Cette année, le prix du carburant dicte la valeur de revente.
Pas besoin de chercher pour voir les types de véhicules prisés par les consommateurs et les gestionnaires de parcs. Il suffit d’aller à la station-service du coin.
Le prix de l’essence continue d’influencer la tendance : les VUS et camionnettes restent premiers au palmarès. « Au moment où nous pensions voir les gens se détourner des gros véhicules, les ventes de VUS et de multisegments ne cessent d’augmenter », affirme Brian Murphy, vice-président au contenu et à la recherche pour le Canadian Black Book.
Le même phénomène touche le marché des camionnettes, et la faible valeur du huard pèse aussi dans la balance. « Le prix des camionnettes et des VUS se maintient grâce aux exportations, ajoute M. Murphy. La plupart des gens pensent qu’ils vont repartir à la hausse, ce qui correspond à notre prévision à long terme. Mais qui sait quand la remontée se produira ? »
Les exportations canadiennes s’élèvent à quelque 200 000 véhicules par année. « Avec l’afflux de véhicules usagés sur le marché américain, alimenté par le nombre croissant de véhicules en fin de bail, nous verrons assez rapidement une correction des prix au Canada, surtout si notre dollar reprend de la valeur », ajoute-t-il.
Les idées de M. Murphy constituent surtout des éléments de réflexion et n’expriment pas une opinion arrêtée. « Si le huard atteint les 88 ¢ US, les exportations ralentiront, car il n’y aura plus d’avantage financier pour les exportateurs canadiens. »
Décision d’affaires
Pendant ce temps, le faible prix de l’essence freine l’essor des véhicules électriques et hybrides. « Il restera la raison écologique pour justifier l’achat d’une hybride, poursuit Brian Murphy. Mais le prix du carburant mine la motivation des acheteurs. »
L’industrie a subi d’énormes pressions de la part des gouvernements et des automobilistes pour réduire la consommation des véhicules, et les constructeurs ont dû investir des milliards de dollars pour se conformer aux nouvelles normes. « Les gestionnaires de parcs qui ont opté pour le diesel ou les technologies hybrides ont eu raison au moment où ils l’ont fait. Vu les prix actuels du pétrole, leur décision peut sembler moins pertinente », conclut M. Murphy.
Les véhicules électriques, comme la Nissan Leaf et la Mitsubishi i-MiEV, souffrent d’une valeur de revente trop faible, à cause notamment de la nouveauté des technologies et de leur évolution rapide. Des modèles comme la nouvelle Chevrolet Bolt proposent une plus grande autonomie, ce qui en fait de redoutables concurrents pour les modèles plus anciens.
La Leaf conserve environ 33 % de sa valeur après trois ans, ce qui est substantiellement inférieur à celle d’un modèle à essence comme la Versa Note, qui garde près de 42 % de sa valeur après trois ans. Quant à la Chevrolet Volt, une hybride à autonomie prolongée, elle conserve pas moins de 48 % de sa valeur pour la même période.
« Du côté des hybrides, la technologie s’est beaucoup améliorée dans les dernières années, et les ingénieurs font moins de compromis », fait remarquer M. Murphy.
Le Wrangler surprend
Le Jeep Wrangler cause la surprise. « Il conserve 79 % de sa valeur. Un record ! lance M. Murphy. Ce modèle brise toutes les règles. Il attire la convoitise des automobilistes. Quand des Wrangler usagés arrivent à l’encan, ils partent à des prix très élevés. Même les dommages à la carrosserie ne semblent pas réduire l’attrait qu’exerce ce modèle. »
Si plusieurs pensent que c’est aussi le cas de la Volkswagen TDI, la réalité est toute autre. « Les rappels ont peu d’effet sur la valeur de revente, même après plusieurs années, soutient Brian Murphy. Nos données le prouvent. Volkswagen constitue une exception. Il faudra voir ce que le constructeur allemand réserve aux propriétaires canadiens de TDI. »
M. Murphy croit aux vertus de la patience dans le cas du Groupe Volkswagen (Volkswagen, Porsche, Audi). « Il y a encore des TDI usagées à vendre, mais les concessionnaires ont cessé d’en offrir des neuves. Elles gardent leur valeur, car la plupart des gens recherchent encore ces voitures pour leur durabilité et leur efficacité énergétique. »
Les VUS de taille moyenne tiennent le haut de la liste
Même le marché des véhicules diesel subit le contrecoup de la baisse des prix du pétrole. Selon Brian Murphy, c’est un peu comme le cas des hybrides. « La durabilité et la faible consommation restent de bonnes raisons d’opter pour le diesel, mais ces facteurs pèsent moins lourd vu le faible prix de l’essence. Les moteurs diesels d’aujourd’hui sont de petites merveilles, mais ils coûtent plus cher. Leur durabilité reste cependant un atout de taille pour les gestionnaires de parcs. »
Les fourgonnettes pleine grandeur sont en général plus populaires que leurs cousines plus petites, toujours à cause du prix du carburant. « Cela dépend du constructeur, lance le gestionnaire. La marque compte pour beaucoup dans la valeur qu’on accorde à un véhicule. On le voit dans les mises faites à l’encan. Par exemple, les Mercedes Sprinter ont plus de succès que les Nissan. »
Les fourgonnettes compactes ont quand même l’avantage d’être plus maniables dans l’espace urbain. « Pour l’instant, les grosses fourgonnettes ont la cote. »
Miser sur le bon cheval
Le Canadian Black Book a publié cette année son palmarès des meilleures valeurs de revente, en pourcentage du PDSF, pour les véhicules de quatre ans (2012). Comme on pouvait s’y attendre, les VUS intermédiaires se retrouvent en tête de liste avec 71 % de leur valeur à neuf. Les marques japonaises se retrouvent pas moins de 27 fois aux trois premières places, soit dans près de la moitié des catégories.
Des véhicules écoénergétiques se sont bien classés dans deux catégories : la Toyota Prius v a remporté la première place dans la catégorie « compactes », alors que la Toyota Prius c s’est classée deuxième des sous-compactes.
« Les valeurs de revente représentent un pourcentage des prix de vente d’il y a quatre ans, rappelle Brian Murphy. Comme nous sommes très proactifs, nous suivons déjà l’évolution des modèles 2017. »