Les différentes techniques de débosselage se raffinent ; il faut maintenant le faire savoir à la clientèle.
On ne voit pas encore le jour où une tempête de grêle pourra être entièrement gérée à l’interne par les ateliers de carrosserie. Ces derniers peuvent compter sur l’expertise d’artisans érudits du débosselage sans peinture, dont l’intervention peut être profitable à tout un chacun. Mais pour les plus petits travaux, avec ou même sans peinture, il existe aujourd’hui des solutions dont les ateliers pourraient avoir avantage à s’enquérir pour élargir leur offre de service.
Offrir le service
Comme l’affirme Rémi Michaud, spécialiste des opérations chez CARSTAR, le traitement des bosses, avec ou sans peinture, est un service laissé de côté par nombre d’ateliers de carrosserie. « Lorsqu’on propose aux clients de faire disparaître les bosses de leur voiture, le taux de réponse positive est d’environ 25 à 30 %. Les estimateurs ont souvent tendance à se décourager du taux de refus relativement élevé, mais il serait pourtant très profitable de le proposer systématiquement. »
Pour les travaux incluant l’étape en chambre de peinture, les techniques évoluent, notamment grâce à la méthode de débosselage avec colle. Selon Charles Aoun, propriétaire de l’entreprise Cam Auto Pro, avec les bons équipements, cette technique permet de traiter 80 % des bosses qui se présentent en atelier, en réduisant les risques d’abîmer la tôle et d’affecter le revêtement anticorrosion.
Dans tous les cas, l’opération reste délicate ; comme le souligne M. Michaud, la rigueur est de mise. « Il existe aussi un ensemble de contraintes reliées aux nouveaux matériaux comme l’aluminium et les aciers haute résistance. Il importe pour le technicien formé de se familiariser, de se pratiquer autant que possible et surtout de consulter les spécifications des constructeurs pour ainsi offrir un service de débosselage compétitif. »
L’art du « sans peinture »
Le débosselage sans peinture reste quant à lui un art de haut niveau dont la maîtrise appartient encore majoritairement aux entreprises spécialisées. « La plupart des petits et grands ateliers feront affaire avec un sous-traitant spécialisé pour ce type de travail, affirme M. Michaud. En 15 minutes, ce dernier obtiendra des résultats qu’un technicien peut atteindre en deux heures. »
Or, pour avoir lui-même dirigé un atelier comptant un technicien formé en la matière, M. Michaud affirme que certains ateliers à plus fort volume pourraient considérer d’ajouter cette corde à leur arc. « Les ateliers qui disposent de huit techniciens ou plus pourraient tirer avantage d’offrir un service de débosselage sans peinture pour certains dommages, indique-t-il. Si on s’aperçoit qu’on a recours à un sous-traitant trois ou quatre fois par semaine, il serait peut-être temps d’y penser. »
C’est ce qu’a fait Michel Véronneau, propriétaire de trois ateliers Fix Auto dans la région de Sherbrooke, dont certains techniciens ont été formés au débosselage sans peinture.
« C’est une très bonne chose d’avoir au moins un technicien qui est en mesure d’appliquer cette technique. Bien sûr, le volume à traiter est assez bas en ce moment, et les plus gros travaux sont confiés à un sous-traitant. Mais la tendance nous pousse à nous familiariser avec cette pratique », explique-t-il.
Selon lui, c’est essentiellement en publicisant ce service encore très méconnu du public que l’industrie et les ateliers qui la composent pourront développer cette spécialisation. « Le gros du travail, ce n’est pas uniquement de former un technicien ; c’est aussi de faire connaître ce service au public pour être en mesure d’avoir un volume qui justifie cette spécialisation.
« La demande a augmenté d’environ 20 % en deux ans, a-t-il aussi observé. C’est sûr qu’en ce moment, il est difficile pour un plus petit atelier de prendre le temps d’un technicien pour le former et l’affecter à ces travaux. Mais il serait souhaitable d’étudier cette option, puisqu’elle pourrait gagner en importance dans les prochaines années. »
Un art complexe
Pour l’instant, les ateliers intéressés doivent y mettre le temps et les efforts nécessaires, au risque de pertes d’heures et de gâchis à réparer, comme l’explique Marco Manicone, spécialiste de débosselage sans peinture. « Plusieurs techniciens moins expérimentés qui s’aventurent dans ce genre d’opération, en plus d’y consacrer beaucoup de temps, produisent souvent des craques dans la peinture qui les obligent, de toute façon, à entrer en chambre de peinture.
« En faisant appel à des sous-traitants comme nous, le technicien peut faire faire le travail sur-le-champ en peu de temps. Il n’a pas à offrir de voiture de courtoisie à son client ; en fin de compte, ça reste la solution la plus efficace et la plus économique, qui assure d’offrir le meilleur résultat », souligne-t-il.
« Si le volume est suffisant, ou si l’atelier se trouve par exemple en région éloignée et que les experts sous-traitants sont moins accessibles, il peut être souhaitable de former un technicien, soutient Rémi Michaud. Ça offre de nouvelles possibilités pour la vente et la qualité du travail. C’est avant tout une décision d’affaires qui demande des efforts, du talent et beaucoup de pratique. »