Caroline Lacasse, directrice du CCIF et présidente du comité I-CAR Québec, connaît un parcours remarquable dans le domaine de la carrosserie. Nous lui avons demandé comment elle envisage l’avenir de ce secteur.
Rappelons qu’il y a 20 ans, Mme Lacasse était débosseleuse et peintre, à une époque pas si lointaine où l’on pouvait combiner les deux expertises. « Au fil du temps, le métier de carrossier s’est spécialisé. Chaque travailleur peut développer une expertise très pointue contribuant au maintien de la sécurité des occupants du véhicule en cas de deuxième impact. Plus que jamais, nous n’avons plus droit à l’erreur. »
La maîtrise technique
Elle constate à quel point le secteur est maintenant conditionné par les technologies. Une voiture neuve quittant la cour du concessionnaire peut être impliquée dans une collision et se retrouvera dans un de nos ateliers. « Il est essentiel d’être à jour quant aux technologies, aux techniques de réparation et aux standards des constructeurs. Les spécialistes doivent se former en continu. Ils doivent être curieux et vérifier les exigences manufacturières avant même d’entamer les réparations. »
Ceux qui ont eu l’occasion de rencontrer Mme Lacasse connaissent sa passion et son engagement envers la formation. Elle croit que les entreprises qui vont durer sont celles qui partagent cet engagement. Elle précise qu’on ne parle pas ici uniquement de formation technique, mais également de celle, sous diverses formes, qui permettra à tous les employés et gestionnaires de s’adapter.
Un gestionnaire qui sait encadrer et écouter les aspirations de son personnel aura un impact direct sur sa fidélisation et l’attrait de nouveaux talents.
Des mouvements de fond
Caroline Lacasse observe également la tendance lourde vers la multiplication de services automobiles sous un même toit. « Cela se combine à un vent de consolidation où plusieurs petits ateliers cèdent le pas à des centres de carrosserie plus grands ou à des propriétaires d’ateliers multiples. On ne peut taire non plus la réalité des ateliers de carrosserie qui diversifient leur offre par le remplacement de vitres d’auto ou des services de mécanique. Cette notion du point de service automobile unique risque de faire son chemin au cours des prochaines années. »
La rareté de la main-d’oeuvre affecte plusieurs secteurs de notre économie, et la carrosserie n’y échappe pas. « Il ne faut pas que réagir en période de crise, conseille Mme Lacasse. Si on parle de l’avenir de notre secteur, il faut penser à moyen et à long termes. Par exemple, il faut prévoir les départs à la retraite en investissant dans la relève et le transfert de connaissances. Je pense que les entreprises tournées vers l’avenir ont une stratégie, non seulement commerciale, mais aussi de gestion de leur équipe. »