J’ai reçu avec plaisir une note de mon rédacteur en chef me suggérant de traiter de l’importance des vétérans au sein des organisations.

Il tombait bien, car je suis un de ces vétérans qui a vécu toutes ces expériences de transition au cours des dernières décennies.

Je me permettrai cette fois de faire référence à ce que j’ai personnellement vécu, afin de mettre en lumière le fait que l’expérience peut compléter le nouveau savoir et la connaissance de la relève.

Un ordi portable

Je me souviens, au tournant du siècle dernier, d’avoir aperçu sur mon bureau un truc électronique qui devait désormais me servir d’outil de travail indispensable. Un ordinateur portable, un laptop.

La nouvelle politique de la compagnie indiquait que l’ère du papier était désormais révolue et que tous les communiqués, lettres et directives seraient acheminés électroniquement. Ne sachant pas utiliser un clavier, j’ai dû me résoudre à retourner sur les bancs d’école à l’âge ou les gens préparent leur retraite.

La différence

Comme gestionnaire, j’avais l’habitude d’assister à des sessions de formation ou à des séminaires qui amélioraient mes connaissances et ma compétence.

Mais cette fois, je recommençais l’école en première année. Mon professeur avait l’âge de ma fille et je devais composer avec le nouveau jargon de l’informatique à travers Word, Excel et PowerPoint. Je devais donc faire acte d’humilité en apprenant à écrire, cherchant mes lettres sur le clavier…

J’ai compris que la connaissance ne se transmettait désormais plus seulement par les aînés, comme au cours des derniers siècles. Je devais accepter le fait qu’à la venue de l’ère électronique, nos enfants devaient contribuer à notre formation en entreprise.

Cette anecdote décrit bien le changement profond du dernier quart de siècle. Ma génération et les précédentes avaient coutume de garder un respect envers les aînés, car ils possédaient le savoir.

Ce savoir n’est maintenant plus exclusif aux plus âgés. Il est transmis par les deux générations et doit être bilatéral. Les vétérans comme moi doivent désormais maintenir ce même égard envers les jeunes et le même respect qu’eux nous accordent.

L’impact sur l’entreprise

J’ai remarqué le comportement des jeunes à l’égard des gens de ma génération lors d’une rencontre de comité de gestion. Un des jeunes gestionnaires m’a fait la remarque suivante : « M. Primeau, j’aime beaucoup votre présence lors de nos réunions. J’aime vous écouter témoigner de ce que vous avez vécu, décrire des problèmes que vous avez rencontrés et les solutions que vous y avez apportées. Nous, les jeunes, nous n’avons pas cette référence. Ces expériences de vie inspirent confiance. »

Il y avait dans cette remarque une reconnaissance de la sagesse des aînés et un respect des différences de génération.

Voilà un exemple de l’impact des vétérans sur le fonctionnement d’une entreprise. Il réduit l’écart entre les générations, favorise la transmission du savoir et assure la pérennité de l’entreprise.