Une vingtaine de personnes ont pris part au lancement du tout premier véhicule d’autopartage mis en service par Autonomik!, le 19 septembre.
C’est à Saint-Jean-Baptiste, en Montérégie, que l’organisme d’économie sociale à but non lucratif a choisi de dévoiler son modèle d’affaires et ses projets. Comme c’est le cas dans plusieurs milieux ruraux de la province, la municipalité n’est desservie par aucun service de transport en commun – à l’exception du transport adapté – et elle espère que l’initiative incitera certains ménages à abandonner leur deuxième véhicule.
À terme, le projet veut avoir un impact sur les habitudes de transport des citoyens, en plus de les sensibiliser aux motorisations hybrides et électriques. La Chevrolet Volt servira de modèle de base pour la majeure partie du parc d’Autonomik!.
« Grâce à une subvention de 105 000 $ du Fonds de développement de la Vallée-du-Richelieu, le projet a pu voir le jour », a expliqué son directeur, Jean-François Lessard. D’ici la fin octobre, le service sera également offert dans six autres municipalités. L’organisme a aussi reçu 50 000 $ dans le cadre du Plan d’action gouvernemental en économie sociale pour l’implantation d’un service d’autopartage dans des résidences pour aînés de Vaudreuil, Longueuil, Châteauguay et Boucherville.
« Être un organisme sans but lucratif a ses avantages, a admis M. Lessard, puisque ça nous permet d’être éligibles à des subventions auxquelles les entreprises privées n’ont généralement pas accès, tout en réduisant les coûts pour les utilisateurs. » Toutefois, une fois lancé, le service compte s’autofinancer et s’étendre à l’échelle provinciale.
Des frais d’adhésion de 20 $ par mois seront chargés aux membres. Ensuite, ceux-ci seront facturés 3,50 $ de l’heure et 0,41 $ du km, puisque l’organisme souhaite qu’un maximum de personnes l’utilisent. Pour ceux que les frais mensuels rebuteraient – et pour favoriser l’accès aux personnes à faibles revenus – la voiture pourra aussi être utilisée de façon ponctuelle, avec un taux horaire majoré.
Une plateforme novatrice
Grâce à son partenaire technologique Hypra, nouvellement arrivé dans l’industrie du taxi, Autonomik a obtenu l’exclusivité québécoise pour l’exploitation d’un nouveau logiciel et d’une application mobile. Cette dernière permettra entre autres d’effectuer la réservation des véhicules en libre-service. Autonomik! veut aussi mettre ses technologies au service des entreprises qui souhaiteraient partager leurs véhicules, lorsqu’elles ne les utilisent pas.
Un peu comme avec Lyft, les particuliers pourront aussi rentabiliser leur véhicule en le louant, par exemple lorsqu’ils sont en vacances. Autonomik! signale qu’une fois les frais administratifs déduits, 80 % des revenus seront remis aux prêteurs. Toujours selon M. Lessard, la plupart des grands assureurs permettraient de telles locations, à condition de les avoir préalablement avisés.
Agrégateur de services
Même s’il a d’abord été lancé à petite échelle, Autonomik! a de grandes ambitions. Et devenir un agrégateur de services de covoiturage et de transport collectif en fait partie, à condition que les entreprises qui œuvrent déjà dans le milieu consentent à partager leurs données API.
La plateforme permettra éventuellement d’offrir des services de covoiturage, planifiés, ou en temps réels, à ses utilisateurs. Ainsi, une personne qui a proposé un trajet et qui est déjà en route pourrait recevoir une alerte, si quelqu’un souhaite prendre place à bord de son véhicule.
Aucune transaction ne sera effectuée entre les utilisateurs, tout passera par l’application. Alors qu’on entend de plus en plus parler de la transition énergétique et de la « mobilité en tant que service » Autonomik! entend se positionner comme un joueur de choix, en région et dans les banlieues éloignées, où l’offre de transport est souvent limitée et l’industrie du taxi et Uber, quasi-absents.