Les ouragans Harvey et Irma auront un impact sur le marché automobile canadien, mais pour un temps limité seulement.
Le mois dernier, dans le cadre de cette chronique, j’ai abordé la hausse des taux d’intérêt et l’impressionnante montée du dollar canadien, qui avait dépassé la barre du 0,80 $. Ce mois-ci, notre dollar a reculé sous ce seuil. Avec des rumeurs faisant état de nouvelles hausses des taux d’intérêt, le dollar devrait cependant retrouver de la force.
Il est à noter qu’en raison de la hausse des taux d’intérêt et du raffermissement du dollar, l’équipe de Canadian Black Book s’attend à une forte pression à la baisse sur les prix de gros et, en fin de compte, sur les véhicules d’occasion. Cette situation est principalement attribuable à l’exportation de véhicules canadiens rendue possible par la baisse du dollar canadien et la baisse des prix canadiens au cours des dernières années.
Un dollar canadien plus élevé signifie que les voitures d’occasion canadiennes sont moins attrayantes pour les exportateurs américains. Le résultat? Une baisse de la demande et une baisse des prix au fur et à mesure que ces exportations ralentiront.
L’effet des ouragans
Tout ceci semble relativement simple, mais c’était avant que la saison des ouragans 2017 ne frappe nos voisins de plein fouet. Les ouragans Harvey et Irma étaient tous deux des monstres de la nature incroyablement destructeurs. Irma était la plus forte tempête de l’Atlantique, à l’extérieur du golfe du Mexique ou de la mer des Caraïbes. Harvey a quant à lui entraîné plus de 1,6 mètre de pluie au Texas, soit le plus haut taux de précipitations jamais enregistré aux États-Unis pour une tempête tropicale. Les pertes en vies humaines et les dommages sont horribles et le nettoyage durera de nombreuses années.
Lorsque des tempêtes massives comme celles-ci touchent terre, l’une des nombreuses conséquences est la destruction à grande échelle de véhicules de toutes sortes. Les dommages sont généralement causés par des inondations, des vents violents ou des débris volants. Les compagnies d’assurance et les propriétaires de véhicules sont toujours plongés dans les réclamations et déploient des efforts pour réparer ou remplacer les véhicules endommagés. À ce stade, il est très difficile d’avoir une idée précise du nombre de véhicules réellement détruits.
Si l’ouragan Harvey voulait détruire des voitures, il n’aurait pas pu choisir une meilleure cible que la ville de Houston, au Texas. Houston est une zone métropolitaine tentaculaire avec un taux élevé de propriété de véhicule. Le comté de Harris (où se trouve Houston) possède à lui seul 3,6 millions de véhicules immatriculés. Pour mettre ces chiffres en perspective, il s’agit du dixième du nombre de voitures immatriculées au Canada, proche du nombre de véhicules enregistrés dans toute la Colombie-Britannique. Un ménage moyen à Houston possède généralement 2 voitures.
Les estimations initiales du nombre de véhicules détruits demeurent imprécises. Il a été rapporté qu’à lui seul, Harvey aurait détruit entre 500 000 et 1 000 000 voitures. Puisqu’aucun ordre d’évacuation n’avait été donné, de nombreuses voitures étaient simplement stationnées dans les entrées pendant le pic de la tempête. Les véhicules stationnés dans des zones particulièrement basses ont fort probablement rendu l’âme. Les voitures modernes, avec leurs diverses composantes électroniques et dispositifs assistés par ordinateur, ne sont généralement pas très compatibles avec les eaux de crue.
Seulement 15 jours après le passage d’Harvey, l’ouragan Irma a jeté son dévolu sur la Floride. L’histoire est similaire là-bas, et on estime qu’Irma y a détruit entre 200 000 et 400 000 véhicules.
Il faudra plusieurs mois aux experts en sinistres pour évaluer chaque véhicule et déterminer ceux qui peuvent être réparés et ceux qui sont une perte totale. Vu la quantité d’inondations et la hauteur des eaux, il n’y aura vraisemblablement pas beaucoup de survivants. Selon JPMorgan, les dommages causés par Irma sont de l’ordre de 20 à 40 milliards de dollars.
Le rôle du Canada
Qu’est-ce que tout cela a à voir avec l’industrie automobile canadienne? Plusieurs choses. Il est important de noter que, avant la saison des ouragans, les prix sur le marché américain étaient en baisse, ce qui a diminué l’intérêt de venir au Canada pour faire de bonnes affaires.
Mes collègues du Black Book aux États-Unis ont observé que les prix ont baissé de façon constante cette année, d’un mois à l’autre, en moyenne de près de 5 % jusqu’à maintenant. Une grande partie de cela a à voir avec un boom de l’offre américaine. Les retours de location devraient engendrer environ un demi-million de véhicules de plus cette année aux États-Unis par rapport à l’année dernière, et la tendance devrait se poursuivre l’année prochaine.
Si les ouragans n’avaient pas été si destructeurs, une tendance à la baisse des prix canadiens aurait était attendue. Avec facilement plus d’un million de voitures susceptibles d’être remisées aux États-Unis, le Canada devient une source d’approvisionnement de choix pour remplacer tous ces véhicules.
Cet énorme pic de la demande dans un très court laps de temps devrait entraîner une hausse temporaire des prix à l’échelle nationale. Nous nous attendons cependant à ce que ce soit un phénomène de courte durée, qui devrait s’atténuer après quelques mois.
Les ouragans ont créé, de façon plutôt brutale, une protection tarifaire temporaire pour les véhicules d’occasion canadiens, mais cela ne durera pas longtemps. Pour ceux d’entre vous qui achètent des voitures, méfiez-vous de tout véhicule enregistré en Floride ou au Texas. Soyez des acheteurs avertis!