Les gestionnaires de parcs devraient s’intéresser aux véhicules autonomes parce que le développement de cette technologie rendra leur travail plus efficace et les routes plus sûres.
C’est du moins l’avis de Jennifer Haroon, présidente directrice générale de Nauto, une société californienne qui s’est donné pour mission d’améliorer le bilan routier des parcs. Lors du congrès international de la NAFA, elle a expliqué comment s’y retrouver avec les cinq niveaux d’automatisation.
Des opinions partagées
Même si l’on croit que les véhicules autonomes seront plus sécuritaires et intelligents que l’humain, beaucoup de gens demeurent craintifs face à leur utilisation, a-t-elle indiqué. Certains sont contrariés que des projets pilotes soient déjà effectués sur nos routes, tandis que d’autres appréhendent l’incapacité de ces technologies de faire preuve de moralité… « En cas d’accident, vont-ils choisir de sauver un enfant, un vieillard ou une mère de famille ? »
Une chose est certaine, les voitures autonomes vont changer le futur des villes. Elles offriront un meilleur accès au transport à des groupes souvent négligés parce qu’ils ne conduisent pas : aînés, jeunes ou personnes avec un handicap. Elles permettront aussi de gagner du temps puisque l’attention actuellement requise pour conduire ne sera plus nécessaire.
Partant du fait que 90 % des accidents sont causés par des comportements humains et que la machine réagit plus rapidement que l’homme, les véhicules autonomes ont surtout le potentiel de rendre les routes plus sécuritaires en réduisant le nombre d’accidents. Aux États-Unis, la route fauche 40 000 Américains par an (chez nous, c’est 1841 Canadiens), tandis que les accidents blessent annuellement 50 millions de personnes dans le monde.
Autonome, mais à quel point ?
Au niveau d’automatisation « 0 », le conducteur doit assumer tous les aspects de la conduite, hormis ceux censés garder l’habitacle confortable, comme le chauffage. À l’opposé, aux niveaux « 4 et 5 », le conducteur confie entièrement la conduite au système, sans intervenir, même en cas d’urgence.
Au niveau d’automation « 2 », le système se charge du volant, de l’accélération et du freinage, et les balises régissant l’utilisation sont clairement définies. Le conducteur doit constamment surveiller la route et être prêt à reprendre le contrôle lorsque le système le lui demandera. C’est le niveau le plus fréquemment observé dans les véhicules d’aujourd’hui.
Pour Mme Haroon, le niveau d’automatisation le plus dangereux est sans contredit le « 3 ». À ce stade, le véhicule peut se conduire par lui-même, reconnaître ses limitations et notifier le conducteur. Le problème vient du fait que ce dernier devra reprendre le contrôle si la technologie le lui dit. « Toutefois, observe l’experte, ça pourra être difficile d’agir adéquatement lors d’une situation d’urgence si quelques secondes auparavant, le conducteur ne se souciait plus de la conduite. Surtout quand on se rappelle que le temps de réaction de l’humain est plus long que celui de la machine… Bref, il y a de fortes probabilités pour qu’il ne puisse pas éviter l’accident. »
Définir les règles
Les gouvernements tardent à légiférer, mais un jour, vous achèterez des camions autonomes et voudrez savoir quelles règles les encadrent. De nombreuses questions devront toutefois être débattues avant que ces véhicules prennent nos routes d’assaut. Les machines – qui sont en constant apprentissage – devront-elles passer des tests (à l’exemple du permis de conduire) pour rouler sur la voie publique ?
En matière d’assurance, l’âge et le lieu de l’immatriculation dictent les coûts. Comment va-t-on déterminer le prix des assurances et la responsabilité ? « Une chose est sûre, les capteurs vont aider à déterminer les circonstances des accidents. » Convaincue du potentiel de la conduite automatisée, Mme Haroon croit que les parcs doivent utiliser dès maintenant les technologies d’aide à la conduite pour se préparer à l’arrivée des véhicules 100 % autonomes.