S’ils peuvent être reconnus par l’industrie, les modules électroniques récupérés pourraient bientôt représenter une part importante des activités commerciales des centres de recyclage.
L’immense cour arrière de Brassard Pièces d’autos, à Saint-Amable, pétille de pièces électroniques qui pourraient redonner vie à bon nombre de véhicules. Mais tant que l’industrie dans son ensemble ne reconnaîtra pas la valeur de ces modules récupérés, bon nombre de véhicules à haute technologie, à peine sortis de l’usine, prendront le chemin de l’abattoir.
Des pièces en abondance
Selon Steve Vallée, démonteur de véhicules depuis une trentaine d’années, le travail d’extraction des modules électroniques n’a pas beaucoup changé depuis leur introduction, dans les années 80. « Pour un expert, ces modules sont relativement faciles à retirer du véhicule. Ils sont alors en parfait état et peuvent remettre une voiture dans son état d’origine. »
La demande pour ces pièces se fait pourtant rare, les assureurs ne reconnaissant pas ces modules recyclés comme pièces de remplacement valables dans la remise en état d’un véhicule. « Dans bien des cas, pour un simple parechoc enfoncé, vu le prix des modules électroniques à remplacer, la voiture sera déclarée perte totale. On vend pourtant des modules en parfait état à 150 $, et la voiture peut être remise sur la route pour de nombreuses années », explique-t-il.
Le problème, selon Dany Rousseau, président de Brassard Pièces d’autos, c’est que l’industrie de la carrosserie n’est pas encore à la page des nouvelles technologies. « Bien que ces pièces soient à notre entière disposition, nous sommes tous mal équipés pour répondre à l’augmentation accrue de la demande de modules électroniques des dix dernières années », explique-t-il.
« Les garagistes indépendants, notre principale clientèle, fonctionnent souvent par essais et erreurs. Le technicien aura peut-être mal reprogrammé le module que nous lui avons vendu, ou a tout simplement commandé la mauvaise pièce parce qu’il a mal diagnostiqué la voiture au départ. Le module nous est alors retourné, et nous ne sommes pas en mesure de déterminer s’il est défectueux à cause des manoeuvres du technicien en atelier, ou s’il l’était déjà lorsque nous l’avons livré. »
Une certification pour l’avenir
C’est pourquoi l’Association des recycleurs de pièces d’autos et de camions (ARPAC) travaille depuis quelques mois à la mise sur pied d’un projet pilote de certification pour la récupération des modules électroniques. Ce projet vise à permettre aux recycleurs d’identifier et de retirer correctement les modules de la voiture à l’aide d’un analyseur.
« Une formation complète et reconnue comme le propose l’ARPAC viendrait assurer la rigueur des procédés et permettrait de prouver la qualité des modules électroniques retirés, souligne M. Rousseau. Nous aurions alors tout en main pour être reconnus et recommandés par les compagnies d’assurance, et ainsi évoluer avec les besoins du marché.
« On estime que s’ils représentent environ 10 % de nos ventes à l’heure actuelle, les modules électroniques récupérés pourraient représenter, à moyen terme, 20 à 30 % de nos ventes, résume-t-il. Les voitures d’aujourd’hui étant beaucoup plus fiables, la demande diminue pour les pièces de remplacement que nous récupérons. Or, l’industrie a un réel besoin de modules électroniques récupérés, et ce nouveau marché pourrait représenter l’avenir de nos activités. »