Si l’on croit les rumeurs de corridor et certains discours de pseudo-futurologues, on criera forcément au loup.
Selon les ouï-dire de coulisses, les techniciens sont de nouveau en péril, et même l’ensemble de l’industrie ! Comme j’ai entendu de ce type de blague en 45 ans de métier !
Pourtant, depuis les années 1960 et l’apparition d’un système de charge à courant alternatif électroniquement redressé, l’alternateur, comme les garagistes, a survécu à au moins six apocalypses. Tous croyaient que l’époque des mécanos était alors révolue, puisque seul un électronicien allait être capable de diagnostiquer ce nouvel élément, nous disait-on.
De choc en choc
Début 1970, les crises se succèdent : allumage électronique, antipollution, injection électronique, multiplication des ordinateurs et réseautage, qui amènent certains techniciens à migrer vers le diesel. Ont suivi : l’arbre à cames variables, le contrôle de l’ouverture des soupapes et la gestion de l’injection des diesels : des technologies hypertripantes. Cependant, aussi captivante que soit cette évolution, l’enthousiasme pour le métier en a ensuite pris un coup avec l’arrivée des hybrides et, surtout, des véhicules électriques.
Les avancées provoquent aussi l’essoufflement de certains joueurs à tous les niveaux de l’industrie de même que des craintes chez nos clients, lesquelles sont souvent exploitées par les médias.
La relève de l’heure
L’actuelle et présumée apocalypse a par contre quelque chose de fort particulier. Autant elle décourage les spécialistes de la mécanique proprement dite, autant elle devrait plutôt nous être bénéfique.
Le fait est que les défis reliés aux nouveaux concepts et à l’informatique avancée devraient avantageusement attirer les Y et ces Z nés en ce 21e siècle hautement technologique.
Comme les exigences de la clientèle sont de plus en plus grandes et que l’erreur est de moins en moins tolérée, embaucher cette relève de nouvelle génération est devenue une priorité absolue.
L’objectif premier
Aussi accueillantes que soient nos salles d’attente, nos clients, qui ont une vie à vivre et qui misent sur la mobilité pour en profiter au maximum, n’ont plus le temps de retourner chez un garagiste pour un problème non réglé.
Si l’objectif premier était, il y a peu, de remplir nos plages horaires, il est évident qu’en raison de la pénurie de personnel qualifié ou non, c’est sur cette nouvelle relève techno qu’il faut se concentrer.
Ce qu’on vit présentement – qui a de quoi nous faire craindre de nous retrouver très bientôt dans une situation s’apparentant étrangement à l’engorgement du système de santé – ne nous laisse aucun choix.
Mot d’ordre : agir
Quand on sait à quel point on a su relever les défis des dernières décennies, les ragots sur la fin de l’industrie m’inquiètent moins que l’annonce de la fin du monde… à condition d’agir.