La plus étonnante manifestation de la vie est ce que le « moteur » des gens les plus actifs les amène à faire pour soi et les autres.
En 1955, Jean-Yves Otis était fou de joie en obtenant d’un des barbiers de Carleton-sur-Mer le permis l’autorisant à conduire de ces camions dont il rêvait tant.
Ainsi en allait-il à cette époque où les relations politiques faisaient foi de tout, même si l’examinateur n’avait pas osé prendre la route au côté de ce jeune mordu de 17 ans venant de Price.
Serviable de nature, i l prenait aussitôt le volant pour livrer fruits et légumes grâce à un beau-frère ; 13 ans plus tard, il passait à la crème glacée pour un cycle de 12 ans, terminé à l’achat de la station-service Texaco de la station balnéaire.
Un roc réjouissant
Encore au poste et pétant comme 400 000 volts malgré ses quasi 82 ans, Jean-Yves demeure le coeur et l’âme d’un garage comprenant bien plus que les services de mécanique et de carburant.
De l’automne au printemps, on l’y trouve d’ailleurs du lever au coucher du jour, distribuant volontiers le café et faisant les pleins pour la 500 000e fois ou plus.
De génération en génération, les gens du coin aussi bien que les abonnés du tour de la Gaspésie sont rassurés de le voir les servir et les dépanner décennie après décennie, dans ce centre balnéaire de la Baie-des-Chaleurs.
Le tout-service et plus
Pour les automobilistes, le garage Otis est encore de ces rares stations-service qui, comme à l’origine, réservent un accueil sans pareil et dépannent en tout temps et toute situation.
En plus de l’entretien mécanique, du carburant et du lave-auto, on y offre tantôt le propane et la glace, tantôt le déneigement des entrées et des stationnements, mais surtout l’assistance routière et le remorquage.
À ce propos, son équipe répond de jour comme de nuit aux urgences signalées dans le triangle formé par Maria, Pointe-à-la-Garde et le mont Albert, incluant ces lieux sacrés que sont Miguasha et le mont Saint-Joseph.
Café et hockey
Jean-Yves, qui affirme n’avoir jamais fumé, prend donc quotidiennement le chemin de la station-service qu’il partage avec son fils avec le même enthousiasme qu’à ses premiers jours, en 1981.
Son oxygène, son énergie, il les puise tant dans l’air vivifiant de ce haut-lieu de villégiature qu’est Carleton-sur-Mer, que dans sa relation amicale avec ses clients et amis.
Ce n’est d’ailleurs pas que la nécessité qui les y amène, mais la bonne odeur d’un café à siroter en jasant de tout et de rien, sinon avant tout de hockey près de dix mois par année !
Le trio idéal
Camionneur de métier et conseiller de bon aloi, Jean-Yves Otis a toujours répété que si les affaires roulent aussi bien depuis des années, le crédit en revient grandement à sa femme.
Enseignante de carrière, Mariette, qui a transmis son savoir administratif à leur fils, n’a jamais hésité à troquer la baguette et le tableau vert pour la comptabilité et la gestion, également relayée par Martine, sa belle-fille.
Quant à l’aspect de l’entretien mécanique, il a toujours eu le flair de s’en remettre à des employés jugés fiables et compétents, comme ses clients de toute génération n’ont cessé de le confirmer.
Le pouvoir du rêve
Sa longue carrière de garagiste, qu’il a entreprise au tournant de la moitié de sa vie, Jean-Yves la doit donc d’abord à ce beau-frère de Carleton qui lui avait permis de réaliser un rêve qui l’anime toujours.
« AU COIN DU FEU »
À près de 14 000 jours de service continu, Jean-Yves Otis ne voit pas encore le moment où il pourrait se retirer. Fanatique de hockey comme aux heures de gloire des Canadiens, il entretient la flamme par une « Ligue du vieux poêle » dont le quartier général est évidemment son garage.