Éliminer les entraves à la vente de pièces d’origine.
Depuis l’avènement des systèmes logiciels permettant aux fabricants d’équipement d’origine (FÉO) de concurrencer les pièces similaires ou recyclées, les prix s’alignent comme jamais auparavant.
« Les FÉO offrent aux revendeurs des prix si concurrentiels que les ateliers de carrosserie peuvent désormais se procurer leurs produits plutôt que les pièces similaires ou recyclées, fait remarquer Jeff Toom, analyste commercial principal chez OE Connection. Les revendeurs peuvent maintenant vendre les pièces à prix préférentiel. »
En fait, les FÉO offrent même des remboursements en argent aux concessions pour les aider à vendre les pièces à prix inférieur. « La décision d’achat revient aux ateliers de carrosserie, souligne l’analyste. Les FÉO ont un budget de commercialisation qui leur permet d’être aussi concurrentiels qu’ils le souhaitent. »
Selon lui, rien n’empêche les FÉO d’avoir accès aux programmes de pièces. « Le principal obstacle à l’utilisation de pièces d’origine est l’exigence des assureurs de limiter les coûts », dit-il.
Grâce à CollisionLink, le logiciel conçu par OE Connection qui permet aux revendeurs de concurrencer les pièces similaires ou recyclées, les ateliers peuvent désormais utiliser des pièces d’origine sans qu’il en coûte un sou de plus aux assureurs. « Le propriétaire du véhicule obtient une réparation de meilleure qualité comportant davantage de pièces d’origine, et l’assureur maintient ses coûts de réparation à un faible niveau. »
« Avec des solutions logicielles telles que OE Connect et Progi, les ateliers peuvent aujourd’hui installer plus de pièces d’origine, convient Mike Anderson, président de Collision Advice. Auparavant, les FÉO n’avaient pas la possibilité d’offrir une pièce correspondante puisqu’ils n’avaient pas accès aux devis d’estimation. Ça n’est plus le cas maintenant. »
Aux États-Unis, certains constructeurs ont commencé à surveiller le rendement de leurs ateliers certifiés. « Certains FÉO ont mis au point des cartes de pointage, ce qui pourrait se répercuter sur le choix des pièces », prédit Mike Anderson.
L’expérience de la marque
Dans la foulée, les FÉO s’affairent à étendre leurs réseaux d’ateliers certifiés. « Ils consultent les ateliers pour savoir quels types de pièces doivent être rapidement disponibles en temps réel, selon la fréquence des accidents, dit-il. À l’aide d’algorithmes, ils peuvent déterminer quelles pièces doivent être stockées à différentes périodes de l’année. Par exemple, s’il est établi que l’automne compte un nombre plus élevé de collisions avec des chevreuils, et sachant quelles parties des véhicules sont particulièrement touchées par ces collisions, les FÉO sauront quelles pièces ils doivent stocker en plus grand nombre, et quand. »
Les symboles servant à identifier les pièces non récupérables dans les directives de réparation varient d’un FÉO à l’autre. « Pour certains, il s’agira d’un cercle bordant un point de couleur, alors que pour d’autres, ce sera un cercle à demi coloré traversé d’une ligne diagonale, explique-t-il. Il n’y a aucune uniformité. » Conscients de cet état de fait, les FÉO procéderont à une standardisation de certains symboles, ce qui facilitera la tâche des estimateurs.
Les résultats d’un sondage mené par Fiat Chrysler Automobiles auprès de ses clients révèlent que 60 pour cent de ceux qui se sont dits insatisfaits du travail effectué par un atelier de carrosserie – une couleur mal agencée sur un parechoc, par exemple – n’éprouvaient plus le même sentiment envers leur véhicule et l’avaient vendu moins d’un an après. En outre, 63 pour cent de ces clients auraient acheté une autre marque de véhicule.
« Cela a grandement inquiété les FÉO, qui veulent avant tout protéger leur marque », souligne Mike Anderson. Voilà qui vient justifier encore davantage leur volonté de surveiller leurs ateliers, car ils veulent que leurs clients bénéficient tous d’une expérience optimale de la marque.
Équipes de lancement
John Eason, directeur du service et du marketing des pièces chez Mopar Canada, ne croit pas à l’incidence des programmes de certification sur l’approvisionnement en pièces. « Nous tentons toujours de fournir les bonnes pièces aux revendeurs au moment où ils en ont besoin, dit-il. Notre programme de certification vise à offrir à nos clients un service incomparable. Nous voulons que le véhicule soit réparé rapidement et adéquatement ; nous ne voulons pas qu’il nous revienne. »
« L’exigence des assureurs de limiter les coûts constitue le principal obstacle à l’utilisation de pièces d’origine. » — Jeff Toom, analyste commercial principal, OE Connection
Selon lui, les équipes chargées du lancement des véhicules font l’impossible pour s’assurer qu’il y a suffisamment de pièces disponibles en tout temps. « Grâce à elles, si vous avez besoin d’une pièce pour un véhicule flambant neuf, vous l’aurez, dit-il. De plus, nos revendeurs offrent certains programmes de remises et de récompenses aux ateliers indépendants. Nous sommes tournés vers l’avenir et voulons élargir notre programme de certification, particulièrement auprès des ateliers indépendants. »
Un tel programme reposera sur la fidélisation aux produits et pourrait comporter certaines remises.
Pièces à vente restreinte
Jack Rozint, vice-président, Ventes et réparations courantes pour le Service des dommages matériels automobiles chez Mitchell International, constate l’existence d’un nombre croissant de pièces à vente restreinte. « Ce sont des pièces considérées par les FÉO si vitales à la performance du véhicule, voire à sa sécurité, que seuls les ateliers affiliés à une concession ou les ateliers certifiés sont autorisés à se les procurer. » Il s’agit par exemple de pièces à l’avant du véhicule et liées à la sécurité, et fabriquées de métaux spéciaux ou de composites.
« Leur coût fera sérieusement grimper la note des réparations, fait-il remarquer. Le coût plus élevé des réparations entraînera forcément une augmentation du coût d’assurance. Ce qui devient un obstacle pour les ventes de pièces d’origine. » Alors qu’ils conçoivent des véhicules plus rapides, plus légers, plus robustes et plus sécuritaires, les constructeurs contribuent du même coup à faire grimper les coûts de réparation. « Je ne crois pas que les souscripteurs aient suivi la tendance, affirme le vice-président. Les constructeurs veulent que leurs véhicules soient réparés correctement pour que l’expérience de leur marque soit agréable. Ils savent que c’est par l’entremise d’un réseau certifié qu’ils y arriveront, et par un contrôle serré des réparations. « Ils savent aussi qu’il n’y a pas suffisamment d’ateliers certifiés pour répondre à la demande. Il y aura donc une augmentation considérable du nombre d’ateliers certifiés au cours des cinq prochaines années – probablement entre trois et cinq mille d’ici trois à cinq ans. Le temps est probablement venu pour les ateliers indépendants d’envisager un programme de certification. »