La Maison-Blanche pourrait peaufiner l’ALENA et non pas le remanier.
Malgré l’accélération des ventes mondiales d’automobiles, l’incertitude plane au Canada alors que l’administration Trump continue d’envisager la renégociation de l’ALENA.
En dépit des menaces visant à réviser l’ensemble de l’accord, les changements serviront probablement à le peaufiner. En Amérique du Nord, le secteur de la construction automobile est devenu très intégré au cours des dernières décennies, ce qui lui a permis de se surpasser sur le plan mondial.
Pour avoir une idée plus précise de cette intégration, plus de 92 % de tous les envois effectués dans l’industrie automobile à partir des É.-U. demeurent au pays ou sont acheminés au Canada ou au Mexique. Ceci représente une augmentation des envois au sein de l’ALENA, comparativement à 89 % il y a une décennie, et près de 10 points de pourcentage de plus que dans d’autres secteurs manufacturiers.
Huit passages transfrontaliers
Les pièces et les composants automobiles produits sur le territoire de l’ALENA traversent jusqu’à huit fois les frontières des pays membres avant d’être installés dans un produit d’assemblage final dans l’un des trois pays.
Pour cette raison, toute nouvelle restriction concernant la libre circulation des véhicules et des pièces entre les trois pays aurait un impact négatif sur leur activité économique. Cette chaîne d’approvisionnement nord-américaine de l’automobile hautement intégrée a favorisé une croissance de l’emploi dans l’industrie automobile aux É.-U. de près de 6 % par an au cours de l’expansion économique actuelle. C’est plus de cinq fois la croissance de l’emploi pour l’ensemble de l’industrie manufacturière et trois fois le rythme des gains d’emploi aux États-Unis pour cette période.
Un tiers des pièces automobiles fabriquées aux États-Unis est expédié au Mexique. C’était moins de 5 % lors de l’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994. Aux É.-U., l’ensemble des expéditions de l’industrie automobile vers le Mexique a augmenté de 7 % annuellement au cours des 23 dernières années, soit près du double de ce qu’elle exporte dans le reste du monde. Comme le Mexique a de nombreuses ententes bilatérales en dehors de l’ALENA, un certain nombre de constructeurs automobiles y ont établi de nouvelles usines, pour profiter des exportations libres de droits tarifaires dans plus de 40 pays.
L’argument initial de l’Administration soutient que l’importation de voitures du Mexique et du Canada influe sur l’emploi aux États-Unis. En réalité, la libre circulation des pièces a contribué au succès de l’industrie.
La refonte de l’ALENA pourrait nuire à l’Amérique
L’inquiétude des concessionnaires concerne le bris de cette intégration ou l’instauration de barrières qui entraîneraient inévitablement un ralentissement de l’activité économique. Nous croyons que l’intégration de l’industrie dans ces trois pays est si étendue et enracinée que toute tentative de l’administration Trump visant à créer des barrières commerciales aurait également des conséquences négatives sur l’économie américaine. Les changements devraient donc être minimes contrairement à la refonte majeure tant redoutée.
L’industrie est également forte au nord de la frontière. Tout comme aux É.-U., l’augmentation du taux d’emploi dans l’industrie automobile canadienne s’est élevée à 3 % par année alors qu’elle était un peu plus lente pour l’ensemble des autres secteurs manufacturiers. Le succès et l’intégration dans l’industrie automobile ont continué de stimuler l’emploi à un rythme beaucoup plus rapide que dans l’ensemble des secteurs manufacturiers ou de compenser les pertes d’emplois dans d’autres secteurs manufacturiers, particulièrement au Canada.
Le Canada continue de surprendre
Au Canada, les chiffres de vente pour mars continuent de surprendre, puisqu’ils ont fait un bond de 7 % par rapport à l’année précédente. Au cours du premier trimestre, le rythme annualisé des ventes était en moyenne de 2,1 millions, bien au-dessus du 1,95 million enregistré l’année précédente. Nous maintenons des niveaux de vente nettement supérieurs aux prévisions et si le rythme se maintient, nous pourrions connaître une autre année record.
Nous croyons que cela est dû à l’effet de richesse, au fait que les ventes de véhicules de luxe continuent d’avancer à un rythme supérieur à 10 %. De plus, les taux de vente dans les Prairies ont connu une hausse significative, plus précisément en Alberta et en Saskatchewan, des provinces particulièrement faibles l’année dernière.
La reprise des achats commerciaux constitue un autre facteur. Les ventes aux parcs de véhicules, en baisse l’année dernière, reprennent au Canada. La situation est différente aux É.-U., où elles demeurent très faibles. Les ventes aux particuliers sont en hausse, mais les volumes pour les parcs des trois grands constructeurs américains ont diminué de 14 % comparativement à l’année précédente. Aux États-Unis, l’ensemble des ventes de véhicules a chuté pour atteindre 16,6 millions d’unités annualisées en mars, le rythme de vente le plus faible de la dernière année et bien en deçà des attentes.
Les volumes mondiaux continuent également de prendre de l’ampleur, surtout en Asie, qui est maintenant de retour sur le chemin de la croissance à deux chiffres dans les ventes de véhicules. Les craintes étaient de voir une diminution en Chine après l’augmentation des taxes sur les petits véhicules dotés d’un moteur de 1,6 litre ou moins en vigueur en janvier 2017, mais il semble que les constructeurs et les concessionnaires offrent des mesures incitatives, et l’Asie a connu une augmentation de 16 % d’une année sur l’autre en février.
Dans l’ensemble, en dépit du ralentissement aux É.-U., les pays membres de l’ALENA maintiennent leurs calendriers de production et envisagent toujours d’atteindre des ventes records annualisées de 18,5 millions d’unités d’avril à juin.