Malgré l’état de la scène politique mondiale, l’industrie automobile se porte bien, et des records de production sont envisagés pour l’été qui s’achève.
Une fois de plus, malgré les manchettes plutôt sombres à travers le monde, les nouvelles sont tout de même positives pour l’industrie automobile. Bien que les ventes canadiennes aient légèrement baissé en juillet au niveau mondial, elles continuent de surfer sur la vague de gains entamée en septembre dernier.
À la fin du mois de juin, le référendum anglais Brexit a créé une vague d’inquiétude quant à un éventuel ralentissement de la croissance économique au Royaume-Uni comme ailleurs dans le monde. Cette crainte pouvait être justifiée par un léger ralentissement économique et une baisse des taux dans ce pays, mais de façon générale, il y a peu de raisons de craindre le désastre annoncé. Au contraire, les ventes mondiales ont plutôt augmenté.
Nous prévoyons même une hausse de production dans la plupart des régions du monde dans la deuxième moitié de 2016. L’Amérique du Nord mène le bal avec une production record prévue pour les mois de juillet à septembre. Si ces prévisions se concrétisent, il s’agira d’un trimestre record pour l’assemblage de véhicules.
Moins de vacances, plus de véhicules
Ce résultat est principalement attribuable à des changements d’horaire, car deux des trois principaux constructeurs de Detroit ont réduit la durée de leurs vacances estivales. En effet, huit usines du Canada, des États-Unis et du Mexique ont arrêté leurs opérations pendant une seule semaine. Cinq autres usines ne prévoyaient aucune interruption durant l’été.
Les constructeurs doivent fabriquer davantage de véhicules pour renflouer l’inventaire des concessionnaires, qui est revenu à un niveau normal en mai. En sol américain, la durée de stockage des concessionnaires est de 61 jours, alors que la norme dans l‘industrie est de 65 jours. Plus tôt cette année, la durée de stockage a atteint 79 jours.
Cette augmentation de la production de véhicules contribuera à la croissance du PIB en Amérique du Nord, et, plus spécifiquement, la hausse provenant du secteur automobile serait la plus importante depuis plus d’un an. Et bien que les ventes de véhicules aient légèrement diminué en juillet, la majorité de la production canadienne est envoyée aux États-Unis. Parlant de nos voisins du Sud, leurs ventes de véhicules ont atteint leur plus haut sommet en huit mois. Puisque leurs ventes ont une influence directe sur la production canadienne, il s’agit d’une très bonne nouvelle pour notre secteur manufacturier automobile. En Ontario, le secteur automobile compte pour 40 % de l’exportation manufacturière. Et bien sûr, ces ventes records démontrent que les consommateurs américains sont en bonne position.
Aux États-Unis, l’assemblage d’automobiles risque d’atteindre un taux annualisé de 12,8 millions d’unités dans le troisième trimestre de 2016. Il s’agit du meilleur résultat depuis le début des années 2000, et d’une hausse de 4 % par rapport aux 12,3 millions de véhicules produits en 2015. Cette montée devrait ajouter 0,5 % à la croissance économique américaine durant le troisième trimestre de 2016, soit la plus importante hausse depuis plus d’un an et un revirement brusque comparativement à la baisse de 0,4 % estimée durant les derniers trimestres.
Les camions légers ont la cote
La croissance américaine est entièrement reliée à la vente de camions légers, ce qui témoigne de l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les habitudes d’achat des consommateurs. Nous notons une préférence marquée pour les véhicules utilitaires multisegments, et en mai dernier, les ventes de camions légers en sols canadien et américain ont augmenté de 9 % par rapport à 2015. Pendant la même période, les ventes de voitures ont chuté de 8 %.
Le Mexique verra également sa production monter, avec une hausse estimée à 5 % pour le troisième trimestre, comparativement à l’an dernier. Cette hausse s’explique par l’ouverture d’une nouvelle usine à Nuevo Leon et au redémarrage d’une usine d’assemblage à Toluca, qui avait mis ses opérations en veilleuse pour moderniser ses équipements.
De façon générale, nous estimons que le taux de production annualisé atteindra 18,9 millions cet été pour les trois pays d’Amérique du Nord. Ce taux était estimé à 17,9 millions entre les mois de janvier et mai.
Force en Europe et en Asie
De l’autre côté de l’océan, les usines allemandes et espagnoles ont vu leurs carnets de commandes pour de nouveaux véhicules grimper à des sommets inégalés en cinq ans. Cette situation viendra stimuler l’activité économie de l’Europe de l’Ouest au cours des prochains mois, mais si l’on se fie à la modération observée dans d’autres industries, cette impressionnante reprise ne durera pas. Une augmentation de la production est également observée en Asie, où les ventes en Chine ont dépassé la cadence de production. En effet, l’inventaire des constructeurs a baissé à seulement 1,4 mois d’approvisionnement à la fin mai, tandis qu’il était de 1,7 mois l’an dernier, après avoir connu une pointe de près de deux mois au début de 2015. Les réseaux de concessionnaires ont également pris de l’expansion dans le Nord et l’Ouest de la Chine, et les prix des véhicules sont demeurés stables.
La Thaïlande connaît elle aussi un regain de production, avec une hausse de 25 % en mai par rapport à l’an dernier, soit sa plus forte hausse en plus de deux ans. Pendant ce temps, l’Indonésie, l’Inde et même la Russie connaissent également des hausses, ou du moins une stabilisation de leur production.
En résumé, malgré le climat politique incertain, notre industrie se porte assez bien.