Ford annonce la disparition des voitures.
Lors de l’annonce des résultats du premier trimestre 2018 de Ford Motor Company le 25 avril, une nouvelle a instantanément fait la une d’à peu près tous les sites Web consacrés à l’industrie automobile, en plus d’être relayée dans les principaux médias canadiens et américains. Ford a en effet révélé sa décision de cesser la fabrication de voitures, à l’exception de la vénérable Mustang et d’un nouveau multisegment inspiré de la Focus.
Pour certains, il est difficile d’imaginer que l’entreprise ayant jeté les bases de la production de masse de voitures se retire pour se concentrer sur les camions et les VUS. Voici la déclaration officielle :
« Compte tenu de la baisse de la demande des consommateurs et de la rentabilité des produits, l’entreprise n’investira pas dans les prochaines générations de berlines Ford traditionnelles pour l’Amérique du Nord. Au cours des prochaines années, le portfolio automobile de Ford en Amérique du Nord sera composé de deux véhicules – la célèbre Mustang et le tout nouveau multisegment Focus Active, qui sera lancé l’an prochain. » (Tiré du communiqué de presse annonçant les résultats financiers de Ford pour le premier trimestre de 2018.)
En janvier, j’écrivais un article intitulé Entre VUS, multisegments et berlines… La mort de la voiture, mais je dois admettre que je ne m’attendais pas à un revirement ou à une annonce en ce sens aussi rapidement !
Évolution radicale du marché
Si vous prenez du recul et regardez la situation objectivement, cette annonce de Ford n’est pas si surprenante. Ford a rapidement effectué des changements dans son portfolio puisqu’elle a connu un grand succès dans le segment des VUS, multisegments et camionnettes. En moins de dix ans, les ventes totales de voitures chez Ford du Canada sont passées de 24 à 12 %. La baisse est vraiment dramatique.
D’une certaine façon, il est malheureux que ces produits soient remisés pour toujours. Mes récentes expériences au volant de voitures Ford m’amènent à conclure qu’elles sont meilleures qu’elles ne l’ont jamais été. Les voitures en question, la Fiesta, la Fusion et la Focus sont des véhicules solides et très compétitifs. Seule la Taurus pouvait être considérée un peu vieillotte. En résumé, ce n’est pas que les produits ne sont pas compétitifs ; ce qui a causé leur disparition, c’est que les consommateurs préfèrent acheter n’importe quel véhicule plutôt qu’une berline.
Affronter la réalité
Ford est évidemment en affaires pour générer des profits et doit rendre des comptes à une multitude d’investisseurs. Il n’est pas logique d’investir d’importantes sommes en recherche et développemen, ainsi qu’en fabrication, dans de nouveaux produits automobiles qui sont susceptibles de connaître, au mieux, un succès marginal. Après tout, les consommateurs canadiens achètent déjà des VUS et des camionnettes Ford 88 % du temps. Dans son communiqué de presse, Ford indique qu’il croit que ses ventes totales de voitures en Amérique du Nord ne seront que de 10 % d’ici 2020.
Tendance de l’industrie
Ford n’est pas le premier constructeur à faire ce type d’annonce. En 2016, Fiat Chrysler a cessé de fabriquer la Dodge Dart et la Chrysler 200, exprimant le désir de passer à des VUS, qui sont des produits plus lucratifs.
Il sera intéressant de voir ce qui arrivera aux Charger, Challenger et 300 au fur et à mesure que ces produits avanceront en âge. Au moment où j’écris cet article, GM a annoncé la fin de la berline Cadillac ATS, car l’ATS et la CTS seraient désormais combinées dans une autre berline. Les victimes du progrès s’accumulent, du moins les trois marques de Detroit.
Ford cède-t-il ainsi des parts de marché à ses concurrents ? Oui, probablement. Cependant, telle une pointe de tarte, ce cadeau risque de rétrécir au fur à mesure que l’intérêt des consommateurs pour les berlines diminue. D’un point de vue commercial, je crois qu’il s’agit d’une décision judicieuse de la part de Ford. L’un des échecs fréquents dans notre industrie est de favoriser le volume au détriment des ventes rentables. Dans ce cas, Ford semble en avance sur ses pairs.
Conséquences sur les valeurs résiduelles
Chez Canadian Black Book, nous nous intéressons grandement à l’impact que cette annonce pourrait avoir sur les ventes de Ford, aujourd’hui et dans l’avenir. La réponse, en termes simples, est qu’elle n’influencera probablement pas les valeurs futures. Lorsque nous examinons les valeurs des Dodge Dart et Chrysler 200 avant et après l’avis d’annulation, il n’y a pas de baisse de valeur perceptible. Certes, il y a une dépréciation constante, mais pas de grands écarts marqués par ces annonces. D’un point de vue pratique, les berlines Ford continueront d’être soutenues par leur réseau de concessionnaires, et les pièces de remplacement seront disponibles pendant de nombreuses années. Il ne s’agit donc pas d’une situation où Ford disparaît complètement, mais simplement d’un changement de garde.
En fait, tout cela peut être bénéfique en ce qui concerne la valeur des véhicules. Il n’y aura pas de nouveaux véhicules pour concurrencer les véhicules d’occasion. Et la fin de la fabrication de ces modèles limite considérablement l’offre.
Si vous appréciez les voitures de performance « sleeper », vous devriez rapidement vous procurer une Ford Fusion Sport, parce qu’il s’agit vraiment d’une berline performante. Dans le même ordre d’idées, si vous êtes un collectionneur de voitures en herbe, songez à mettre la main sur une Ford Focus RS (de couleur Nitrous Blue, bien sûr). Mais faites vite, car cette offre est vraiment de durée limitée !