En mai, j’ai eu la chance pour une seconde fois d’être juge en peinture automobile aux Olympiades québécoises des métiers ; certaines choses m’ont étonné.
Au moment où l’on dénonce de toutes parts le Québec en raison de son échec dans la formation de la relève – surtout en matière de métiers –, j’ai ainsi été au premier rang pour noter des lacunes communes et fondamentales.
Ce qui m’a surpris au cours des épreuves de six heures consistant à préparer et à peindre des pièces, est le fait que ces concurrents, parmi les meilleurs de nos écoles, ont démontré à quel point il y a un écart entre le DEP et la pratique.
Viser la norme
À part le fait qu’il n’y a pas d’uniformité dans l’enseignement de l’exécution des tâches, il estincompréhensible qu’ils n’aient apparemment aucune notion de productivité et de gestion des ces dernières.
Dans le métier, on n’a pas une journée pour effectuer une tâche de deux heures, et on ne peut attendre que la peinture sèche avant de passer à autre chose, comme j’ai eu tout le temps de le constater.
En initiant ces étudiants, on leur a sûrement accordé assez de temps pour effectuer les travaux comme il se doit, mais les a-t-on incités à augmenter le rythme au point d’atteindre la norme minimale que dépasse d’une fois et demie à deux fois un professionnel ?
Vue d’ensemble et planification
L’autre aspect, qui est en somme la clé même de la productivité du métier, est le sens de l’organisation ou, à tout le moins, la parfaite connaissance de la séquence des tâches et des procédures, de ce qui précède et de ce qui suit celle qu’on exécute.
L’impression qui m’est restée des deux périodes de six heures durant lesquelles j’ai observé les concurrents, c’est qu’ils ont été formés à la pièce, c’est-à-dire en leur assignant des tâches isolées, effectuées sans séquence. J’en ai également conclu qu’on ne les a probablement pas habitués, sinon insuffisamment, à exécuter une séquence de façon autonome, à avoir une idée précise de l’agencement des tâches et à être conscients de l’importance de bien les faire.
Prioritaire pour le DEP 2020 ?
Je n’ai aucun doute quant à leur talent et à leur enthousiasme pour le métier ; or, en fonction des exigences de la profession en matière de productivité, il est prioritaire de préparer les étudiantsen conséquence.
Comme la formation en carrosserie et en peinture est sur le point d’être réformée afin de correspondre à la magistrale évolution que connaît le métier depuis une décennie, on peut s’attendre à ce que ces aspects soient pris en compte au bénéfice de tous.
Les épreuves
Le défi consistait à réparer une égratignure, à peindre partiellement une aile et à peindre entièrement un pare-choc, cela en six heures.