Les dates sont importantes dans la mesure où elles correspondent à des évènements qui ont une portée majeure. Le 4 décembre 1973 est de celles-ci.
Le jour où Pierre Beaudoin est devenu patrouilleur au Club automobile de Québec, personne n’aurait prédit qu’il serait en peu de temps l’homme de toutes les urgences et un pilier de l’industrie.
Esprit cartésien d’un rare calibre, génie de l’organisation sculpté au burin des principes de la mécanique et de la physique appliqués à l’automobile, sa signature aura été celle d’un géant.
Entièrement consacré au service à tous égards, au sens le plus gratuit et le plus efficace du terme, il est incontestablement celui dont l’avant-gardisme a notamment fait de CAA-Québec un modèle nord-américain.
Un incalculable dû
D’une humilité qui n’a d’égal que le don qu’il a de comprendre à fond toute situation, aussi bien que de trouver des solutions logiques à tout problème, un nombre incalculable de membres lui doivent gros.
Son attitude a toujours été la même, qu’il se soit agi de dépanner il y a 43 ans, d’oeuvrer comme pompiste ou encore de gérer les services automobiles en mettant l’accent sur un entretien préventif de tout premier niveau.
Quant à son extrême souci de l’efficacité, sur quoi il a fondé toute sa carrière, tous reconnaissent que rien ne saurait mieux le définir que le fait qu’il aura été disponible 24 heures sur 24, tous congés compris.
Dépassement et innovation
Constamment à l’affût de la moindre idée pouvant optimiser l’offre et la livraison de services aux centaines de milliers de membres de CAA-Québec, il n’a cessé d’innover avec le concours de ses équipes.
Les réalisations dont il a été à l’origine ont toujours été marquées par sa propension naturelle au dépassement et à une innovation suscitée par l’urgence ou l’à-propos de faire davantage et mieux.
Nul sur le continent n’a eu à affronter des crises aussi majeures que celles des dizaines de milliers de dépannages à effectuer lors de périodes de 24 ou 48 heures de très grands froids.
Priorité au personnel médical
Ainsi, lors de la vague de froid arctique la plus critique des années 80, a-t-il émis ladirective d’accorder priorité au démarrage
des véhicules des médecins et du personnel infirmier.
À l’exemple d’une pratique militaire de jadis, il a aussi adopté en situation extrême la formule consistant à liquéfier l’huile, alors minérale, en la chauffant sous le véhicule par le carter d’huile.
Il a également créé une flotte d’urgence formée de camionnettes équipés de batteries, bidons d’essence et équipement de déverrouillage et, plus tard, de remorques comprenant brûleurs, huile, survolteurs, café et couvertures.
Sur terre comme sur mer
C’est aussi sous sa direction que le Réseau des garages recommandés a instauré les centres d’inspection automobile CAAQuébec, dont certains sont également mandataires de la SAAQ.
De plus, alerte face à tout ce qui est de première utilité pour les membres, il a non seulement collaboré à la mise sur pied à Sainte-Foy du premier centre d’appels, mais aussi à la création du Super Service devenu CAA Plus.
Par conséquent, il n’est pas étonnant qu’il ait vu à ce que CAA-Québec offre un service de dépannage nautique à l’occasion de Québec 84, un moment où la circulation maritime a été fort dense.
Au front pour un PIEVA
Son action est loin de s’être limitée aux initiatives exceptionnelles dont il a également permis la réalisation dans le cadre des services techniques et des services-conseils dont il a dirigé les équipes de 1991 à 2016.
Il faut retenir que Pierre Beaudoin, ardent défenseur de l’environnement, a été du premier groupe de l’industrie à avoir répondu à l’appel de l’AQLPA visant à ce que le Québec ait un programme de contrôle des émissions.
En plus d’avoir fait à ce sujet plus que sa part, en tenant entre autres de nombreuses cliniques d’inspection gratuite, il a été président de la Table de concertation sur l’environnement et les véhicules routiers.
Précurseur de Clé Verte
Le Québec doit à cet homme qui a toujours joint l’acte à la parole d’avoir plus que promu le respect de l’environnement chez les garagistes de toutes allégeances.
En exigeant en 2010 que les membres des garages recommandés CAA-Québec affichent sans exception la certification Clé Verte et la renouvellent régulièrement, il atteignait un but depuis longtemps visé.
De fait, il est notoire qu’il n’est pas étranger à la création de cette certification, puisque dans les années 90, il avait créé une autre première en implantant un service de récupération des huiles et des fluides.
La voix du bon sens
Tout aussi actif sur le plan du soutien particulier aux automobilistes membres du « Club automobile », son nom est directement associé aux ententes d’arbitrage et de médiation conclues avec la CCAQ, l’AMVOQ et le PAVAC.
Que ce soit à titre de membre de l’AIA-Québec, du CSMO ou de la Table de concertation, ou encore d’expert sollicité par les médias, son approche en matière de professionnalisme a toujours été la même.
Sur toutes les tribunes, tant celles des commissions parlementaires que celles des congrès et des divers évènements de l’industrie, il aura prôné un avant-gardisme dont il a témoigné à souhait et de façon concrète.
De 73 à l’électrique
Toujours branché, l’un de ses derniers apports majeurs aura eu trait à l’essai de véhicules électriques par les visiteurs des salons de l’auto, et à la mise en place du service à la clientèle du circuit de bornes de recharge.
Dans la transition entre le XXe et le XXIe siècle, l’influence de Pierre Beaudoin aura été aussi considérable que déterminante.