Tant que vous ne savez pas comment chercher l’information dont vous avez besoin, les mégadonnées ne sont rien d’autre que des données.
C’est dans les années 90 que le mot « mégadonnées » a été attribué au gigantesque flot d’informations provenant d’un peu partout. Ce tsunami n’a jamais cessé de déferler depuis ; bien que déconcertantes à première vue, les mégadonnées constituent toutefois une source de renseignements précieux pour le gestionnaire de parc automobile.
Selon Julie Hunter, spécialiste des solutions clients chez FleetCarma, les mégadonnées ne sont ni plus ni moins que de l’information granulaire, diffusée rapidement. « Leur grande précision et leur complexité exigent une analyse préalable avant qu’elles puissent être utiles au parc automobile, dit-elle. Elles serviront alors à optimiser l’efficacité, la productivité, la sécurité et les économies globales. Ces données valent leur pesant d’or puisqu’elles permettent d’analyser les activités actuelles, à partir desquelles un plan d’action basé sur la meilleure option pour l’entreprise et ses clients pourra être établi. »
Bien évidemment, l’analyse des données différera selon qu’il s’agit d’un parc de taxis ou d’un parc de véhicules municipaux. « Mais tous deux ont besoin d’une gestion et d’une analyse en continu des données, ajoute la spécialiste. Il faut aussi pouvoir les présenter de façon claire. »
Poste budgétaire important
Paul Wingate, conseiller stratégique principal chez Element Fleet Management, explique comment la société META Group (maintenant Gartner) a conceptualisé les mégadonnées. « Elle les définit comme étant les 3V : volume, variété et vélocité (la vitesse à laquelle elles nous parviennent), dit-il. À cela s’ajouteraient deux autres « V » : variabilité (l’inégalité des données) et véracité (leur crédibilité ou leur exactitude). »
Selon lui, la quantité d’informations représente de nouveaux défis à relever et de belles occasions à saisir pour les gestionnaires de parcs. « Quelles sont les équipes, les ressources et les technologies sur lesquelles vous pouvez compter pour obtenir les résultats souhaités ? », demande le conseiller stratégique.
Pour la plupart des entreprises, le parc automobile est un poste budgétaire important, et les gestionnaires de parcs comprennent l’importance de contrôler et de réduire les coûts ; c’est pourquoi ils doivent préciser clairement leurs objectifs. Certains sondages révèlent que la gestion de la sécurité et des risques est prioritaire pour la plupart des parcs. La question qui se pose alors est : « Comment puis-je tirer profit des mégadonnées pour mon propre parc afin d’en améliorer la sécurité et d’en réduire les risques ? demande M. Wingate. Plus votre parc est sécuritaire, plus votre rentabilité est élevée. »
Vous pouvez utiliser de façon fort pertinente des données provenant de plusieurs sources pour améliorer votre bilan en matière de sécurité. Ce qui inclut également les analyses prédictives. « En vous basant sur un nombre de facteurs variés, il vous est possible de prédire lesquels parmi vos conducteurs auraient besoin d’une formation complémentaire pour les aider à adopter une conduite plus prudente », dit-il.
Chercher le bon filon
Bien des gestionnaires de parcs cherchent à améliorer la gestion globale des données. « De plus en plus d’entreprises reconnaissent l’existence d’une quantité phénoménale de données qui doivent être converties en mesures concrètes pour améliorer leur rendement, ajoute le conseiller stratégique. Elles serviraient notamment à créer des mesures ciblées, à identifier les tendances et à déterminer des moyens de réduire les dépenses et le budget du parc automobile. »
L’utilisation et la rentabilisation des mégadonnées demandent évidemment certaines compétences. « Avez-vous chez vous un scientifique des données capable de trouver le bon filon ? questionne M. Wingate. Notre objectif est de cibler et de mettre en place des moyens innovateurs pour rendre les mégadonnées des parcs automobiles plus digestes pour nos clients. Pour cela, nous devons notamment combiner les données provenant de plusieurs sources, les interpréter, puis, à l’aide de graphiques et d’images, créer un message qui nous permettra de leur transmettre efficacement l’information afin qu’ils puissent établir ensuite un plan d’action précis. »
Détecter les valeurs aberrantes
Il pourrait s’agir par exemple d’identifier ce qu’Harvey Smith, directeur du développement des produits chez ARI, appelle les « valeurs aberrantes ».
« Il faut pouvoir présenter les données de façon claire. » — Julie Hunter, spécialiste des solutions clients, FleetCarma
Selon lui, les mégadonnées peuvent contribuer à optimiser le rendement d’un parc automobile. « C’est la règle du 80/20, dit-il. Il faut mettre le doigt sur les 20 % de véhicules qui génèrent 80 % des dépenses. Ce sont eux, les valeurs aberrantes. »
Les mégadonnées peuvent contribuer à cibler les délinquants, ceux dont le coût des déplacements est le plus élevé au kilomètre par rapport à l’ensemble du parc. « Une fois ces valeurs aberrantes repérées, il s’agira de trouver la source d’un tel comportement, poursuit-il. Est-ce le conducteur ? Une mauvaise utilisation du véhicule ? »
Une fois la cause déterminée, cette information peut servir à prédire quels autres véhicules semblent tendre vers le même comportement. « Vous devez examiner les données de fonctionnement de l’ensemble du parc automobile », explique le directeur.
C’est ce qu’il appelle les « cinq grands facteurs » : entretien préventif, réparations planifiées, réparations non planifiées, influences externes et coûts de location. Les influences externes sont directement liées aux conducteurs : si l’un d’eux endommage un véhicule – une crevaison, par exemple – cela compte pour une influence externe, dit M. Smith. Voilà ce que notre système de gestion de parc surveille. Nous pouvons établir les prédispositions de l’ensemble du parc, examiner les mesures et cibler les véhicules qui dérogent d’un comportement normal, afin de prendre des mesures prescriptives. »
Déchiffrer les données
Selon Mike Rusch, président de Jim Pattison Lease, les mégadonnées peuvent être obtenues à partir de deux sources : les cartes de crédit pour l’essence et l’entretien, et le véhicule lui-même. « Un système de télématique permet d’obtenir l’information directement du véhicule, ditil. C’est une chose de pouvoir rassembler l’information, mais c’en est une autre de la présenter aux gestionnaires de parcs de façon compréhensible. »
Avec les efforts de rationalisation dans les entreprises, les gestionnaires de parcs en ont plein les bras et disposent de moins de temps pour analyser les données provenant des cartes de crédit. « Que cherchez-vous ? demande-t-il. Votre système doit pouvoir déchiffrer les alertes et les notifications, et vous indiquer ce qui est vraiment important. Voici ce qu’il faut retenir avec les mégadonnées : c’est bien d’avoir accès à autant de données, mais lesquelles sont réellement pertinentes ? »
Les mégadonnées peuvent contribuer à améliorer la sécurité, l’efficacité, le contrôle des coûts et la commodité. « Nous tentons d’aider nos clients à assurer la sécurité de leurs conducteurs et à rentabiliser le plus possible leurs véhicules », ajoute le président.
De là l’importance d’un système capable de déchiffrer les données pour n’en retenir que l’essentiel. « Les véhicules comporteront toujours des anomalies dont il faudra tenir compte, dit-il. Cela fait toute la différence quand on peut en faire le suivi et produire des rapports synthèses. Autrement, on est surchargé de données. Chaque parc possède un véhicule problématique, mais encore faut-il pouvoir en prendre la mesure. Voilà ce dont vous avez besoin pour gérer votre parc de façon efficace. »