En lançant le Programme des associés en services automobiles (PASA) au début de l’année, l’Association des industries de l’automobile du Canada (AIA) veut se doter de nouvelles armes.
Ce sont les distributeurs de pièces qui ont fondé l’AIA il y a 75 ans. Au fil des années se sont greffés des fournisseurs, mais aussi les grands réseaux d’ateliers. Ce que veut maintenant l’AIA, c’est ajouter ce que Jean-François Champagne, président de l’AIA, considère être le chaînon manquant à la représentativité de son association, en ouvrant la porte aux ateliers à titre d’associés.
« Nous entreprenons actuellement des batailles de première importance sur le droit de réparer et sur l’accès aux données des véhicules, souligne M. Champagne. L’accès aux sites des constructeurs étant de plus en plus complexe, nous avons besoin de l’appui des ateliers dans nos démarches auprès des instances gouvernementales. En leur ouvrant la porte à titre d’associés, nous voulons solidifier notre représentativité de tout le marché secondaire automobile. »
Plus proche du terrain
Le conseil d’administration de l’AIA a donné son aval à cette stratégie avant que le PASA soit mis en branle. Le coût de l’adhésion au programme a été établi à 179 $ pour les ateliers, qu’ils soient de mécanique ou de carrosserie, ou encore qu’il s’agisse de centres de pneus. Grâce à cette adhésion, l’atelier pourra avoir accès à des études et à des rapports de l’AIA, mais aussi à diverses plateformes visant à mousser sa visibilité ou à le soutenir dans sa recherche de main-d’oeuvre.
Puisque des associations représentent déjà les ateliers, notamment la CCPQ ou l’ASPMQ au Québec, l’AIA propose la formule d’ateliers associés. « Nous ne voulons pas remplacer l’adhésion aux associations locales, souligne M. Champagne. Ce n’est pas de choisir l’un ou l’autre. Nous devons être partenaires et complémentaires. Mais je comprends qu’il peut y avoir des inconforts. »
Le président de l’AIA Canada fait aussi remarquer que plusieurs secteurs du marché secondaire se croisent maintenant, qu’il s’agisse d’ateliers de carrosserie qui se mettent à la réparation de pare-brise ou, plus courant encore, de centres de pneus qui bonifient leur offre de services de mécanique.
« Il faut porter la revendication du droit à réparer à un autre niveau. Nous devons arriver devant les instances gouvernementales avec une masse critique d’ateliers pour leur faire bien comprendre que nous ne sommes pas là uniquement pour parler de pièces de remplacement. Bon nombre d’ateliers sont déjà présents par le truchement des réseaux membres de l’AIA. Mais nous voulons maintenant un engagement direct et nous rapprocher du terrain. Nous avons besoin que les ateliers indépendants prennent parti dans nos démarches pour faire avancer leurs dossiers. »
Un comité consultatif sera d’ailleurs remis en activité afin que les ateliers associés aient la possibilité d’exprimer leur réalité à la direction de l’AIA.
Saine concurrence
Roger Goudreau, directeur exécutif de la division québécoise de l’AIA Canada, fait la promotion de ce programme à tous les évènements où il est présent depuis le début de l’année. « Pour les ateliers les plus avancés, les enjeux de l’accès aux données et aux sites des constructeurs commencent à se faire sentir sérieusement. En demandant leur appui, l’AIA veut préparer une grande bataille auprès du gouvernement pour faire reconnaître la nécessité d’un accès aux données des véhicules afin de pouvoir les réparer correctement. Il faut contrecarrer la stratégie des constructeurs, qui veulent pousser l’entretien chez leurs concessionnaires. Les garagistes avec qui je parle du PASA sont préoccupés face à l’avenir et veulent garder une saine concurrence. En passant, si l’on ne peut avoir accès aux données des véhicules ou aux sites des constructeurs, il nous sera impossible de réparer les voitures de façon sécuritaire. Et la sécurité des automobilistes sera un argument soulevé lors de nos rencontres avec le gouvernement. »
Des forces vives
Linda Donnini, qui a jusqu’à récemment oeuvré au sein du groupe Uni-Sélect, fait son entrée à l’AIA à titre de vice-présidente des relations avec les membres. Elle sera aussi associée au développement du PASA. Cette embauche annoncée le 6 mars, parmi d’autres d’importance, démontre la volonté de l’AIA de passer à la vitesse supérieure dans sa négociation avec les instances gouvernementales dans la reconnaissance du droit à réparer et de la liberté du consommateur de choisir à qui il va confier l’entretien de sa voiture.