L’actualité prouve que les femmes relèvent de plus en plus de défis, y compris en carrosserie.

Si la mixité des écoles a finalement conduit chacun à pratiquer le métier ou la profession correspondant à ses goûts et à ses aptitudes, on ne peut qu’en bénéficier sur tous les plans.

À 30 ans, Stéphanie Bouchard, copropriétaire et directrice générale de deux ateliers, est de cette nouvelle génération qui a évolué sans être balisée par des stéréotypes ou des barrières sociales.

D’une génération à l’autre

La carrosserie fait partie de son environnement naturel depuis son plus jeune âge, soit l’époque où l’atelier de son père, situé à Jonquière, appartenait encore à son grand-père.

S’y étant initiée à l’administration par les comptes des fournisseurs et la paye, il allait de soi que Stéphanie fasse un baccalauréat en comptabilité et se joigne à l’entreprise au moment opportun.

Le grand virage s’est pris en 2010, alors qu’en devenant contrôleuse, elle a commencé à s’engager à tous les niveaux et à participer tant aux formations d’ordre administratif que technique.

De contrôleuse à propriétaire

L’année 2012 aura été déterminante, Stéphanie ayant eu l’occasion, par l’achat de Carrossier ProColor Arvida, d’en devenir propriétaire à parts égales avec son père, qui voulait une relève sérieuse.

Qu’elle ait alors été aux commandes d’un atelier de carrosserie à 26 ans sans être carrossière aurait pu laisser croire qu’il y avait là un brin de folie, mais, aux yeux de son père, Régis, il n’en était rien. Celui-ci lui ayant transmis tout son savoir en étant conscient de ses talents exceptionnels, la jeune femme a plongé tête première dans la gestion de l’entreprise et la connaissance de tous ses rouages.

Un travail acharné

Convaincus l’un et l’autre qu’à ce niveau, il ne peut y avoir de vraie relève sans maîtriser l’estimation, Régis Bouchard a initié Stéphanie à celle-ci et amorcé du coup une intensive période de formation.

Il aura suffi de traiter ensemble quelques dossiers pour qu’elle comprenne que l’estimation est la pierre angulaire de la rentabilité, et qu’elle se fixe l’objectif d’en maîtriser au plus tôt tous les aspects.

Ce fut à son avis le plus grand défi de sa vie ; elle affirme que s’il s’agit de sa plus grande réussite, la première année en aura été marquée de hauts, de bas, de découragement, mais surtout de fierté.

Accueil et humour

En matière de relations avec la clientèle, Stéphanie est appréciée en raison de son énergie, de son entregent, de son humour et de son étonnante facilité à vulgariser.

Quant à sa flamboyante personnalité et son engagement communautaire, elle lui vaut une solide réputation dans son milieu et une clientèle fidèle qui lui accorde toute sa confiance.

Contexte difficile

Si Stéphanie a gagné l’entier soutien d’une équipe qui a collaboré à son évolution et qui participe par son expertise et son engagement à mener l’entreprise au sommet, il y a une ombre au tableau. Tout n’est pas si rose pour la jeune femme, puisqu’elle voit se profiler à l’horizon l’énorme défi de remplacer d’ici cinq ans près de la moitié de ses employés en raison de l’âge de la retraite.

Même si elle représente au Saguenay la grande porte d’accueil des stagiaires en carrosserie du centre de formation professionnelle de Chicoutimi, appelé CFEM, elle est encore loin de la solution.

Stéphanie déplore que le programme de carrosserie ne soit pas suffisamment adapté aux pratiques du métier et aux nouvelles technologies, souhaitant que les élèves en soient plus informés.

Prochaines cartes

Bien que très satisfaite d’un chiffre d’affaires qui a presque triplé en cinq ans, Stéphanie Bouchard compte le décupler par les certifications des constructeurs automobiles qu’elle a dans la mire.