. »
Le directeur de parc estime que « ces trucs techniques peuvent se traduire par une économie de carburant allant jusqu’à 10 %. »
L’importance de sensibiliser ses équipes
« Le potentiel d’économie qu’on peut aller chercher avec des campagnes de sensibilisation est important », rappelle Simon Roberge. Chez Énergir, un document de communication interne destiné aux chauffeurs leur rappelle quelques principes de base, par exemple :
- À une vitesse de 120 km / h, un véhicule consomme environ 20 % plus de carburant qu’en roulant à 100 km / h. Sur un trajet de 25 km, la différence dans la durée du parcours entre ces deux vitesses n’est que de deux minutes ;
- Un véhicule moyen gaspille 300 millilitres (plus d’une tasse) de carburant par 10 minutes de marche au ralenti.
Pour les gestionnaires de parc, la sensibilisation des chauffeurs est un travail en continu.
« Les gens partent à la retraite, la main-d’œuvre change, donc c’est toujours à recommencer », conclut Simon Roberge.