La propulsion à l’hydrogène pourra être déployée massivement lorsque les leaders mondiaux collaboreront et créeront des « modèles d’écosystèmes » applicables partout.
Lors d’un atelier présenté au Sommet Movin’on 2019, divers experts en provenance de l’Europe et de la Chine ont fait part de projets novateurs visant à rendre le transport à l’hydrogène accessible dans leur ville ou leur région respective. Le projet Zero Emission Valley, déployé à Auvergne-Rhône-Alpes, en France, a pour objectif de mettre en circulation 1000 véhicules à pile à combustible sur les routes de la région d’ici quelques années. Pour ce faire, les promoteurs planifient entre autres l’installation de 20 stations d’hydrogène renouvelable jumelées à 15 systèmes d’électrolyseurs, sur le territoire.
Les conférenciers, Catherine Azzopardi et Thierry Raevel, ont expliqué vouloir implanter « le plus grand projet de mobilité à l’hydrogène d’Europe » et faire en sorte que la région située en montagnes devienne un leader en France pour la production d’énergie renouvelable, avec une augmentation de 54 % de sa capacité à en générer d’ici 2030. Le défi, toutefois, sera de stocker toute cette énergie.
L’apport des parcs
Durant sa présentation, Philipp Dietrich a expliqué comment les entreprises détenant un parc peuvent inciter les constructeurs automobiles et de camions à mettre en place des écosystèmes à zéro émission. Il a donné l’exemple de l’entreprise Coop qui a ouvert, l’automne dernier, la première station publique à hydrogène de Suisse, et qui, par le fait même, a acquis la première semi-remorque au monde propulsée par ce type de carburant. L’entreprise a également greffé à son parc 12 voitures à pile à combustible. « Si les entreprises demandent l’accès aux carburants alternatifs, l’offre n’aura pas le choix de suivre », soutient M. Dietrich.
La station se situe dans la municipalité de Hunzenschwill et environ 40 voitures l’utiliseraient jusqu’à présent, dont ceux de la flotte de Coop. L’hydrogène est produit à même une centrale hydroélectrique à proximité, et on dispose de la place nécessaire pour stocker l’énergie. Le principal défi sera d’élargir le réseau.
La Chine, un leader mondial
- En Chine, les ventes de véhicules électriques s’élevaient à 1,25 million durant l’année, soit l’équivalent de plus de la moitié des ventes totales dans le monde.
- En 2019, le pays compte plus de 2 millions de véhicules nouvelles énergies sur ses routes. Il en comptait déjà 500 000 en 2014.
- On espère que le nombre de véhicules à hydrogène surpasse 18 790 unités d’ici 2020.
- Un programme lancé en 2019 vise l’adoption exponentielle de l’hydrogène dans 10 villes chinoises, dont Beijing (5000 véhicules à pile à combustible d’ici 2020) et Shanghai (3000 de ces véhicules d’ici 2020 et 30 000 d’ici 2025).
Écosystème et aide gouvernementale
La force du projet développé à Auvergne-Rhône-Alpes découle, selon les promoteurs, de la mise en place d’un écosystème et de l’appui des différents paliers gouvernementaux. L’Union européenne, la région et les autorités locales s’impliquent notamment sous forme de subventions. « Pour qu’une telle initiative soit viable, il est impératif de développer un écosystème et des partenariats solides entre les autorités, les industries, les concessionnaires et les partenaires financiers », plaident les experts.
Même son de cloche du côté d’Everett Anderson, qui a présenté un projet au Danemark, également basé sur l’implantation d’un écosystème de mobilité à l’hydrogène. Celui-ci vise à mettre en place un réseau de 1000 bus de ville à pile à combustible à travers l’Europe d’ici 2023. Dans un premier temps, on planifie que 600 de ces véhicules rouleront sur les routes du Royaume-Uni, du Danemark et de la Lettonie. Une aide au déploiement du réseau de 40 millions d’euros est versée par l’Union européenne.
« Ce que nous pouvons retenir de tout ceci, conclut Bernard Frois, vice-président du regroupement International Partnership for Hydrogene and Fuel Cells in the Economy, c’est l’urgence de trouver un cadre et des normes pour le déploiement de l’hydrogène. Il faut créer des écosystèmes et des modèles concrets et les recréer ailleurs. Il faut regarder ce qui se fait dans le monde et reproduire des modèles qui fonctionnent, en fonction de la réalité qui diffère d’un pays à l’autre, évidemment. »