Le projet pilote du 24-Juin alliant formation de base en Carrosserie et pratique en ateliers se terminait début février.
Cet article sur le déroulement du premier exercice d’alternance travail-études tenu par le Centre de formation professionnelle 24-Juin vise à attirer l’attention sur cette formule.
Bien que celle-ci, fondée sur la logique et une millénaire tradition européenne, soit promue depuis près de 20 ans, rares sont les écoles qui, de toute évidence, l’appliquent.
À Sherbrooke, c’est au printemps de 2015, en prévision de 2016, qu’on a décidé de s’y lancer en équipe sous la gouverne de l’enseignant Patrick Demers, le premier défi ayant été de joindre les ateliers.
Opération Ratissage
Comme le territoire du 24-Juin n’est rien de moins que l’ensemble de l’Estrie, la stratégie a d’abord été de dresser la liste complète de ces ateliers et de découvrir qu’il y en a plus de 130.
La seconde étape a consisté à convoquer leurs propriétaires au 24-Juin afin de leur faire part du détail du programme d’alternance travail-études, ou ATÉ, mais le tir a dû être corrigé.
« Puisqu’aucun carrossier n’avait le temps de venir nous rencontrer, nous nous sommes réservé un mois, à deux enseignants, pour aller leur présenter individuellement notre projet, dit Patrick.
Une récolte de 40 ateliers
« Résultat : nous avons été très impressionnés d’en compter plus de 40 qui étaient prêts à accueillir nos stagiaires et à les superviser durant 330 heures.
« Vu leur intérêt, il a été facile d’amorcer ce projet pilote en offrant la possibilité à notre quinzaine d’élèves de choisir un atelier et même jusqu’à 4 – un par stage – sans distinction d’allégeance ou de statut.
« Ils sont donc allés tant dans des ateliers de Granby, Magog, Lac-Mégantic et Wickham qu’à ceux de Sherbrooke, franchisés ou non aux couleurs de Fix Auto, CARSTAR ou CarrXpert.
Le rôle majeur des pros
« La formule de l’alternance travail-études diffère des programmes de stages de fin d’études, poursuit Patrick, en ce sens que les professionnels y ont un rôle beaucoup plus déterminant.
« Les carrossiers ont d’ailleurs été prévenus du temps à investir dans cette façon de préparer la relève à intégrer l’industrie, tant en supervision qu’en évaluation des stagiaires.
« Chaque carrossier consacre jusqu’à une heure par semaine, et plus, pour évaluer le stagiaire sur des points précis, avec l’assistance de son enseignant.
L’épreuve du feu
« On peut clairement affirmer que c’est de cette manière qu’on cerne avec précision l’ensemble des enjeux de cette forme d’apprentissage, qui déborde du seul aspect technique.
« L’alternance travail-études est en quelque sorte l’épreuve du feu par laquelle on finit toujours par savoir qui a le talent, qui a la bonne attitude, et qui, le cas échéant, est en situation d’incompatibilité.
« Après 150 heures de ce projet de 330 heures qui s’est terminé en février 2017, on avait déjà, à la rentrée de septembre dernier, un bon aperçu de ses retombées immédiates, ajoute Patrick.
Des stagiaires déterminés
« En juin, les commentaires de plusieurs élèves au sujet de cette formation-réalité, qui venaient de terminer ainsi leur première année de DEP, étaient déjà franchement positifs, sinon signifiants.
« Les mots clés de leur immersion dans le quotidien des ateliers, qui sont Amélioration, Autonomie, Confiance, Débrouillardise, Rapidité, Niveau supérieur et Perfectionnement, en témoignent.
« Nos échanges avec les carrossiers nous permettent de nous ajuster davantage à ce qu’est devenu le métier de carrossier. » — Patrick Demers
« Sur le plan pratique, c’est la découverte d’autres techniques, dont la fibre de verre et la soudure du plastique, le démontage extérieur et intérieur, et les astuces, qui les ont surtout emballés.
De nouveaux horizons
« Enfin, ce ne sont pas que les élèves qui bénéficient de cette formule d’immersion marquée en atelier ; comme enseignant, nous en profitons tout autant.
« Les quelque 200 visites que nous avons faites chez les carrossiers ont, il faut l’avouer, davantage élargi nos horizons à titre d’enseignants.
« Cette fréquence nous a donné le privilège d’être en constant contact avec les professionnels, et de nous tenir à niveau quant à l’avant-garde de l’évolution de la carrosserie, conclut Patrick. »
En Estrie, les ateliers comptent une quarantaine de carrossiers formés au 24-Juin; bon nombre d’entre eux font partie des équipes de Michel Véronneau, sous franchise Fix Auto.
Une réponse positive
À mi-chemin du projet du 24-Juin, des élèves affirmaient déjà que cette fenêtre sur les réalités du métier les avaient convaincus d’être sur la bonne voie, et les motivait davantage à obtenir leur DEP.
Encore boudée
Bien que la logique de la formule hybride de l’apprentissage par le compagnonnage soit promue depuis près de 20 ans, l’alternance travail-études est encore trop boudée par les écoles.
330 heures en atelier
Les 4 stages du programme d’alternance travail-études du 24-Juin, qui totalisent 330 heures en milieu de travail, font partie de la formation de 1590 heures menant au DEP en Carrosserie.
Chacun est précédé d’un nombre d’heures de cours qui correspond aux modules auxquels les objectifs réfèrent.
Stages | Volets | Heures de cours | Heures d’atelier | |
1 | Observation | Immersion en atelier Composantes des véhicules |
123 | 30 |
2 | Spécialisation | Débosselage Masticage Installation de pièces mécaniques Préparation de pièces Soudage Vitres et garnitures |
135 | 120 |
3 | Peinture | Apprêt Colorimétrie Revêtement Nettoyage |
236 | 90 |
4 | Débosselage | Soudage de déchirures Mesurage Sectionnement |
285 | 90 |