La plus récente édition de l’Annuaire de l’industrie canadienne de l’automobile de l’AIA trace un portrait très détaillé de la santé de ce secteur du marché secondaire.
La troisième édition de cet annuaire, préparée par Desrosiers Automotive Consultants, présente un portrait chiffré de la carrosserie au Canada et offre aussi une analyse provinciale de la situation. Le premier grand constat est que le nombre d’ateliers de carrosserie semble rester stable depuis les dernières années. Si le rapport mentionne l’existence de 5011 ateliers au Canada, comparativement à 5000 en 2013, ce chiffre inclut les ateliers de réparation de pare-brise, ce qui vient fausser le portrait. Selon Andrew Shepherd, directeur des programmes de l’industrie et référence en matière de carrosserie à l’AIA Canada, on s’entend davantage sur un total de 4000 ateliers consacrant leurs activités spécifiquement à la réparation de carrosserie.
« On retrouve quand même une stabilité surprenante, explique M. Shepherd, puisque nous entendons surtout parler de consolidation et de fermetures d’ateliers. Ce que le rapport n’indique pas toutefois, mais qui sont des données que nous recevons du marché, c’est que le nombre d’ateliers indépendants continue à s’éroder au profit des ateliers sous bannière. » Présentement, l’AIA estime qu’entre 60 et 70 % des repartions sont effectuées dans des ateliers sous bannière. Le secteur occupait l’an dernier 23 144 employés et représentait, selon les estimations, un volet économique d’environ 3,5 milliards de dollars pour l’ensemble du Canada.
Les 978 ateliers canadiens sondés par le CCIF et dont les résultats sont présentés dans cette étude affichent une croissance surprenante de leur chiffre d’affaires au cours des derniers mois. Les ateliers qui ont bien voulu répondre au sondage indiquent une croissance de l’ordre de 12 % en 2018 comparativement à l’année précédente.
Selon les chiffres de 2016, il y avait 25,6 millions de détenteurs de permis de conduire au Canada. À cette même date, 26,3 millions de véhicules légers étaient immatriculés. L’âge moyen de ces véhicules, incluant les voitures de tourisme et les camions légers (pick-up et VUS) atteignait au Canada 9,76 ans.
Une hausse de la valeur des réclamations
Un autre constat de ce rapport est l’augmentation de la valeur des réclamations. Globalement, au Canada, les réclamations liées à une collision atteignaient, en 2016, une valeur de 1,7 milliard de dollars. Les réclamations n’impliquant pas une collision, par exemple le feu, le vol, le vandalisme ou la grêle, représentaient une somme de 1,1 milliard de dollars. On constate une augmentation constante depuis les sept dernières années.
Plus précisément, en se basant sur des chiffres tirés de la base de données de Mitchell, la réclamation moyenne atteignait, au deuxième trimestre de 2018, 3 954 $, sur des véhicules dont la valeur moyenne était de 20 198 $. Selon M. Shepherd, la sévérité des collisions va poursuivre sur sa montée pour encore quelques années. Tous les systèmes électroniques à bord des véhicules — pensons uniquement à tout ce qui se cache derrière un couvert de pare-choc — et les processus de réparation plus complexes vont continuer à faire monter la facture. « L’effet des systèmes d’évitement et d’allègement des collisions ne se fait pas encore sentir, analyse Andrew Shepherd. Nous sommes à un point de bascule entre l’augmentation des coûts de réparation et la réduction du nombre de sinistres. » Il souligne qu’aujourd’hui une collision sur la partie avant de la voiture peut avoir un impact sur des systèmes complexes liés à la suspension ou aux sacs gonflables par exemple.
La répartition de travail de la main-d’oeuvre reste relativement stable. Ainsi, 40 % des heures facturées sont liées à la réparation, 34 % au remplacement de pièces et 26 % à la finition.
Une tendance vers la pièce d’origine
Les carrossiers ne seront pas surpris de lire qu’en date de la mi-année 2018, plus de 77 % des pièces utilisées lors de réparation d’une collision étaient des pièces d’origine. Les pièces du marché secondaire, à 15 % et les pièces recyclées, à 6 % complétaient la liste, avec le 1 % de pièces remanufacturées.
Selon M. Shepherd, la dominance des pièces d’origine ne s’essoufflera pas de si tôt. Les processus de réparation recommandés par les constructeurs font une belle place à ces pièces et les carrossiers n’ont d’autre choix, souvent, que de s’y conformer.
Le rapport offre des conclusions assez positives pour le secteur de la carrosserie.
Ainsi, il souligne que si la tendance vers une réduction du nombre de collisions est une réalité au cours des prochaines années, le coût des réparations lui va continuer à augmenter. Si les ateliers ont intérêt à garder un oeil sur ce phénomène à long terme, le moyen terme leur sera favorable.
Le portrait québécois
L’Annuaire 2019 de l’industrie canadienne de la carrosserie dénombre 1205 ateliers de carrosserie au Québec. Ici aussi, le chiffre englobe les centres de vitres d’auto.
On retrouve ici proportionnellement plus de voitures (57 %) que de camions légers (43 %). Selon les données de Mitchell, le taux horaire de main-d’oeuvre s’établissait à 54.20 $ de l’heure en 2017 comparativement à un taux de 58.05 $ en Ontario.
Il est intéressant de constater que la rémunération moyenne d’un employé en carrosserie se chiffre à 35 651 $, soit significativement sous la moyenne nationale, pour 2017, de 43 678 $.
Soulignons finalement que si l’âge moyen des véhicules a eu tendance à augmenter au Canada au cours des dernières années, le phénomène s’inverse au Québec, alors que l’âge moyen du parc est d’un peu plus de huit ans.
Il est possible d’obtenir la version complète de ce rapport à cette adresse : aiacanada.com/fr.
Toutes les données de ces tableaux sont tirées des résultats de la recherche de Desrosiers Automotives Consultants et de l’AIA Canada