À elles seules, les entreprises privées ne pourront pas provoquer l’adoption de masse de véhicules électriques du côté des parcs, relève Sarah Houde, PDG de Propulsion Québec.
Bien qu’elle soit confiante du potentiel de la province à ce chapitre – on remarque une expertise qui se développe dans la fabrication d’autobus et de camions poids lourd électriques – elle estime que pour qu’une réelle mouvance s’opère, les gouvernements doivent s’impliquer davantage et prêcher par l’exemple. C’est la raison pour laquelle son organisation fait un travail de lobbying auprès des instances gouvernementales et élabore des projets de démonstration et des pilotes pour ensuite les tester dans le milieu.
« Je pense que du point de vue de l’adoption du public, ça va bien. On le voit concrètement ; les ventes de VÉ connaissent une croissance impressionnante ici, auprès des consommateurs, indique notre intervenante. Mais au Québec, on ne fait pas vraiment de véhicules de tourisme s’adressant aux consommateurs, on fabrique surtout des autobus et des camions électriques. Pour exploiter nos forces et les développer, il faut percer le marché des parcs. »
Mais il ne s’agit pas d’une industrie où il est facile de faire des ventes. Les progrès se font lentement. « C’est un petit marché, dur à percer. Développer de nouvelles technologies coûte très cher, et en fin de compte, ça rapporte peu, pour l’instant. »
Sur la bonne voie
Selon Mme Houde, le Québec est en bonne position, toutefois, pour se tailler une place de choix à l’échelle mondiale dans l’adoption et la fabrication de véhicules électriques.
« L’environnement, l’urgence climatique, c’est l’enjeu de notre millénaire. Il faut renverser la vapeur, miser sur l’électrification pour améliorer le sort de notre planète, mais aussi comme vecteur économique. »
– Sarah Houde, PDG de Propulsion Québec
« La province est déjà un leader à ce chapitre au Canada et en Amérique du Nord. Avec le potentiel, les ressources et l’expertise dont nous disposons, il n’y a aucune raison pour que nous ne figurions pas ultimement parmi les grands modèles mondiaux. »
L’organisation qu’elle dirige, Propulsion Québec, se donne d’ailleurs pour mission concrète de mobiliser tous les acteurs de l’industrie autour de projets concertés, avec l’objectif ultime que le Québec soit reconnu, d’ici 2026, comme leader mondial dans l’industrie des transports électriques et intelligents. L’organisme aspire également à développer un noyau d’entreprises de calibre mondial dans les différents maillons de la chaîne de valeur de ce secteur d’activités.
L’enjeu de l’heure
Avant de devenir PDG de Propulsion Québec, Sarah Houde a dirigé des organisations à but non lucratif et a collaboré au projet de Téo Taxi. Elle a également œuvré pour la société de placement privé XPND Capital à titre de vice-présidente des affaires publiques et gouvernementales ; elle y a piloté plusieurs dossiers en électrification des transports. Selon elle, l’électrification est un incontournable à l’heure actuelle, d’où la raison pour laquelle elle s’implique dans le milieu.
« L’environnement, l’urgence climatique, c’est l’enjeu de notre millénaire. Il faut renverser la vapeur, miser sur l’électrification pour améliorer le sort de notre planète, mais aussi comme vecteur économique. »
Elle estime que d’ici cinq à dix ans, on constatera déjà un changement important du côté des entreprises et des gouvernements, bien que l’acceptabilité sociale de la voiture électrique ou autonome soit encore à travailler. « Le Québec n’a pas un taux d’adoption aussi grand que celui de la Chine, par exemple, mais elle a déjà de bonnes politiques. On se défend bien et on continuera de croître. »