Un peu provocateur, le dernier éditorial d’AutoJournal intitulé Quelle pénurie ? a fait sourciller Robert Poëti, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec (CCAQ).
Si par cette perspective, nous souhaitions démontrer que la pénurie était vécue moins péniblement par les entreprises qui offrent de meilleures conditions à leurs employés (horaires flexibles, reconnaissance, défis et possibilités d’avancement), M. Poëti considère que cela aurait pu être laisser entendre que si tous les concessionnaires augmentaient les revenus de leur personnel, le problème se résorberait de lui-même… ce qui n’est absolument pas le cas.
Plus criant en région
« Non seulement la pénurie est bien réelle, affirme M. Poëti, mais dans certaines régions, elle est vécue plus difficilement que dans les grands centres, puisque l’industrie automobile doit s’y mesurer à d’autres secteurs, comme les sociétés minières, alors qu’elles disposent d’un bassin de main-d’œuvre vraiment restreint. » C’est entre autres ce que l’on observe en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord.
Même dans les grandes villes, complète-t-il, on voit que tous les secteurs sont touchés. Il n’est plus rare de voir des restaurants réduire leurs heures d’ouverture, par manque d’effectifs. À ce propos, le McDonald de Val-d’Or avait défrayé les manchettes à l’automne parce que même en offrant un revenu supérieur au salaire minimum, il n’arrivait pas à embaucher assez d’employés pour assurer tous les quarts de travail.
Les taux de chômage que l’on enregistre en ce moment sont historiquement bas, rappelle le PDG de la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec, et la situation prendra possiblement une quinzaine d’années à se résorber, puisqu’il s’agit d’un phénomène cyclique, aggravé par le départ à la retraite de nombreux baby-boomer.
Des actions en cours
En tant que Corporation, c’est une problématique que nous prenons au sérieux, assure-t-il, et des actions sont en cours pour y remédier. » À ce propos, la CCAQ revient justement de missions effectuées en Tunisie et au Maroc afin d’attirer des travailleurs étrangers désirant venir travailler dans le domaine de l’esthétique automobile ou de la carrosserie.
L’automobile, c’est la 2e force économique au Québec, immédiatement après la construction, rappelle Robert Poëti. Ce sont des entreprises qui fournissent des emplois de qualité, dans l’ensemble de la province. Il faut agir dès maintenant afin de réussir à se démarquer comme industrie pour que les concessionnaires puissent demeurer des moteurs économiques dans leur région respective.
Des postes névralgiques
Selon un sondage mené l’automne dernier par la CCAQ, ce sont dans les secteurs du débosselage (89 %), de la peinture en carrosserie (82 %) et de la mécanique (62 %) que les concessionnaires peinent le plus à trouver des candidats pour combler des postes à pourvoir.
Un taux de chômage historiquement bas
Au Québec, le taux de chômage se situait à 4,9 % en juin, égalisant ainsi le plus bas taux observé en un peu plus de 40 ans, selon Statistique Canada. Dans la grande région de Québec, il atteignait 2,4 %, soit le plus bas taux enregistré au Canada pour cette période.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, le nombre de poste à combler dans l’ensemble de la province a bondi de 38 % en une seule année. Le Conseil du Patronat estime pour sa part qu’entre 2015 et 2024, 1 million de travailleurs quitteront le marché du travail.