Pour l’enseignant Benoit Ménard, l’apprentissage offert par les centres de formation doit être complété de façon structurée une fois que l’étudiant arrive dans l’atelier.
Lui-même formé au centre Compétences 2000 de Laval, là où il enseigne la mécanique automobile depuis maintenant 19 ans, M. Ménard a une vision vraiment claire de la collaboration qui devrait exister entre les écoles et le milieu du travail.
« Notre mission est d’apprendre à marcher aux étudiants en mécanique automobile. C’est ensuite aux gestionnaires d’ateliers de leur apprendre à courir, illustre l’enseignant. Si l’on fait faire des tâches limitées aux stagiaires et aux apprentis, comme remplacer des pneus ou changer des freins, ils ne progresseront pas dans leur apprentissage. »
Une meilleure préparation
S’il est d’accord sur l’importance de suivre les technologies pour s’assurer que les étudiants sont bien préparés aux réalités du marché du travail, il considère que les ateliers ont un rôle très important à jouer pour compléter leur développement. « Il faut qu’à leur entrée, ils sentent qu’ils seront accompagnés. Je recommande la préparation d’un programme de formation complémentaire qui va permettre à l’apprenti de toucher à tous les systèmes de la voiture. Il sera ainsi mieux armé pour passer son examen d’obtention de ses cartes de compétence. »
Benoit Ménard déplore que certains ateliers aient encore recours à du personnel non qualifié pour exercer des tâches de réparation mécanique. En fait, selon notre réglementation, rien n’empêche d’engager des gens sans formation pour réaliser des travaux de mécanique. « C’est comme si ces travailleurs apprenaient leur métier sur le tas, en pratiquant sur les voitures des clients. Nous sommes en 2019, il faut structurer notre marché, il faut ouvrir nos portes aux diplômés d’études professionnelles », tranche-t-il.
Alternance travail-études
Selon M. Ménard, les enseignants eux-mêmes pourraient bénéficier davantage de possibilités de perfectionnement professionnel. Il croit qu’une meilleure collaboration avec l’industrie du marché secondaire ferait progresser le niveau des compétences sur toute la chaîne.
Travaillant à mettre au point un programme d’alternance travail-études pour la session d’automne, M. Ménard croit en la complicité qu’il faut resserrer entre les écoles et les ateliers. Mais il sait qu’une partie plus importante de la formation reposera maintenant entre les mains des gestionnaires d’ateliers et espère que la qualité sera au rendez-vous.
« Nous voulons partager notre passion pour l’automobile en plongeant nos jeunes dans des conditions réelles de travail. Mais nous espérons que l’atelier comprendra comment il est important pour ces stagiaires de se plaire dans notre secteur. Il faut qu’ils découvrent le plaisir d’identifier et de solutionner un problème complexe, par exemple. Les jeunes aujourd’hui ont le choix parmi tout un catalogue de métiers, souvent plus payants que le nôtre. En les recevant chez nous, même si l’atelier n’a pas besoin d’un technicien dans l’immédiat, il faut leur démontrer que c’est un secteur stimulant où ils auront l’occasion de se construire une belle carrière. Et ça, c’est notre responsabilité à tous. »