Vers une année près du record, malgré une légère baisse au Canada.
L’incertitude du commerce est encore élevée en Amérique du Nord, mais de nouvelles données suggèrent que l’économie canadienne est plus résiliente que prévu face aux politiques du président américain Donald Trump, au fort investissement local des entreprises et au bon rythme de croissance aux États-Unis. Au Canada, les ventes de nouveaux véhicules demeurent sous les niveaux records et vont certainement décroître légèrement en 2018. Les ventes aux États-Unis devraient faire de même.
Nos prévisions de croissance du PIB passent des 2 % prévus en juillet à 2,2 %. Malgré les taux d’intérêt élevés et un refroidissement de la confiance des consommateurs, la consommation des ménages s’accentue en raison de la forte hausse du revenu disponible grâce à la vigueur continue du marché du travail et à la hausse des salaires.
Une chute modérée
Au Canada, le volume des ventes a chuté de 1,6 % en juin par rapport à l’an dernier, marquant une baisse minime de 0,3 % par rapport à l’an dernier pour le premier semestre. Aux États-Unis, les six premiers mois ont connu une augmentation de 1,1 %, stimulée par une hausse des achats de 5,3 % en juin. Toutefois, cette augmentation, expliquée en partie par de mauvais chiffres de vente automobiles, s’appuie sur les résultats du premier semestre de 2017. La seconde moitié de 2017 a connu une augmentation globale des ventes, notamment en raison du remplacement de véhicules perdus lors de sinistres, comme l’ouragan Harvey au Texas. Cependant, puisque les résultats de la première moitié de l’année se fondent uniquement sur la publicité discrète de l’année précédente, nous prévoyons une atténuation auxÉtats-Unis pour le total annuel de 2018.
Les ventes mondiales ont crû à un bon rythme au début de l’année 2018, notamment grâce aux performances des États-Unis et aux gains élevés des économies émergentes. Mais tout n’est pas parfait. La menace d’augmenter le protectionnisme américain semble avoir perturbé le marché chinois, et les achats de véhicules au Brésil et en Argentine ont ralenti ces derniers mois en raison de la perte du dynamisme économique.
Les ventes de véhicules en Europe centrale sont divisées. On assiste à une croissance robuste en France, en Allemagne et en Espagne, alors qu’au Royaume-Uni et en Italie, où l’incertitude politique mine la confiance des ménages, les ventes diminuent.
Barrières tarifaires toujours présentes
Vers la fin juillet, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a annoncé avec le président Trump que les États-Unis et l’Union européenne (UE) vont reporter l’imposition des tarifs d’importation additionnels, notamment sur les véhicules, car on souhaite en arriver à un commerce réciproque plus libre. Cela n’indique toutefois pas le début officiel des négociations commerciales et n’annule pas les tarifs déjà en vigueur sur les produits de l’acier et de l’aluminium, ni les mesures de représailles rattachées. Les importations américaines ont ciblé l’UE en raison d’un taux NFP de 10 % que l’Europe prélève sur les importations automobiles des pays avec lesquelles elle n’a pas d’accord de libre-échange.
L’an dernier, les États-Unis ont exporté plus de 250 000 véhicules en UE, mais environ 1,2 million d’unités ont fait le trajet inverse. Le tarif actuel est de 2,5 %, mais s’il gonfle jusqu’à 25 %, conformément aux menaces proférées. Audi, BMW et Daimler subiront alors un dur revers dans le marché automobile américain. Entre les deux tiers et les trois quarts de leurs ventes d’unités en territoire américain proviennent d’ailleurs qu’en Amérique du Nord. Volkswagen fait exception : 63 % de ses véhicules vendus aux États-Unis sont assemblés au Mexique, ce qui atténuerait les répercussions si les tarifs ne sont pas imposés aux partenaires des États-Unis dans l’ALÉNA.
Activité inhabituelle dans les parcs
Au cours des six premiers mois de 2018, l’augmentation des ventes en Ontario et au Québec (à un degré moindre) a aidé à compenser le contraste dont nous avons été témoins dans les provinces de l’Ouest. Les ventes automobiles en Ontario ont augmenté de 1,9 % par rapport à l’an dernier et le taux d’emploi, de 2,2 % en juin. Toutefois, en Colombie-Britannique, on a ralenti le rythme de dépense au cours de la même période en raison d’un ralentissement des marchés du travail. Les ventes automobiles ont donc chuté de 2,5 %. La Saskatchewan et l’Alberta, qui ont affiché des chiffres élevés en 2017 en raison du prix des marchandises suivant les feux incontrôlés à Fort McMurray, ont connu une diminution des ventes dans la première moitié de 2018 de 10,3 % et de 3,2 % par rapport à l’an dernier, respectivement.
Jusqu’à maintenant en 2018, les ventes pour les parcs automobiles ont compensé le déclin des volumes de vente au détail au Canada, même s’il n’y a finalement qu’un maître du jeu. Jusqu’à maintenant, le Manitoba a connu une hausse anormale de 225 % par rapport à l’an dernier, dont pratiquement tous les gains concernent un seul constructeur automobile. En retirant le Manitoba de l’équation, on obtient une baisse de 3,2 % des ventes pour les parcs automobiles au pays. Nous devons attendre de voir comment ce secteur s’en sortira pour le reste de l’année.
En dépit du marché affaibli, les nouvelles ne sont pas mauvaises. Nous espérons toujours un deuxième meilleur score pour 2018 et nous anticipons des ventes de 2 millions, soit près des 2,04 millions de l’an dernier.